26 mars 2019

Louis Arlette: "Je veux profiter de l'énergie qui vibre en moi"

(c) Frank Loriou
Son premier album "Sourire carnivore" (en janvier 2018)  posait les fondations d'un univers dont l'intensité nous happait dès la première écoute.
Avec "Des ruines et des poèmes", Louis Arlette, qui a notamment collaboré avec le duo Air et joué du violon au sein d'un orchestre de musique de chambre, confirme brillamment ses talents d'auteur-compositeur.
Des chansons  rock-électro, tourmentées et lumineuses, écrites après un voyage salvateur au Japon.
Au fil des 14 titres,  dont il a assuré la programmation, le piano, les claviers et l'orgue (avec Christophe d'Alessandro), le chanteur fait également référence à  "L'Iliade" et "l'Odyssée" d'Homère et nous offre une électrique relecture de "Je suis un soir d'été", un titre peu connu de Jacques Brel.
Rencontre avec un artiste inspiré...

- Le titre de cet album n'est-il pas antinomique ?
Pas vraiment car les ruines, c'est ce qui reste de notre passé. Ce sont des oeuvres du destin qui appartiennent au temps. Elles font partie de ce patrimoine qu'il faut savoir déchiffrer. Nous vivons une époque très babylonienne, à l'image de Rome avant le déclin...
- D'où l'urgence de ce voyage au Japon ?
Entre le moment où j'ai terminé "Sourire carnivore" et la sortie de l'album, il s'est passé un an. J'ai ressenti alors un grand vide, mesuré tous les écueils. J'ai eu besoin d'aller me perdre au Japon.
- Tu as trouvé l'inspiration que tu cherchais ?
 La première chanson que j'ai écrite est "Tokyo". Ce qui m'a interpellé là-bas, c'est cet effet miroir par rapport à l'Occident. Ici, nous sommes fascinés par la lumière, tandis qu'au Japon on utilise l'ombre, un peu comme un négatif. Les gens sont davantage dans la retenue, à l'image d'un lac tranquille. Mais derrière, on sent quelque chose qui bouillonne.
-  Dans "Sourire carnivore" tu avais gardé la main sur tout. Pour "Des ruines et des poèmes", tu as lâché du lest, non ?
C'est vrai. J'ai fait appel à Philippe Paradis qui avait notamment travaillé avec Zazie sur l'album "Rodéo" pour la réalisation. J'adore aussi son jeu de guitariste. "Sourire Carnivore" était nécessaire pour que je puisse avoir cette liberté aujourd'hui. Dans ce sens, j'ai l'impression d'avoir progressé et creusé plus profondément. J'ai sorti le premier disque après dix ans de studio. J'ai dû faire un travail sur moi pour désapprendre et me consacrer à la recherche de la sincérité. Je pense souvent à Picasso qui affirmait: "J'ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant".
- Pourquoi as-tu choisi d'enregistrer la chanson "Je suis un soir d'été" de Brel  qui est loin d'être la plus connue ?
C'est un titre que j'interprétais déjà sur scène. L'idée était de ne pas céder à la facilité en reprenant l'un de ses grands succès. J'ai eu envie de lui donner un nouveau souffle. J'ai donc accéléré le tempo pour le rendre plus pop. Pour moi, Brassens fermait un peu la porte derrière lui, alors que Brel a ouvert tout un champ des possibles !
- C'est vrai qu'à l'origine le titre "L'ange" devait s'appeler "Nyx" (déesse de la nuit personnifiée)?
Tout-à-fait. Jusqu'à ce que je découvre que c'était aussi le nom d'une marque de cosmétiques !
- D'où vient cette passion pour la mythologie ?
Pochette de l'album "Des ruines et des poèmes"

Je suis fasciné par le côté transmission de la mythologie. Tout comme je suis bouleversé par le poème de François Villon "La ballade des pendus". Ce qui me chagrine, c'est que cette transmission va peut-être s'arrêter...
- Lors d'un précédent entretien, tu avais évoqué la possibilité de réunir tes notes dans un ouvrage. C'est encore d'actualité ?
L'envie est toujours là. Mais j'y céderai sans doute plus tard, lorsque je me sentirai fatigué,  près de la retraite... Pour l'instant, je veux profiter de cette énergie qui vibre en moi. C'est quelque chose de très physique et explosif.  J'écrirai un livre une fois que la tempête sera apaisée...

- Album "Des ruines et des poèmes" (Le bruit Blanc), disponible depuis le 15 mars 2019.
- En showcase: le 13 avril 2019, à 16 h chez Gibert Barbès (Disquaire Day) et le 31 mai, à 18 h, chez Gibert Saint-Michel

22 mars 2019

Le swing ravageur des Swinging Poules

(c) Paule Thomas
"Bienvenue dans le poulailler. Accrochez-vous, ça va swinguer !" préviennent Florence Andrieu, Charlotte Baillot et Caroline Montier au début du spectacle "Chansons synchronisées",  mis en scène par Flannan Obé.
Et elles tiennent généreusement leurs promesses !
Dès les premières chansons, on ressent des fourmillements dans les jambes et une irrésistible envie de taper des mains.
Qu'elles prennent la pause pour "La biaiseuse", vantent la douceur du "Lundi au soleil", rappellent qu' "Il fait trop beau pour travailler" ou nous embarquent pour "Syracuse"... on tombe littéralement sous le charme ravageur de ces chanteuses et comédiennes. Un trio qui maîtrise l'art de faire du neuf avec de l'ancien.
Quant à leurs envolées vocales, elles n'ont décidément rien à voir avec le caquetage des volailles dont elles ont malicieusement emprunté le nom.
Femmes fatales, pétroleuses, délicieusement impertinentes et farouchement libres, les Swinging Poules font régner un vent de douce folie sur la scène. Et ce n'est pas Philippe Brocard, leur talentueux pianiste qui dira le contraire !
On applaudit également leur relecture du fameux "Cresoxipropanidiol en capsules" (interprété par Ginette Garcin, sur des paroles de Jean Yanne). Un remède à prendre dans un verre d'eau sucrée et qui fait, paraît-il, des miracles quand on n'a pas le moral.
On vous recommande plutôt de filer à l'Essaïon...

 Les lundis, mardis et mercredis, à 21h30 (relâches le 25 mars et le 9 avril) au Théâtre de l'Essaïon, 6, rue Pierre au Lard, 7004 Paris. 
Tél.: 01.42.78.46.42. Prix: 20 € et tarifs réduits à 15 €. 
http://www.essaion.com/

7 mars 2019

Lili Cros & Thierry Chazelle célèbrent les dix ans de leur duo à l'Olympia

(c) Arno Lam
Elle a passé son enfance en Côte d'Ivoire et lui au Havre. Elle possède un timbre puissant aux intonations jazzy, joue de la basse, tandis que lui accompagne son phrasé de conteur à la mandoline et à la guitare électrique.
Chacun suivait son chemin avant de franchir l'Atlantique pour se retrouver sur une même scène... au Québec !
Voilà pour la petite histoire car pour la grande, il faut les découvrir en concert.
Les duos ne sont pas si rares dans la chanson française mais celui formé par Lili Cros et Thierry Chazelle est un réel enchantement. A l'image de leur répertoire: un pétillant cocktail de fantaisie, de poésie et de touchantes émotions.
Pour fêter leurs dix ans de carrière, ils ont eu la belle idée de se produire, en formule intimiste, dans dix appartements (à Paris et en Banlieue) avant d'investir l'Olympia !
Mais que ce soit devant 40 ou 2000 spectateurs, ces artistes généreux vous embarquent d'emblée dans leur univers. Un univers où se croisent "Monsieur Gaston", "Clint Eastwood", "L'homme de sa vie", des parents dépassés par ces petits qui poussent trop vite... Des chansons écrites et composées pour la plupart à quatre mains, qu'ils interprètent successivement en duo ou en solo. Chacun cultivant son "Jardin des mélancolies" pour évoquer ce vieux copain parti en éclaireur ou les grands-mères et leur indispensable "Petit écho de la mode".
Pour la réouverture des Trois Baudets, ils ont même concocté les facétieux couplets du "Client d''Erotika". Quant à Thierry qui se verrait bien en Humphrey Bogart, il nous régale d'un réjouissant "Mon hit, mon hat" pour élucider la présence de ce petit chapeau qu'il ne quitte jamais, ou presque.
Alors lorsqu'ils chantent avec une tendre complicité "Je sais pas où on s'ra demain, tout va bien, tu me tiens par la main..." on sait que nous, on s'ra sûrement à l'Olympia !

Le 18 mai 2019, à 20 heures, à l'Olympia, 28, Boulevard des Capucines, 75009 Paris.  
Tél.: 08.92.68.33.68.  Places: de 16 à 37 €
 http://www.olympiahall.com/
Et en tournée: le 8 mars 2019 à Pornichet (Quai des Arts), le 15 mars à Pace (Le Ponant), le 16 mars à Couéron (Théâtre Boris Vian), le 22 mars à Pithiviers (Théâtre du Donjon), le 23 mars à Veretz (Salle Boiseau), le 29 mars , La Neuville Chant d'Oisel (Salle Guy de Maupassant), le 30 mars à  Jarny (Espace Gérard Philipe)...