29 janv. 2019

Caroline Loeb : "Comme Sagan"

(c) Richard Schroeder
Forte du succès de son spectacle "Françoise par Sagan" (nommé aux Molières) avec lequel elle tourne depuis trois ans, Caroline Loeb s'est intéressée cette fois à une autre facette de l'écrivain: l'auteur de chansons pour Dalida, Juliette Gréco, Nana Mouskouri ou encore Mouloudji.
Avec l'album "Comme Sagan" dont elle fêtait la sortie, un peu avant l'heure, sur la scène du Grand Point Virgule, Caroline a donc revêtu son costume de chanteuse.
En l'occurrence, une longue robe noire et moulante qui donnait une touche glamour à la présentation de quelques extraits.
A l'évidence, les chansons de cet opus lui vont comme un gant ou plutôt comme de précieux bijoux, façonnés par quelques orfèvres du genre.
Outre des textes de Sagan comme "Sans vous aimer"  (musique de Michel Magne), "Maisons louées" (musique de Wladimir Anselme)  ou le marathonien "Bonjour New York" (musique de Jean-Louis Piérot), d'autres sont "inspirés" par des phrases ou la vie de l'écrivain qui, à tout juste 18 ans, a connu un fulgurant succès avec "Bonjour Tristesse".
Le talentueux Pascal Mary a ainsi écrit et composé "Sous mon masque", "A tout l'on s'écorche" et "Comme Sagan" (qui donne son titre à l'album), Caroline a signé  "Toxique" (sur une musique de Piérot) évoquant l'addiction de Sagan aux anti-douleurs (et à d'autres substances), après son terrible accident de voiture. Impossible de résister davantage aux accents émouvants de "On ne sait jamais ce que le passé nous réserve "(Sagan-Loeb-Grillet/Siksou). L'album, lui, nous réserve bien d'autres surprises...
Un certain regard empreint de sourires, de poésie et de mélancolie. De tendre connivence aussi avec celle qui savait si bien faire résonner sa petite musique.


- album "Comme Sagan" (L'Autre Disribution), disponible le 1er février 2019.
- en showcase à la Fnac Montparnasse (136, rue de Rennes, 75006 Paris), le 13 février 2019.
- Reprise du spectacle "Françoise par Sagan", du 14 février au 10 mars 2019, du mercredi au samedi à 19h et le dimanche à 18h, au Théâtre Lepic, 1, avenue Junot, 75018 Paris. 
Tél.: 01.42.54.15.12. http://www.theatrelepic.com/

28 janv. 2019

Michel Korb: au nom du père

(c) Glen Homer
Peu de gens savent que, pour l'état civil, Francis Lemarque s'appelait Nathan Korb.
Près de 17 ans après sa disparition, son fils a enregistré "Michel Korb chante Francis Lemarque" qui sortira vendredi prochain.
Un album dans lequel on retrouve des refrains comme "A Paris", "Quand un soldat", "Marjolaine", "Mon copain d'Pékin", "Toi tu n'ressembles à personne"...  
Diplômé de la prestigieuse Berklee School of Music de Boston, Michel Korb a signé les musiques de nombreux longs métrages, téléfilms et documentaires:"Chez Gino" de Samuel Benchetrit, "Vodka Lemon" d'Hiner Saleem", "Simone Veil, album de famille" de Hugues Nancy..., travaillé avec Rachel Des bois, Anna Mouglalis, Roland Romanelli ou le groupe Emigrante. Compositeur devenu chanteur par amour filial, il rend ici un bel hommage à son père. Un artiste dont les oeuvres ont généreusement enrichi le patrimoine et qui confait volontiers: "A quoi serviraient mes chansons si je devais être seul à les chanter".

- Pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour enregistrer cet album ?
Je porte ce projet depuis 3 ou 4 ans. Les maisons de disques que j'ai contactées n'ont pas suivi artistiquement. Alors que je cherchais un moyen d'avancer, Roland Romanelli m'a dit "je ne vois qu'une solution : tu chantes !" Je suis quelqu'un qui travaille dans l'ombre et je ne me voyais pas franchir le pas pour passer dans la lumière. Jai finalement décidé de me lancer !
- Est-ce aussi parce que les nouvelles générations semblent avoir un peu oublié un artiste qui fut pourtant chanté par Montand, Piaf, Salvador, Gréco... ? 
C'était aussi l'idée.
- Vous avez réussi à convaincre certains chanteurs de vous accompagner dans l'aventure ?
Pour Romain Didier, c'était une évidence. Il est comme mon grand frère. C'est lui qui m'a présenté Enzo Enzo qui connaissait mon père. J'ai rencontré Sanseverino grâce à Didier Pascalis. Quant à Thomas Dutronc, nous sommes amis. Nous avons aussi avec nous la chanteuse Audrey que j'avais remarquée dans l'émission The Voice. Elle a une fêlure dans la voix que j'adore. Et bien sûr Roland Romanelli.
- Vous n'avez pas songé à emprunter le nom de Lemarque pour vos débuts dans la chanson ?
La question ne s'est pas posée. Je m'appelle Korb. C'est mon identité.
- Le répertoire de votre père compte pas moins d'un millier de chansons. Comment avez-vous procédé pour choisir les douze titres ?
Il y avait des titres incontournables. J'ai aussi été guidé par le style musical qui pouvait s'adapter à ce que je voulais faire. J'ai ainsi renoncé à des chansons comme "Miséricorde" ou "Écoutez la ballade" mais j'ai conservé "La complainte de John Black". C'est un morceau très différent mais qui traduit la passion de mon père pour le western.
- Il avait aussi une passion pour Paris ?
 Il avait grandi rue de Lappe et il a beaucoup écrit sur Paris. Lorsqu'il s'est installé à La Varenne-Saint-Hilaire, il lui arrivait de faire douze kilomètres à pied pour aller respirer l'air de Paris...
- Il paraît qu'au début Yves Montand n'était pas enthousiaste à l'idée de chanter "A Paris" ?
Il trouvait que cette valse était bancale. Pour lui, elle montait trop haut et descendait trop bas. Mon père l'a donc proposée à Édith Piaf qui l'a aimée mais ne l'a pas enregistrée tout de suite. Lorsque Montand a eu vent de cet échange, il a rappelé mon père.
- Vous avez fait de sérieuses études musicales, contrairement à votre père qui était autodidacte ?
C'est vrai. Il avait de grandes facilités pour écrire et composer. Ma mère m'a raconté que lors d'un dîner chez des amis, il a demandé s'il pouvait s'absenter un moment pour monter à l'étage de la maison. Il savait qu'il y avait un piano. C'est là qu'est née la chanson "Toi, tu n'ressembles à personne".
- Pouvez-vous nous parler de sa rencontre avec Jean Gabin ?
Lors d'une émission de radio qui recevait Gabin pour son anniversaire, l'animateur lui a demandé ce qui lui ferait plaisir. Il a répondu qu'il aimerait écouter une chanson de Francis Lemarque. Mon père l'a su et il est allé sur un des tournages pour le rencontrer. Gabin l'a présenté à Gilles Grangier et c'est ainsi qu'il a composé des musiques pour "Le cave se rebiffe", "Les vieux de la vieille", "Le gentleman d'Epsom"... Il a aussi travaillé avec Marcel Carné pour "Terrain vague", Jacques Tati pour "Playtime"...
- Le milieu du cinéma ne lui était pas forcément familier ?
L'expérience lui a plus mais il fallait entretenir son réseau et ce n'était pas son truc. Il racontait que lors d'un dîner avec Jacques Tati, ce dernier s'était emporté lorsqu'il avait évoqué son admiration pour le film "La grande vadrouille". Mon père avait des goûts populaires. Il préférait se balader sur les bords de Marne plutôt que de participer à des soirées. Il était soucieux de sa liberté et de ses amis.
 Et l'album "Michel Kork chante Francis Lemarque" s'est fait 100 % sur l'amitié !




- Album"Michel Korb chante Francis Lemarque" (L'Autre Distribution/Matilda Productions), disponible le 1er février 2019.

- En concert, le 19 février 2019, à 20h30, 
au Studio de l'Ermitage, 
8, rue de l'Ermitage, 75020 Paris.  
Prix: 15 € et 13 € en prévente. 
Tél.: 01.44.62.02.86. 
http://www.studio-ermitage.com/



25 janv. 2019

Les Fouteurs de Joie à la Cigale

D.R.
C'est leur première fois à la Cigale ! Mais cela fait déjà une bonne vingtaine d'années que ce quintette de saltimbanques jouant sur plusieurs registres (et une douzaine d'instruments !) sillonnent les routes avec des spectacles baptisés "Le bal des souffleurs", "La Belle vie" ou encore "Des étoiles et des idiots", leur dernière création.
Au menu: "du feu, de l'eau, des chutes, de la ouate et du rock !"affirment-ils sur leur site.
Après avoir fait grimper la température au Grand Point Virgule ou au Café de la Danse,  Les Fouteurs de Joie (Nicolas Ducron, Laurent Madiot, Alexandre Léauthaud, Christophe Dorémus et Tom Poisson) vont brûler les planches de la Cigale pour célébrer deux décennies de franches rigolades, entrecoupées de refrains humanistes et un brin militants (voir sur ce blog à la date du 4 mars 2013).
Et le moins qu'on puisse dire est qu'ils n'ont pas usurpé leur nom de scène !

Le 12 février 2019, à 20 heures, 120, Bd de Rochechouart, 75018 Paris.
Prix: 38,30 €. Loc. points de vente habituels, au 01.48.65.97.90 et sur  http://www.fouteursdejoie.fr/

21 janv. 2019

Lulu Gainsbourg : la musique en héritage

(c) Thomas Braut
Avec son premier album "From Gainsbourg to Lulu", il avait rendu un éclatant hommage à son père en reprenant quelques-uns de ses titres, entouré d'artistes comme Marianne Faithfull, Iggy Pop, Rufus Wainwright, Johnny Depp, Vanessa Paradis, Scarlett Johansson... Une manière d'asseoir sa filiation, pour couper court aux sempiternels "fils de" ! 
Après "Lady Luck" (écrit en anglais), Lulu Gainsbourg a sorti en février dernier "T'es qui là ? "  (enregistré à New York en une seule prise). Un opus personnel puisqu'il a signé toutes les mélodies sur des textes de sa compagne Lilou.  Du rock aux ballades en passant par la valse ou le funk, l'artiste diplômé du prestigieux Berklee College of Music de Boston flirte harmonieusement avec différents styles. "J'avais envie d'un petit ensemble musical, d'un combo dans la vibe des enregistrements des années 70" confie-t-il.
Lors de son récent concert au Café de la Danse, entouré de solides musiciens et de deux choristes (qui assuraient honorablement la première partie sous le nom de "Pur-Sang") Lulu Gainsbourg était manifestement dans son élément derrière les claviers.
Après une grisante "Téquila", il a invité le public à danser sur "Le bal des infidèles" avant d'offrir quelques belles chansons comme "Destiny" composée pour son père, "Planète bleue" ou "Love Is The Key", clin d'oeil à John Lennon.
On passera sur les textes parfois légers comme celui de "Salade de fruits" pour se laisser embarquer par l'univers musical de ce compositeur inspiré. Car, même si bambin,
il n'a partagé la vie de son papa que durant cinq ans, on sent que ce
dernier n'est jamais loin.
Pour preuve, cette émouvante "Javanaise" chantée en choeur avec les spectateurs et cette anecdote, confiée lors d'une interview :  alors qu'il posait la voix sur le titre "Lucien", dans l'appartement du 5 bis rue de Verneuil, le réveil de son père s'est mis à sonner. Un son que
l'on peut entendre sur l'album...
Venu tardivement à la chanson parce qu'il se considère avant tout comme un musicien, Lulu Gainsbourg se présente plutôt comme "le reflet d'une partition". Celles à venir devraient réserver encore quelques belles surprises.

Le 21 janvier, le 18 février et le 25 mars 2019, à 20 heures,
au Café de la Danse, 5, Passage Louis-Philippe, 75011 Paris. Loc. points de vente habituels.
http://www.cafedeladanse.com/