18 déc. 2019

Patrizia Poli: "une chanson est un trait d'union universel et impalpable"

(c) Dominique Degli Esposti
En solo ou dans des groupes comme E Duie Patrizie, Les Nouvelles Polyphonies Corses ou le Trio Soledonna, la voix profonde et vibrante de Patrizia Poli a largement dépassé les frontières de sa langue maternelle et de son île. Personne n'a oublié  "Giramondu" diffusé lors de l'ouverture des Jeux Olympiques d'Albertville.
Pour son nouvel album "Versuniversu", elle a travaillé avec le bassiste, claviériste et compositeur Pascal Arroyo, rencontré lors d'une tournée de Bernard Lavilliers. Ce dernier a d'ailleurs écrit le texte "Les Hommes" et co-écrit avec Pascal celui de "Faits divers".
Des chansons d'amour et de révoltes qui portent la signature de Patrizia mais aussi celles de Ghjacumu Thiers, Jérôme Camilly et Antoine Giacomoni.

- Vous avez fait le choix de chanter principalement en corse. Ce n'est pas un frein pour toucher le public ?
C'est ma langue naturelle et je l'utilise pour écrire et chanter. C'est peut-être vrai sur le continent mais cela ne pose aucun problème lorsque je me produis à l'étranger. En allant plus loin, je crois que l'identité est dans la voix, dans ce que nous appelons le riacquistu. Une chanson est un trait d'union universel et impalpable qui permet de communiquer avec n'importe quel être humain. Si elle est forte et vraie, elle doit émouvoir sans qu'on comprenne forcément le texte.
- La chanson "Des hommes" n'est pas très tendre pour eux ?
Je suis bien d'accord mais elle a justement été écrite par un homme ! Il faut y voir de la dérision et de la malice. L'humour est une manière de dépasser les choses. Je me suis moi-même posée la question sur le fait que je pouvais parfois les effrayer. On m'a répondu: "C'est vrai que vous n'avez pas une beauté welcome !"
- Pouvez-vous nous parler de l'émission radiophonique que vous avez animée dans les années 
80 ?
Elle s'appelait"I Scrianzati" et était enregistrée en public. Nous parlions de politique avec une totale liberté. Nous nous sommes attaqués à un certain nombre de tabous mais les réactions étaient quand même excellentes. On nous en parle encore aujourd'hui. Je regrette qu'il n'y ait plus de genre d'émission. La parole libère.
- On vous qualifie souvent de militante ?
J'ai commencé à chanter alors que j'avais 15/16 ans. Durant plusieurs années, j'étais dans un mouvement qui consistait à donner ses cachets pour soutenir ceux qui avaient besoin d'aide. Je trouve qu'un artiste doit être libre et c'est vrai que j'ai milité pour ces idées là.
- Quels souvenirs gardez-vous de la cérémonie des Jeux d'Albertville ?
C'était diffusé en mondovision et cela a permis au plus grand nombre de découvrir ce qu'était une polyphonie. Lorsque je suis allé au rendez-vous avec Philippe Decouflé, j'ai découvert un homme presque timide. J'étais curieuse de savoir quelle chorégraphie il avait imaginée. Il m'a demandé s'il pouvait m'entendre et je me suis mise à chanter "Giramondu" dans un hangar. Les danseuses ont alors commencé à danser...
- Auteur, compositeur, interprète, animatrice radio, actrice pour le théâtre et la télévision... votre registre est impressionnant ?
Je suis même productrice de mon album ! Je fais des choses en fonction des rencontres. Mais ce que j'aime avant tout c'est être sur scène et chanter.


- Album "Versuniversu" (Les Nouvelles Polyphonies Corses/Socadisc), disponible depuis le 8 novembre 2019.
En concert ce soir 18 décembre 2019, à 19h30, en première partie
 d'I Muvrini, aux Folies Bergère, 32, rue Richer, 75009 Paris.
 Tél.: 0892 68 16 50.  Places: de 35 à 60 € .http://www.foliesbergere.com/

7 nov. 2019

Rod Barthet: "j'aime faire tomber les barrières"

(c) Fabien Cart
Il a créé son premier groupe de hardcore à 14 ans. Après des gammes plus académiques à l'école de musique de Nancy, Rod Barthet s'est envolé pour San Francisco. Il y croisera quelques vieux routards du blues dont John Lee Hooker qui l'invite à assurer sa première partie en concert !
Il a alors vingt ans et des rêves plein la tête. Comme celui qu'il réalise en 1995 en retournant en Californie pour enregistrer son premier album Rod & The Shotguns "Mr Alligator".
En une vingtaine d'années, ce natif de Pontarlier a imposé sa griffe sur la scène blues-rock. Outre un redoutable jeu de guitare, il se démarque des accents rocailleux de ses aînés avec son timbre clair. Pour son nouvel opus "Ascendant Johnny Cash", il a retrouvé son complice Boris Bergman. "Après plus de vingt années de collaboration avec Rod, je peux affirmer que c'est très certainement l'un de mes meilleurs albums" affirme ce dernier.
Loin de nous l'idée de le contredire...

- Il paraît que tu as assisté à ton premier concert à l'âge de 3 ans ?
Il s'agissait de Deep Purple. J'y suis allé avec ma mère. Elle était aussi fan de Janis Joplin, de Led Zeppelin, des Doors...J'ai longuement fouillé dans ses disques avant d'arriver au blues. Cette musique est mon fil conducteur. C'est pour ça que je suis allé aux États-Unis.
- Être invité à jouer en première partie de John Lee Hooker, ça muscle un CV, non ?
Je suis toujours surpris quand on m'en parle. J'avais vingt ans et je n'ai pas mesuré la chance que j'avais. Alors que je jouais dans un bar, j'ai rencontré son attaché de presse et je lui ai remis une cassette. John Lee Hooker m'a appelé et m'a invité chez lui. Il m'a même prêté sa voiture pour que je puisse découvrir San Francisco. C'était un vieux monsieur très respecté. Il disait qu'avoir la grosse tête ne servait à rien. En me proposant de faire sa première partie, il m'a vraiment mis le pied à l'étrier.
Hormis l'apprentissage musical dans la discothèque maternelle, quels sont les artistes que tu écoutes ?
Ben Harper, Jimi Hendrix, John Butler Trio, Neil Young, Bob Dylan... J'ai beaucoup aimé le premier album de Gérald de Palmas ("Marcher dans le sable"). Il y a aussi Matthieu Chedid  que j'ai rencontré alors qu'il ne s'appelait pas encore M. Nous avons même fait un boeuf ensemble. Il ne fait pas semblant de jouer. C'est un super "gratteux" !
Peux-tu nous parler de ta rencontre avec Boris Bergman ?
C'était par l'intermédiaire de Yazid Manou, un attaché de presse. Je suis allé chez Boris à Montmartre pour lui faire écouter ce que je faisais. Il a travaillé avec beaucoup d'artistes internationaux. Il a d'ailleurs un mot de David Bowie qui le remercie pour la traduction de "Space Oddity". Mais la plupart des gens le connaissent pour sa collaboration avec Bashung. Il écrit des choses qui me correspondent et que je prends parfois en pleine figure. Comme la première chanson de l'album  "Amour ma fêlure". Il a signé 5 titres sur l'album.
-Un album que tu as enregistré chez toi, cette fois ?
Oui, à 90 % dans mon home studio. J'ai la chance d'être sur mon propre label. C'est une grande liberté.
Tu fais rarement des reprises mais dans ton précédent album "Les filles à l'écoute", on trouve"Gaby Oh Gaby".
(c) Cyril Jubin
Habituellement, je ne suis pas fan des reprises sur mes albums. Là, j'étais avec des musiciens américains qui ne connaissaient pas Bashung. Il n'y a eu qu'une seule prise et nous l'avons gardée. Je l'ai fait en pensant à Boris.
- La présence de cordes dans le titre "Madame", est assez inhabituelle aussi ?
C'était un souhait que j'avais depuis longtemps. J'ai signé le texte et la musique mais j'ai laissé carte blanche à l'arrangeur qui a fait un travail magnifique. Lorsque j'ai entendu les jeunes musiciennes qui viennent du Conservatoire de Besançon, j'ai eu la chair de poule.
- Que réponds-tu à ceux qui sont critiques à l'égard du blues français ?
Qu'il suffit d'écouter des artistes comme Paul Personne. Je suis pour la retenue dans la voix et.je chante en français. C'est mon univers. J'aime faire tomber les barrières ! Je songe souvent à cette phrase de Cocteau: "Ce qu'on te reproche, cultive-le, c'est toi". Moi, cela vingt ans que je le fais et j'enfonce le clou.

- Album "Ascendant Johnny Cash" (Festivest/Socadisc), disponible depuis le 27 septembre 2019.
En concert, le 21 novembre 2019 à 20h30, au Sunset, 60, rue des Lombards, 75001 Paris. 
Tél.:01.40.26.46.60.Prix: 20 €. http://www.sunset-sunside.com/

30 oct. 2019

Louis Ville: "Je me sens privilégié !"

(c) E. Segelle
Depuis la sortie de son premier album "Hôtel pourri", à l'aube de notre millénaire, cet artisan de la chanson a creusé son sillon sans jamais dévier de sa trajectoire: celle d'un poète dont le timbre rocailleux, les textes incisifs et pétris d'humanisme nous touchent et nous bousculent.
Vous ne trouverez pas forcément "Éponyme" en tête de gondole, comme on dit, mais ce nouvel opus est l'un de ceux qu'il faut écouter d'urgence.
Une oeuvre dense et sombre, traversée de lumineuses fulgurances dont cet auteur-compositeur a également assuré les parties guitares, basses, piano, la programmation, l'enregistrement et le mixage.
Des chansons qui parlent de soleil voilé, de montagnes franchies et de déserts sans eau, d'une fille dans un train, mais aussi de couleurs pour colorier le monde autrement...

- Vous étiez en panne d'inspiration pour trouver un titre à cet album ?
Il aurait pu s'appeler "Des à-pics des fadaises" mais  c'est parfois réducteur de choisir le titre d'une chanson. Et là, franchement, j'avoue que j'étais en manque d'idée.
- Est-ce parce que c'est aussi celui qui vous ressemble le plus ?
Tout ce que j'écris n'est pas forcément vécu. Il s'agit surtout de ressenti, de regards que je croise. Ma vis est assez banale. Je crée personnages parce que ça me dédouane.
- C'est-à-dire ?
Il faudrait être idiot ou aveugle pour ne pas percevoir la merde qui nous entoure, la perte de certaines valeurs,  mais je ne vois pas l'intérêt de le chanter de manière frontale. Cela va sans doute avec l'âge.
- Ou la sagesse ?
Oui et non. Si je vois un moine bouddhiste, je me dis que c'est une forme de sagesse. Mais il vit en reclus...
- Les références récurrentes à Arthur H, Arno ou Brel vous agacent ?
Ça va mieux. Je trouve cela évidemment très flatteur. Un journal américain a même évoqué le "frenchy Leonard Cohen" !
- Pouvez-vous nous parler du morceau instrumental que vous avez intitulé "Raphaël" ?
Il évoque un ami. Dans la vie, j'ai du mal à exprimer mes sentiments. Raphaël est quelqu'un qui a mené une carrière classique tout en ayant une incroyable folie en lui. Ce morceau est la représentation que je me fais du personnage et ma manière de lui rendre hommage.
(c) N. Ragu
Vous composez également des musiques pour le cinéma et la télévision ?
J'adore ça ! Ce n'est pas du tout un travail pour moi. J'apporte ma vision des choses, le rythme de la narration. Il suffit que je puise dans ma petite bibliothèque musicale pour que l'inspiration coule à flot. Je ne me retrouve jamais devant une page blanche.
- L'exercice est plus douloureux pour la chanson ?
Oui et non. On doit parfois se plonger dans certains états pour aller chercher une émotion ou une image.
- Des états qui expriment un certain désespoir, non ?
Mais dans la vie, je peux être très léger ! S'il fallait envisager sérieusement la réalité des choses, le quotidien serait plombant. Les révoltes nourrissent pendant un certain nombre d'années. Après, on s'aperçoit qu'elles sont un peu vaines...
- Donc, vous écrivez ce qui vous perturbe ?
Oui, parce que je ne veux pas que ça germe en moi.
- Avec la chanson "Des couleurs", vous vous êtes autorisé un peu de légèreté ?
J'ai voulu écrire quelque chose de simple, de basique. Elle semble légère et lumineuse parce qu'elle est enfantine.
- Elle exprime peut-être votre part de fragilité ?
On n'a jamais la certitude que ce qu'on fait est bien. A mes débuts, j'ai fait du punk, du rock... J'ai commencé à aimer ce que je fais depuis 3 ou 4 albums. Mais je me sens privilégié parce que je vis de ma musique. Cela ne m'empêche pas de me remettre souvent en question. En fait, je pense que la clef d'une forme de jeunesse intellectuelle, elle est là. J'espère que ce que je dis ne paraît pas trop prétentieux ?

- Album "Éponyme" (Balandras Éditions), disponible depuis le 11 octobre dernier.
En concert: le 22 novembre 2019, Espace Matthieu Côte, à Rompon (07), le 24 novembre, "Chant'Appart", à Marseille (13), le 29 novembre, Le Gueulard à Nilvange (57), le 8 mars 2020, Festival "Chantons sous les pins" à Pomarez (40), le 27 mars à la Médiathèque de Toul (54), le 15 juillet, Fish'n Blues" à Munich... 



28 oct. 2019

Caroline Loeb: joyeuse, touchante et libre

(c) Emmanuel Chandelier
Après avoir célébré Mistinguett, George Sand ou encore Françoise Sagan, Caroline Loeb renoue avec le tour de chant pour "Chiche !".
Un spectacle à mi-chemin entre concert et stand-up, mis en scène par Stephan Druet,  dont le titre résonne comme  l'enfantin "T'es pas cap". Car La Loeb, comme on l'appelle encore aujourd'hui aime les défis :"Je ne suis pas connue comme chanteuse, je suis connue comme chanson !" confie-t-elle en riant.
Un clin d'oeil malicieux au succès qui lui a permis, dans les années 80, de côtoyer le monde du show-biz, de la mode, de la politique... et de vivre de rocambolesques aventures.
Des souvenirs dont elle émaille "Chiche" avec la gouaille et la liberté d'une femme de son époque.
 Une époque créative et transgressive où l'on pouvait  répondre à l'invitation du Président François Mitterrand pour dîner à l'Elysée, partir à New York sur un coup de coeur, tout en assurant des galas dans les discothèques et  des "streap forains" dans le sud de la France !
Accompagnée par trois talentueux  musiciens (Stéphane Corbin aux claviers, Yorfela à la guitare-basse et Benjamin Corbeil à la batterie), Caroline apparaît,  juchée sur un tabouret, avec un titre en forme de confidence  "On ne sait jamais ce que le passé nous réserve". 
L'une des belles et émouvantes chansons de "Comme Sagan". Un album sorti en février dernier,
 concocté avec la complicité d'auteurs et compositeurs comme Pascal Mary, Pierre Grillet,  Pierre Notte, Wladimir Anselme, Benjamin Siksou, Thierry Illouz, Jean-Louis Piérot... Et Françoise Sagan dont on a parfois oublié qu'elle a prêté sa plume à des artistes comme Juliette Gréco ou Mouloudji.
Occupant la scène avec un savoir-faire évident, Caroline passe de la mélancolie ("Maisons louées") à une vibrante célébration de la ville de son enfance ("Bonjour New York"), cède à l'insistance de ses musiciens (et du
public) en reprenant quelques mesures de "C'est la ouate", avant de nous laisser sur l'énergique et addictif "Toxique".
Un titre qui s'annonce d'ores et déjà comme un  tube...

Le 1er novembre 2019, à 21h, le 2 novembre à 16h et 21h, les 30 et 31 décembre à 21h, les 2 et 3 janvier 2020 à 21h et le 4 janvier à 16h et 21h, au Théâtre l'Archipel, 17, boulevard de Strasbourg, 75010 Paris. 
Tél.: 01.73.54.79.79. http://www.larchipel.net/

18 oct. 2019

Hervé: "J'adore les clairs-obscurs"

(c) Lorelei Buser Suero
Il se rêvait footballeur mais un accident en a décidé autrement...
 Après la belle aventure de Postaal, le duo électro-pop formé avec Dennis Brown, Hervé s'est lancé en solo avec un premier EP baptisé "Mélancolie F.C.", sorti le 17 mai dernier. Des textes dont le spleen est contrebalancé par des rythmes électro qui vous transportent sur sa planète. Un monde où les couleurs se confondent, où les mots dessinent toute une palette d'émotions.
Aux Francofolies de La Rochelle, cet été, son concert au Théâtre Verdière a séduit et bouleversé. Impossible de ne pas tomber sous le charme ténébreux et lumineux de cet auteur-compositeur.
Le monde du ballon rond a peut-être perdu un futur champion mais celui de la musique a gagné un artiste avec lequel il faut désormais compter.

- A l'écoute de ton disque, on a le sentiment que chez toi, la mélancolie n'est pas vraiment un état languissant ?
J'aime la dualité entre des textes sombres et des musiques énergiques. C'est la dimension du drop. J'aime aussi l'idée qu'on ne puisse pas facilement entrer dans le projet. Moi-même, je me méfie des premières écoutes.
- Quel souvenir gardes-tu de ton passage en première partie d'Eddy de Pretto à Olympia ?
On parle beaucoup de la magie de cette salle. J'ai joué devant le rideau. Ça ne sonnait pas vraiment comme un tour de chant. Assurer une première partie demande une énergie particulière: les gens ne te connaissent pas, ils ne t'attendent pas. Mais j'ai trouve ça cool. Eddy m'a invité à ouvrir quasiment toutes ses dates.
- Il y avait tout de même dans le public des personnes qui connaissaient Postaal, non ?
Certaines ont sans doute fait le lien. Mais ce n'était pas évident car à l'époque, nous portions des capuches et on ne se montrait jamais.
- Sur la pochette de "Mélancolie FC", tu te caches encore un peu ? 
C'est une photo que j'aime bien. Elle a été faite aux Transmusicales de Rennes. Et celle qui est à l'intérieur du disque me représente enfant. Lorsque j'ai trouvé le nom de l'EP, on a brodé autour du thème.
- Dans ta biographie, on apprend peu de choses sur toi. Toujours ce besoin de te préserver ?
J'ai l'impression que moins on dit de choses, mieux c'est. Je ne suis pas non plus un accroc des réseaux sociaux. Si on souhaite me connaître, il y a la scène. J'essaie toujours d'être le plus sincère possible.
- On apprend quand même que c'est Higelin qui t'a donné envie de chanter ?
Pochette du EP Mélancolie F.C.
 C'est vrai. J'aime les artistes qui arrivent à transmettre des images factuelles, qui racontent des histoires avec un début, un milieu et une fin. Des artistes comme Aznavour, Brel, Ferré, Stromae... Alain Bashung avait ce truc aussi.
- Dans ce EP tu reprends d'ailleurs "La peur des mots", un titre peu connu de Bashung ?
 Il s'agit de la version enregistrée à Memphis quand Bashung était allé dans la maison de Presley. Je trouve que le texte de Jean Fauque est sublime. Cette phrase "Tue-moi, je te couvrirai de baisers" me bouleverse à chaque fois que je la chante. J'aime cette forme d'écriture là.
- L'album est pour bientôt ?
Je me challenge en permanence. J'ai mis du temps à apprendre à déléguer. Pour l'album à venir, je vais ouvrir les collaborations. Et prendre le temps de partir en Bretagne pour écrire. Il y a là-bas des paysages et une mélancolie qui m'inspirent. J'adore les clairs-obscurs.

En tournée: le 19 octobre 2019 à Cavaillon (La Garance), le 23/10 à Troyes (Festival Off Off Off), le 24/10 à Chatenay Malabry (Le Pédiluve), le 29/10 à Riorges (Les Mardis du Grand Marais), le 4/11  à Paris (Les Etoiles), le 9/11 à Saint Lô (Les Rendez-Vous Soniques), le 17/11 à Rambouillet (L'Usine à Chapeaux)... 
Le concert aux Etoiles affichant complet, une nouvelle date parisienne est annoncée le 19 mai 2020 à la Maroquinerie, 23, rue Boyer, 75020 Paris. http://www.lamaroquinerie.fr/

16 oct. 2019

"Le son d'Alex": toute la musique qu'il aime...


(c) Franck Harscouet
Les habitués de Télématin sur France 2 connaissent bien ses chroniques. Ils savent moins, sans doute, qu'Alex Jaffray est également scénariste, musicien et compositeur pour le cinéma et la télévision. Autant dire que l'homme connaît la musique !
Pour preuve ce "Son d'Alex", présenté comme le premier stand-up musical. Un spectacle dans lequel il raconte "son" histoire de la musique, avec des anecdotes, des extraits, des devinettes ou encore quelques secrets de fabrication de tubes. Ces derniers n'étant évidemment pas à prendre au pied de la note car, s'il existait une recette miracle, il siroterait des spritz avec Lady Gaga sur un yacht à Miami !
Avant toute chose, il rappelle que nous avons tous entendu le même premier son: celui du coeur de notre maman !
De Bachelet à Bach en passant par Michel Sardou, Peter et Sloane, Maître Gims ou Daft Punk, Alex ratisse large pour nous offrir quelques moments d'anthologie et de franche rigolade.
Au passage, ce passionné va même jusqu'à rétablir quelques vérités historiques en précisant que contrairement à ce que Sheila chantait, les rois mages ne sont jamais allés en Galilée...
(c) Franck Harscouet

On apprend également qu'Alfred Newman qui a composé plus de 150 musiques de films et reçu pas moins de 9 Oscars n'est finalement connu que pour un seul tube:  la fanfare d'introduction des films de la 20th Century Fox. Et on sèche lamentablement lorsqu'il nous demande de citer le nom du complice de George Michael dans Wham!
En un peu plus d'une heure, le public assiste ainsi à une sorte de cours magistral sur la musique. Mais un cours à l'image d'Alex Jaffray: drôle, décalé et généreux.
Touchant  aussi lorsqu'il évoque la rencontre avec son "idole" Ennio Morricone.

Jusqu'au 19 décembre 2019, les mercredis et jeudis, à 20 heures, au République, 
23, Place de la République, 75003 Paris. 
Tél.: 01.47.70.97.96. Prix: 25 €
 http://www.lerepubliqueparis.fr/

11 oct. 2019

"Relire Aragon": d'une beauté saisissante

Patrick Mille (c) Guy Fasolato
 Vous cherchez comment détourner vos ados de leurs chères tablettes pour partager avec eux un moment privilégié ?
Quelque chose qui ne ressemblerait pas, même de loin, à un exercice scolaire ? Et si vous les emmeniez au théâtre pour  plonger dans "l'imaginaire beauté pareille à l'eau pure des sources perdues..." 
Avec "Relire Aragon" (créé à la Maison de la Poésie), le comédien Patrick Mille et le chanteur, musicien et compositeur Florent Marchet nous proposent une magnifique traversée au coeur de l'oeuvre du poète. Une traversée orageuse, passionnée, tumultueuse et d'une beauté saisissante.
Nous avions déjà pu apprécier leur belle complicité dans le spectacle consacré au vers de Pierre Reverdy. On la retrouve ici, intacte, dans ce spectacle à mi-chemin entre théâtre, musique et littérature.

Patrick Mille, acteur "habité" et doué d'une parfaite diction, déclame, s'insurge, s'apaise aussi pour incarner sur scène les révoltes et les déclarations d'amour du "fou d'Elsa". Il est parfois grandiloquent, mais comment ne pas l'être avec des textes d'une telle intensité.
Quant à Florent Marchet, tantôt à la guitare et tantôt au piano, il joue et chante avec un indiscutable talent. On se souvient évidemment de Léo Ferré ou de Jean Ferrat (entre autres) mais il n'a pas à souffrir de la comparaison, loin s'en faut.
Florent Marchet (c) Guy Fasolato

En duo ou en solo, ils nous embarquent ainsi dans "La nuit de Dunkerque",  "La grotte", font revivre les "Fantômes" ou nous interpellent sur le vibrant "Est-ce ainsi que les hommes vivent".
En rentrant, vos ados retourneront sans doute à leurs virtuelles addictions mais si, dans un petit coin de leur tête, résonnent encore quelques "Strophes pour se souvenir", votre soirée aura été doublement réussie...

Jusqu'au 4 novembre 2019, les dimanches et lundis à 20 heures, au Théâtre de la Gaîté Montparnasse, 26, rue de la Gaîté, 
75014 Paris. Tél.:01.43.20.60.56. 
http://www.gaite.fr/

2 oct. 2019

Michaël Hirsch nous invite à rêver...

(c)  Svend Andersen
Il nous avait conquis avec son spectacle "Pourquoi ?" (voir le 17 février 2017 sur ce blog) dans lequel il nous régalait déjà avec une ode à l'homme couché.
Une invitation  à rêver qui prend toute sa dimension dans ce nouveau seul en scène "Je pionce donc je suis" , co-écrit avec Ivan Calbérac et mis en scène par Clotilde Daniault. Pas tout-à-fait seul d'ailleurs puisque Michaël Hirsch campe ici toute une galerie de personnages loufoques et attendrissants. Sauf peut-être Manuel Sanchez, un impitoyable chef d'entreprise.
Humoriste et poète Michaël Hirsch est aussi un humaniste. Chez lui, la bienveillance et l'empathie ne sont jamais loin. Quand on sait qu'enfant il était fâché avec le français et la lecture, on se réjouit d'apprendre que c'est Raymond Devos (découvert à la télévision) qui l'a réconcilié avec la langue de Molière... Une langue qu'il manie avec talent et esprit, même s'il se laisse parfois aller à quelques calembours un peu convenus.
Quant au héros de l'histoire, il s'agit du bien-nommé Isidore Beaupieu. Un jeune homme pressé et stressé, licencié pour cause d'assoupissement durant la présentation officielle du "Perfect Toast", le seul grille-pain qui ne brûle jamais.
 Dépité, il décide de "mettre sa vie entre charentaises"...
(c) Svend Andersen

Le temps de rencontrer son groupe de soutien sur les réseaux sociaux, de croiser la route du Commandant Couche-Tôt ou de soutenir la théorie imparable de l'effet papillon du bâillement, immédiatement confirmée auprès de quelques spectateurs !

Entre deux promesses de délices à ceux qui se laissent  emporter dans les bras de Morphée, Michaël nous offre également une imitation de Fabrice Luchini dont il maîtrise parfaitement le phrasé et les mimiques.
Au final, il raccroche sa robe de chambre pour endosser la cape de "Pyjaman". Un héros dont le super pouvoir est d'aider les gens à rêver.
Un spectacle dont on sort la tête dans les étoiles...

Jusqu'au 19 janvier 2020, du jeudi au samedi à 21h30
et le dimanche à 19h, au Lucernaire, 
53, rue Notre-Dame-Des-Champs, 75006 Paris. 
Tél.: 01.45.44.57.34.  http://www.lucernaire.fr/

23 sept. 2019

Ah ! Félix: une loufoque épopée

(c) Edouard Richard
Pour entrer dans ce spectacle imaginé et mis en scène par Sonia Bester (avec Isabelle Antoine), il faut laisser aux oubliettes tous ses a priori !
On cherchera en vain une appellation. Théâtre ? comédie musicale ?  Farce ?
"Ah ! Félix (n'est pas le bon titre)",  est un peu tout cela et plus encore. Une loufoque épopée hors du temps et des codes dont les textes sont signés Sonia Bester et Jean-Luc Vincent (sauf improvisation et libre adaptation de Salomé d'Oscar Wilde).
Le propos ? Un moine baptisé Félix aurait découvert à Alexandrie, à la suite d'une vision, la tête de Saint Jean-Baptiste et aurait reçu l'ordre de l'emporter en Aquitaine...Voilà pour le cadre, qui vole bien vite en éclats devant la fantaisie des situations et des personnages.
Sur scène, deux musiciens et chanteurs (Stéphanie Acquette et Vincent Mougel) accompagnent les joyeux protagonistes: il y a Adémar (Jean-Luc Vincent), impayable dans le rôle du gourou, un moine athée incarné par JP Nataf et enfin Diane Bonnot campant successivement la prof de catéchisme et la princesse Salomé.
Dès l'apparition de cette dernière, cette échappée en roue libre prend encore une nouvelle dimension et les spectateurs sont manifestement aux anges. Excellente comédienne, son tempérament volcanique lui permet de discipliner les répétitions de ses ouailles qui partent totalement en vrille.
(c) Simon Gosselin
La voix off est celle de Philippe Katerine et les musiques empruntent à la pop, aux Beach Boys ou à Richard Strauss, sur des arrangements et compositions de Simon Dalmais, Vincent Mougel et JP Nataf. Quant aux choeurs, ils sont joliment assurés par Les Voisins du Dessus.
Si vous aimez les univers déjantés, on vous promet quelques beaux éclats de rire...

Les 7, 8 octobre et 4, 5 novembre 2019, à 19h30, Église Saint-Eustache, salle des colonnes (entrée par le 4 Impasse Saint-Eustache), 75001 Paris. 
En tournée: les 3 et 4 décembre 2019 à Alençon (Scène Nationale 61), le 5 décembre 2019 à Flers (Scène Nationale 61). Loc. Points de vente habituels. Infos sur mailto:compagnie@madamelune.com

16 sept. 2019

François Staal célèbre "L'En-vie" au Trianon

"J'aime m'amuser avec les mots" confiait François Staal lors de la sortie de son précédent album "L'incertain" (voir le 21 novembre 2016 sur ce blog). Des mots que ce poète habille de rock, tout en poussant toujours plus loin l'exploration de nouveaux sons.
Comme dans "L'En-vie" (sous-titré "Passants nous sommes"), un album enregistré "à l'ancienne", en immersion avec ses musiciens (The Black Doves), dans le mythique studio du Manoir de Léon.
Cette fois encore, il nous embarque dans son univers à la fois sombre et lumineux, avec des titres comme « Flamboyants », « Rien ne s’est passé »  ou «Les ciels immenses » (feat Karen Lano).
A découvrir sur la scène du Trianon où il fêtera la sortie de ce huitième opus. Avec, en première partie, la chanteuse Marine Bercot.
Si "l'En-vie" vous prend...

Le 28 septembre, à 19h45, au Trianon, 80, boulevard de Rochechouart, 75018 Paris. Prix: de 9,90 € à 16,60 € (carré or à 26,60 €). 
Tél.: 01.44.92.78.05. Loc. points de vente habituels.
http://www.letrianon.fr/

10 sept. 2019

"Entretiens d'embauches et autres demandes excessives" ou l'univers impitoyable du monde de l'emploi

(c) Photo Lot
Déjà présenté lors de festivals et au Théâtre Déjazet notamment,  le spectacle "Entretiens d'embauches et autres demandes excessives" a séduit un large public (voir sur ce blog le 30 janvier 2017). Il faut dire que les situations, parfois ubuesques, rappelleront sans doute quelques souvenirs à bon nombre d'entre nous !
Un succès qui doit beaucoup au texte et à la mise en scène inventive d'Anne Bourgeois. Et surtout au jeu de Laurence Fabre, qui porte le spectacle de bout en bout.
En un peu plus d'une heure, la comédienne se met quasiment à nu pour nous faire partager ses rêves de petite fille, ses espoirs, ses désillusions et les embûches (questionnaires absurdes, employeurs misogynes, tentatives de déstabilisation...) rencontrées pour décrocher un entretien. Voire même un CDI,  si affinités...
Un "seule en scène" émouvant, drôle, grinçant et terriblement d'actualité.

Jusqu'au 14 janvier 2020, les lundis et mardis à 21h (relâches les 24 et 31 décembre), au Théâtre Essaïon, 
6, rue Pierre au Lard, 75004 Paris. 
Tél.:01.42.78.46.42. Prix: 25 € et tarif réduit à 18 €.


9 sept. 2019

Fabien Martin: "En amour, il faut apprendre l'impermanence des choses..."

(c) Mike Ibrahim
Depuis "Ever Everest", sorti en 2004, ses productions se comptent à peine sur les doigts d'une main. Fabien Martin n'est pas un homme pressé. Pas un boute-en-train non plus ! Chez lui, l'humour est toujours sous-jacent,  tout comme les sentiments que cet auteur-compositeur décrit avec pudeur.
Son nouvel opus ".aMour(s) aux sonorités pop, a été entièrement enregistré dans l'intimité de son studio. Des chansons entrecoupées d'extraits de "Scènes de la vie conjugale" d'Ingmar Bergman qui racontent la naissance et la fin d'une histoire d'amour.
De "Nina Myers" (référence à l'un des personnages de la série "24 heures chrono") à "L'amour serait presque parfait" en passant par le subtil et poétique "Nuages", Fabien Martin nous livre sans doute son disque le plus personnel. Le plus exaltant aussi...


Peut-on parler d'album-concept, même si le terme est parfois galvaudé ?
Un concept fait appel à la création et cet album est tout sauf une création. Je ne me suis pas levé un matin en me disant je vais faire un disque. La plupart des chansons étaient déjà là. Je suis juste allé les chercher.
On a pourtant l'impression qu'elles ont été écrites et composées pour ce projet ?
Cela tient à la réalisation. Le son a été fait en un mois et tout a été enregistré avec les mêmes musiciens. J'avais en tête les images de ce film avec Rosanna Arquette où l'on voit des enfants grandir, sous l'oeil du même réalisateur. En amour, il faut apprendre l'impermanence des choses. Écrire permet de faire remonter des souvenirs, des envies. C'est un peu comme une autopsie. On voit que l'amour est là mais il est un peu mort. L'idée est de trouver comment il est mort...
Pourquoi as-tu choisi ces extraits de "Scènes de la vie conjugale" de Bergman ?
Pour être franc, j'avais une autre idée au départ mais c'était compliqué alors que lorsque je me suis adressé à la Fondation Bergman, j'ai obtenu les droits en quelques semaines. Finalement, je trouve que ça colle bien parce que c'est un vrai dialogue.
Dans l'intermède "Lola pleure", c'est ta fille que l'on entend, non ?
Oui. J'étais en train d'enregistrer des maquettes et ma fille qui avait 6 mois s'est mise à pleurer. J'ai retrouvé la maquette. Je n'ai pas recréé ce moment, il était là.
Est-ce que "a.Mour(s) puise dans une histoire personnelle ?
Il n'y a pas tout moi... mais tous les sentiments sont vrais ! Ce que j'ai écrit me correspond, même si je n'ai pas tout vécu. Ce qui est propre à chacun, c'est la manière de ressentir et de vivre les mêmes situations. Je n'ai pas écrit cet album pour crier ma douleur. C'est juste un point de vue, un angle.

Tu as volontairement composé des musiques plutôt enjouées ?
Je ne voyais pas l'intérêt de rajouter du noir sur du gris !
Même si le propos est pessimiste, on sent qu'il n'est jamais totalement désespéré ?
Peut-être que l'amour commence quand il n'y a plus de passion ? Que c'est juste un truc organique et chimique. Dans ma vie, je suis davantage dans le ressenti que dans l'analyse.
Il faut faire confiance à la vie. Je ne fais jamais d'album sans espoir. La fin d'une histoire, c'est forcément le début d'une autre...

- album ".aMour(s) (Littoral Records/L'Autre Distribution), disponible le 20 septembre 2019.





Une rentrée pétillante avec les Swinging Poules

Du Grand Point Virgule à l'Alhambra en passant par le Théâtre de l'Essaïon, les Swinging Poules ne cessent d'étendre leurs terrains de jeux.  Mieux, elles jouent les prolongations !
Une aubaine pour ceux qui ceux qui abordent cette rentrée avec un brin de vague à l'âme.
Après le succès de leurs "Chansons synchronisées" au début de l'année (voir le 22 mars 2019 sur ce blog), Florence Andrieu, Charlotte Baillot et Caroline Montier, toujours accompagnées de leur fidèle pianiste Philippe Brocard, reviennent donc pour vous faire (re)découvrir quelques standards et pépites du répertoire.
Des demoiselles pétillantes d'humour et de talent, qui n'ont pas leur pareil pour vous donner envie de swinguer dans votre fauteuil avec des refrains comme " La drague pour les nulles", "Je suis irrésistible" ou "Il fait trop beau pour travailler"...

Le mercredi à 21h et le jeudi à 21h30, jusqu'au 21 novembre 2019, à l'Essaïon, 6, rue Pierre au Lard, 
75004 Paris.
Tél.: 01.42.78.46.42. Loc. points de vente habituels. http://www.essaion.com/ 

2 juil. 2019

Rotterdames: entre rock sombre et pop aérienne

(c) Waap.fr
Le nom de l'album est un clin d'oeil à la chanson de Christophe, mais au singulier.
Et singulier, le trio pop-rock Rotterdames (Antoine Boisseau au chant et à la guitare, Louis Le Peltier à la batterie et Valentin Lisotti à la basse) l'est à plus d'un titre.
A contre-courant des tendances de ces dernières années, il chante en français et a enchaîné une bonne centaine de concerts avant d'entrer en studio avec Thierry Chassang (Tryo, Oxmo Puccino...) pour enregistrer les dix morceaux de "Paradis Perdu".
Un premier opus pop-rock qui sonne déjà comme un "classique", tout en affichant une évidente modernité.
Rencontre avec Antoine Boisseau, chanteur et auteur de ces histoires d'amour... qui finissent mal en général.


- "Paradis Perdu" joue beaucoup sur les contrastes, non ?
C'est vrai qu'il y a une alternance de moments très rock et de passages plus légers. Cela permet de montrer d'autres facettes du groupe.
Comme la chanson "Le train" qui sort un peu des rails, si on peut dire ?
Elle apparaît en effet comme un OVNI. Nous nous sommes d'ailleurs demandé si nous allions la garder. Elle fait penser à l'univers du fabuleux destin d'Amélie Poulain. J'aimais bien cette idée de voyage pour clore l'album.
Et celle de mélanger les genres en ajoutant du violoncelle ?
Quand nous avons commencé les prises avec Annie Le Prev qui joue du violoncelle sur "Le train", nous n'avions plus aucun doute, c'était tellement beau. Elle travaille au Conservatoire du Mans et elle est arrivée avec ses partitions. Au bout d'un moment, elle les a mises de côté et la magie s'est installée dans le studio.
Faire du rock en français, c'est un acte de résistance ?
Même si j'apprécie le répertoire anglo-saxon, j'ai toujours aimé écrire en français. Cela me permet de jouer avec le texte.
Certains médias ont évoqué un côté vintage à propos de vos chansons. Vous êtes d'accord ?
J'aime le rock et la pop des années 60/70. On a essayé de recréer cette ambiance là. En même temps, on a fait en sorte que cela ne fasse pas poussiéreux.
Enchaîner les concerts avant d'enregistrer un album, c'est aussi une manière de travailler "à l'ancienne"?
Nous avons donné beaucoup de concerts dans notre ville, au Mans. Nous avions déjà sorti deux EP dont l'un était plus une démo. Lorsque nous avons contacté des labels, on nous a parfois reproché un manque de réalisation, de parti-pris. Pour ce projet d'album, il nous paraissait essentiel de roder les titres sur scène. Cela nous a amené à revoir certains arrangements comme ceux de la chanson "Paradis perdu" qui, au départ, étaient plutôt groovy tendance disco.
C'est vrai que le groupe est né sur les bancs d'un lycée ?
Tout-à-fait. Au début nous étions quatre. L'un des musiciens est parti faire médecine et nous nous sommes retrouvés en trio. Puis la question s'est posée de rester amateurs ou d'aborder ce métier de manière plus professionnelle. Du coup, il y a eu des changements et je suis le dernier des mousquetaires d'origine !
Vos parents étaient d'accord ?
Avant, les parents disaient "passe ton bac d'abord". La barre est plus haute aujourd'hui ! Moi, j'ai obtenu un master d'assurances et finances. C'était le deal.
Vous avez signé les textes des chansons mais les musiques ont été composées par le groupe ?
Cela m'a semblé cohérent d'écrire seul les textes que je dois défendre sur scène. Pour les musiques, j'ai donné quelques idées mais, au final, c'est un travail collégial.
Apparemment vos histoires d'amour sont souvent contrariées ?
Lorsque tout va bien, je n'ai pas vraiment envie d'en parler. La douleur présente plus d'aspérités.
Qui est le musicien qui vous rejoint parfois sur scène ?
C'est Sullivane Albertini qui joue les parties pianos, orgues et violons sur l'album. C'est un peu notre quatrième membre...

- Album "Paradis perdu" (ALV/Syncope Prod/Socadisc/Believe), disponible depuis le 11 janvier 2019. 
En tournée: concert: le 6 juilet 2019, Festival Rocka'Vib, à Vibraye, le 22 novembre à Tours (Les 3 Orfèvres), le 1er décembre à Colombes (SMAC Caf'Muz)...

30 juin 2019

La belle vie avec Cinq de Coeur

(c) Paule Thomas

Assister à un spectacle de Cinq de Coeur est toujours réjouissant, surtout quand il s'intitule "Oh la belle vie !". Et le quintette vocal (Pascale Costes, Karine Sérafin, Sandrine Mont-Coudiol, Patrick Laviosa et Fabian Ballarin) tient ses promesses !
Avec eux, la vie est en effet plus belle. Plus fantasque et délirante aussi car ces chanteurs a cappella n'ont pas leur pareil pour transformer le quotidien en vaste terrain de jeu.
Un terrain où se côtoient Vivaldi, Les Parisiennes, Schubert, Aretha Franklin, Richard Strauss, Joe Dassin ou Maître Gims.
Depuis ses débuts Cinq de Coeur mise sur le mélange des genres: du rock à la variété en passant par  la musique classique, l'opéra, le jazz... Aucune partition ne résiste à ces talentueux artistes dont l'unique credo est de ne jamais se prendre au sérieux.
Sur scène, cinq grands cubes servent tour à tour de lits, de vestiaires, de cabines de douches, voire d'alcôves pour abriter de brefs ébats amoureux.
Après avoir tiré cinq papiers sur lesquels figurent des expressions qu'ils doivent replacer tout au long du show, ces joyeux complices se livrent à des joutes vocales dont on retiendra quelques savoureux tableaux comme le crooner affublé d'un bonnet de bain et tirant sur le tuyau d'une douchette pour déclarer sa flamme, le numéro sexy en diable sur la chanson "Stop !" de Sam Brown, le jonglage (et le chant !) avec des chamallows, les polyphonies corses, la parenthèse romantique sur la chanson "Insensiblement" immortalisée par Jean Sablon ou encore le très enlevé "C'est beau de faire un show" vanté par Annie Cordy.
De quoi redonner le sourire à ceux qui ne partent pas en vacances cet été...

Jusqu'au 31 août 2019, du mardi au samedi à 20h30, mat. le dimanche à 15h, au Théâtre de Paris, salle Réjane, 15 rue Blanche 75009 Paris. 
Tél.: 01.42.80.01.81. http://www.theatredeparis.com/



26 mars 2019

Louis Arlette: "Je veux profiter de l'énergie qui vibre en moi"

(c) Frank Loriou
Son premier album "Sourire carnivore" (en janvier 2018)  posait les fondations d'un univers dont l'intensité nous happait dès la première écoute.
Avec "Des ruines et des poèmes", Louis Arlette, qui a notamment collaboré avec le duo Air et joué du violon au sein d'un orchestre de musique de chambre, confirme brillamment ses talents d'auteur-compositeur.
Des chansons  rock-électro, tourmentées et lumineuses, écrites après un voyage salvateur au Japon.
Au fil des 14 titres,  dont il a assuré la programmation, le piano, les claviers et l'orgue (avec Christophe d'Alessandro), le chanteur fait également référence à  "L'Iliade" et "l'Odyssée" d'Homère et nous offre une électrique relecture de "Je suis un soir d'été", un titre peu connu de Jacques Brel.
Rencontre avec un artiste inspiré...

- Le titre de cet album n'est-il pas antinomique ?
Pas vraiment car les ruines, c'est ce qui reste de notre passé. Ce sont des oeuvres du destin qui appartiennent au temps. Elles font partie de ce patrimoine qu'il faut savoir déchiffrer. Nous vivons une époque très babylonienne, à l'image de Rome avant le déclin...
- D'où l'urgence de ce voyage au Japon ?
Entre le moment où j'ai terminé "Sourire carnivore" et la sortie de l'album, il s'est passé un an. J'ai ressenti alors un grand vide, mesuré tous les écueils. J'ai eu besoin d'aller me perdre au Japon.
- Tu as trouvé l'inspiration que tu cherchais ?
 La première chanson que j'ai écrite est "Tokyo". Ce qui m'a interpellé là-bas, c'est cet effet miroir par rapport à l'Occident. Ici, nous sommes fascinés par la lumière, tandis qu'au Japon on utilise l'ombre, un peu comme un négatif. Les gens sont davantage dans la retenue, à l'image d'un lac tranquille. Mais derrière, on sent quelque chose qui bouillonne.
-  Dans "Sourire carnivore" tu avais gardé la main sur tout. Pour "Des ruines et des poèmes", tu as lâché du lest, non ?
C'est vrai. J'ai fait appel à Philippe Paradis qui avait notamment travaillé avec Zazie sur l'album "Rodéo" pour la réalisation. J'adore aussi son jeu de guitariste. "Sourire Carnivore" était nécessaire pour que je puisse avoir cette liberté aujourd'hui. Dans ce sens, j'ai l'impression d'avoir progressé et creusé plus profondément. J'ai sorti le premier disque après dix ans de studio. J'ai dû faire un travail sur moi pour désapprendre et me consacrer à la recherche de la sincérité. Je pense souvent à Picasso qui affirmait: "J'ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant".
- Pourquoi as-tu choisi d'enregistrer la chanson "Je suis un soir d'été" de Brel  qui est loin d'être la plus connue ?
C'est un titre que j'interprétais déjà sur scène. L'idée était de ne pas céder à la facilité en reprenant l'un de ses grands succès. J'ai eu envie de lui donner un nouveau souffle. J'ai donc accéléré le tempo pour le rendre plus pop. Pour moi, Brassens fermait un peu la porte derrière lui, alors que Brel a ouvert tout un champ des possibles !
- C'est vrai qu'à l'origine le titre "L'ange" devait s'appeler "Nyx" (déesse de la nuit personnifiée)?
Tout-à-fait. Jusqu'à ce que je découvre que c'était aussi le nom d'une marque de cosmétiques !
- D'où vient cette passion pour la mythologie ?
Pochette de l'album "Des ruines et des poèmes"

Je suis fasciné par le côté transmission de la mythologie. Tout comme je suis bouleversé par le poème de François Villon "La ballade des pendus". Ce qui me chagrine, c'est que cette transmission va peut-être s'arrêter...
- Lors d'un précédent entretien, tu avais évoqué la possibilité de réunir tes notes dans un ouvrage. C'est encore d'actualité ?
L'envie est toujours là. Mais j'y céderai sans doute plus tard, lorsque je me sentirai fatigué,  près de la retraite... Pour l'instant, je veux profiter de cette énergie qui vibre en moi. C'est quelque chose de très physique et explosif.  J'écrirai un livre une fois que la tempête sera apaisée...

- Album "Des ruines et des poèmes" (Le bruit Blanc), disponible depuis le 15 mars 2019.
- En showcase: le 13 avril 2019, à 16 h chez Gibert Barbès (Disquaire Day) et le 31 mai, à 18 h, chez Gibert Saint-Michel

22 mars 2019

Le swing ravageur des Swinging Poules

(c) Paule Thomas
"Bienvenue dans le poulailler. Accrochez-vous, ça va swinguer !" préviennent Florence Andrieu, Charlotte Baillot et Caroline Montier au début du spectacle "Chansons synchronisées",  mis en scène par Flannan Obé.
Et elles tiennent généreusement leurs promesses !
Dès les premières chansons, on ressent des fourmillements dans les jambes et une irrésistible envie de taper des mains.
Qu'elles prennent la pause pour "La biaiseuse", vantent la douceur du "Lundi au soleil", rappellent qu' "Il fait trop beau pour travailler" ou nous embarquent pour "Syracuse"... on tombe littéralement sous le charme ravageur de ces chanteuses et comédiennes. Un trio qui maîtrise l'art de faire du neuf avec de l'ancien.
Quant à leurs envolées vocales, elles n'ont décidément rien à voir avec le caquetage des volailles dont elles ont malicieusement emprunté le nom.
Femmes fatales, pétroleuses, délicieusement impertinentes et farouchement libres, les Swinging Poules font régner un vent de douce folie sur la scène. Et ce n'est pas Philippe Brocard, leur talentueux pianiste qui dira le contraire !
On applaudit également leur relecture du fameux "Cresoxipropanidiol en capsules" (interprété par Ginette Garcin, sur des paroles de Jean Yanne). Un remède à prendre dans un verre d'eau sucrée et qui fait, paraît-il, des miracles quand on n'a pas le moral.
On vous recommande plutôt de filer à l'Essaïon...

 Les lundis, mardis et mercredis, à 21h30 (relâches le 25 mars et le 9 avril) au Théâtre de l'Essaïon, 6, rue Pierre au Lard, 7004 Paris. 
Tél.: 01.42.78.46.42. Prix: 20 € et tarifs réduits à 15 €. 
http://www.essaion.com/

7 mars 2019

Lili Cros & Thierry Chazelle célèbrent les dix ans de leur duo à l'Olympia

(c) Arno Lam
Elle a passé son enfance en Côte d'Ivoire et lui au Havre. Elle possède un timbre puissant aux intonations jazzy, joue de la basse, tandis que lui accompagne son phrasé de conteur à la mandoline et à la guitare électrique.
Chacun suivait son chemin avant de franchir l'Atlantique pour se retrouver sur une même scène... au Québec !
Voilà pour la petite histoire car pour la grande, il faut les découvrir en concert.
Les duos ne sont pas si rares dans la chanson française mais celui formé par Lili Cros et Thierry Chazelle est un réel enchantement. A l'image de leur répertoire: un pétillant cocktail de fantaisie, de poésie et de touchantes émotions.
Pour fêter leurs dix ans de carrière, ils ont eu la belle idée de se produire, en formule intimiste, dans dix appartements (à Paris et en Banlieue) avant d'investir l'Olympia !
Mais que ce soit devant 40 ou 2000 spectateurs, ces artistes généreux vous embarquent d'emblée dans leur univers. Un univers où se croisent "Monsieur Gaston", "Clint Eastwood", "L'homme de sa vie", des parents dépassés par ces petits qui poussent trop vite... Des chansons écrites et composées pour la plupart à quatre mains, qu'ils interprètent successivement en duo ou en solo. Chacun cultivant son "Jardin des mélancolies" pour évoquer ce vieux copain parti en éclaireur ou les grands-mères et leur indispensable "Petit écho de la mode".
Pour la réouverture des Trois Baudets, ils ont même concocté les facétieux couplets du "Client d''Erotika". Quant à Thierry qui se verrait bien en Humphrey Bogart, il nous régale d'un réjouissant "Mon hit, mon hat" pour élucider la présence de ce petit chapeau qu'il ne quitte jamais, ou presque.
Alors lorsqu'ils chantent avec une tendre complicité "Je sais pas où on s'ra demain, tout va bien, tu me tiens par la main..." on sait que nous, on s'ra sûrement à l'Olympia !

Le 18 mai 2019, à 20 heures, à l'Olympia, 28, Boulevard des Capucines, 75009 Paris.  
Tél.: 08.92.68.33.68.  Places: de 16 à 37 €
 http://www.olympiahall.com/
Et en tournée: le 8 mars 2019 à Pornichet (Quai des Arts), le 15 mars à Pace (Le Ponant), le 16 mars à Couéron (Théâtre Boris Vian), le 22 mars à Pithiviers (Théâtre du Donjon), le 23 mars à Veretz (Salle Boiseau), le 29 mars , La Neuville Chant d'Oisel (Salle Guy de Maupassant), le 30 mars à  Jarny (Espace Gérard Philipe)...

18 févr. 2019

Joachim Horsley: un virtuose sans partitions

(D.R)
Avec son look de premier de la classe, on l'imagine mal empruntant des chemins buissonniers ! Pourtant, le parcours de Joachim Horsley n'a rien d'académique. Formé au piano dès l'âge de 5 ans, il n'intégrera jamais le conservatoire.
A l'adolescence, alors que les futurs concertistes préparent sagement les concours pour décrocher des premiers prix, Joachim s'entoure de professeurs tels que Chris Brubeck (le fils de Dave) et Samuel Adler qui lui permettront d'assouvir sa passion pour le jazz et l'improvisation.
Au fil des années, cet insatiable curieux ira également butiner du côté de la pop, du rock et des musiques latines.
Après des collaborations avec des artistes comme John Legend ou pour des longs métrages ("Ouija", "The Possession", "Rabbit Hole"...) et documentaires ("Great Migrations", diffusé sur la chaîne National Geographic), ce multi-instrumentiste (claviers, percussions, guitares...) vient d'enregistrer un premier album intitulé "Via Havana" (dont il a assuré la production, le mixage et l'essentiel des arrangements). 
Un projet audacieux et captivant, dans lequel il célèbre le mariage inattendu entre compositions classiques (Beethoven, Mozart, Shostakovitch, Mahler...) et musique cubaine. Avec des titres aussi exotiques que "Amadeus Guanguanco", "Vodou Moldau", "Scheherazade in Cape Verde", "Mahler's Resurrection Rumba"...
Et le succès est à la hauteur du défi puisque sa version du 2ème mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven, à la sauce cubaine, a été vue par près de dix millions d'internautes.
Lors de son passage au Café de la Danse, le 24 janvier dernier, le public a réservé un accueil enthousiaste à ce virtuose qui joue évidemment sans partitions.

- Album "Via Havana" (Wagram Music), disponible depuis le 15 février 2019.
- En concert les 20 et 21 mars 2019, à 20 heures, 
au Café de la Danse, 5, Passage Louis-Philippe, 75011 Paris. 
Tél.: 01.47.00.57.59. Loc. points de vente habituels. Prix: 25 € 
 http://www.cafedeladanse.com/


Roman Roses: "J'adore jouer et faire plaisir aux gens !"

Si vous êtes des habitués des stations République ou Place d'Italie, vous l'avez sûrement entendu dans "SOS d'un terrien en détresse" (extrait de Starmania) ou "Comme ils disent" de Charles Aznavour.
Difficile en effet de ne pas s'attarder le temps de quelques refrains,  pour écouter ce jeune artiste à l'impressionnante tessiture vocale que les plus curieux ont pu découvrir dans l'émission télévisée "Nouvelle Star".
Une heureuse parenthèse dans le parcours de Roman Roses qui a repris sa guitare pour retrouver son public le plus fidèle: les usagers du métro ! Un public généreux aussi puisqu'il lui a permis de financer son second album "Queen Of Stars", disponible depuis le 5 février dernier.
Pas de relecture de succès passés et actuels, cette fois, mais des chansons dont il a signé paroles et musiques comme "Mister Badaboum", "Parisiens Parisiennes", "Paradise Bobo Artist" ou encore "Presque célèbre"...

Depuis combien de temps chantez-vous dans le métro ?
Cela fera deux ans en mai prochain. Mais je fais de la musique depuis l'âge de 16 ans. J'ai sorti un premier single à 17 ans sur un label basé à Annecy, ma ville natale. J'ai adoré l'ambiance du studio d'enregistrement. Du coup, à 20 ans, j'ai créé ma propre société avec ma prof de droit. Durant trois ans, j'ai pu enregistrer et accompagner de jeunes talents locaux dans mon studio. Après, j'ai préparé (et réussi) un concours pour une école d'ingénieur du son à Paris.
Vos influences musicales sont assez variées, non ?
J'aime en effet la pop anglo-saxonne, le rock, la chanson française, le rap... Et, du côté de mon père qui est d'origine portugaise, j'ai été bercé par le fado. Mais mon idole demeure Freddie Mercury.
Quel souvenir gardez-vous de votre passage dans l'émission Nouvelle Star ?
C'est une vitrine incroyable. Cela m'a apporté une belle visibilité car les gens me reconnaissent dans la rue alors que cela remonte à un an et demi et que je ne suis même pas allé en finale ! J'ai eu un bon contact avec Nathalie Noennec qui faisait partie du jury (avec Benjamin Biolay, Coeur de Pirate et Dany Synthé). C'est une grande directrice artistique et une femme adorable. Je l'ai revue dans le métro. Elle était sortie de la rame en reconnaissant me voix.
On peut vraiment gagner sa vie et financer un album en se produisant dans le métro ?
En ce qui me concerne, oui. Et comme je suis mon propre producteur, je vends mon disque sur place et les bénéfices sont pour moi. Dès que j'ai débuté dans le métro, j'ai fait des tableaux Excel pour savoir où j'allais.
Comme pour une petite entreprise ?
Je suis issu d'une famille d'entrepreneurs. C'était important pour moi de cibler les créneaux horaires, les bonnes stations...
Et quelles conclusions en avez-vous tiré ?
J'ai abandonné le début d'après-midi car il y a un moment de creux entre 14h et 16h. Je joue tous les jours entre 16h à 19h. Et, pour capter l'attention, il faut faire des reprises. Dans ce domaine, il y a  des best-sellers: en ce moment c'est "SOS d'un terrien en détresse". L'an dernier, c'était "Perfect" d'Ed Sheeran. Il suffit d'accrocher une personne pour en attirer d'autres.
Et les stations les plus favorables ?
Il faut choisir celles qui ont des correspondances. Dans la rue c'est au Trocadéro ou devant Notre-Dame. C'est parfois compliqué au niveau de l'amplification et des mesures de sécurité. Mais une fois, un policier ma reconnu et il m'a même acheté un album !
Il  y a aussi des inconvénients ?
Bien sûr. Les courants d'air, la pénibilité pour transporter son matériel, les vols, les agressions... Récemment, je me suis retrouvé avec un oeil au beurre noir et deux dents cassées. Depuis, j'ai évidemment une certaine appréhension, mais j'adore jouer et faire plaisir aux gens. Même si j'aspire à sortir bientôt du métro...

14 févr. 2019

"Piano Paradiso": les nouvelles facéties musicales d'Alain Bernard

(c) Shérif Scouri
Après le succès de "Piano Rigoletto" dont le propos était de nous conter, à sa manière farfelue, une histoire de la musique (voir le 20 janvier 2013 sur ce blog), Alain Bernard était revenu avec "Piano Paradiso" qui joue ici les prolongations.
Sur les conseils de Pascal Légitimus (metteur en sccène de son précédent spectacle) il a travaillé cette fois avec Gil Galliot pour orchestrer ses nouvelles pérégrinations dans les coulisses de la musique.
Des pérégrinations dont le point d'orgue est un hommage aux grands compositeurs du 7ème Art: d'Ennio Morricone à Nino Rota en passant par Michel Legrand, Francis Lai, John Williams ou Maurice Jarre.
Mais très vite le facétieux musicien et humoriste nous entraîne dans des digressions plus personnelles sur son histoire d'amour avec le piano. Une histoire qui prend ainsi les traits de la redoutable Mademoiselle Ducoulombier, un professeur à la main leste, qui ne goûte guère ses improvisations sur Mozart !  Frustré mais toujours accro au clavier, le jeune Alain décide donc d'affiner son doigté en reproduisant les tubes entendus à la radio ou les génériques de séries télévisées.
Le public est alors invité à reconnaître, en quelques notes, les succès de Fugain, Jonasz, Berger, Sardou, Delpech mais aussi des Mystères de l'Ouest, des Brigades du Tigre, du célèbre
Commissaire Maigret.
Au passage, il évoque avec humour et une pointe de nostalgie ses années de piano-bar, d'animateur de soirées, les aléas d'un compositeur de jingle pour la publicité qui, cent fois sur le clavier doit remettre son ouvrage pour trouver les accords d'une petite valse mélancolique.
"Le travail des compositeurs, c'est de mettre des notes sur les émotions" explique Alain Bernard. Et ce dernier s'y entend pour faire passer toute une gamme d'émotions dans la salle.

Chaque lundi à 19h30, jusqu'au 1er avril 2019, au Théâtre des Déchargeurs, 3, rue des Déchargeurs, 75001 Paris.
Tél.: 01.42.36.00.50. http://www.lesdechargeurs.fr/

1 févr. 2019

Robyn Bennett: question de feeling...

(D.R.)

Elle porte le nom d'un des derniers grands crooners américains... mais ce n'est qu'un heureux hasard ! Toutefois, le parcours de Robyn Bennett dans la musique était  inscrit dans ses gènes : «il paraît que j'ai commencé à chanter et danser dès que j'ai su parler » confie-telle. 
Plus tard, ses rêveries d'adolescente seront bercées par les chansons de Frank Sinatra... avant qu'elle ne découvre Harry Connick Jr sur scène. Le coup de foudre artistique est immédiat. 
Comme celui qui marque la rencontre entre la vocaliste originaire de Pennsylvanie et le tromboniste Ben van Hille. Après deux albums de reprises de standards, ils enregistrent « The Wait » (en 2013) puis « The Song Is You » (en 2016), avec le groupe Bang Bang. Des compositions originales qu'il écrivent et composent à quatre mains. D'une manière générale, on dira qu'elle exprime ses sentiments tandis que lui les habillent de mélodies qui vous cueillent pour ne plus vous lâcher...Mais l'inverse est aussi vrai ! 
Baptisé "Glow", le nouvel opus (sorti le 25 janvier dernier) est dans une veine résolument plus moderne. Et le timbre puissant de Robyn y résonne avec une joyeuse sensualité et un sacré feeling. 
« Glow, c'est quand vous êtes avec quelqu'un qui vous fait sentir que tout est possible. Que vous pouvez dire et faire ce que vous avez toujours voulu... ». 
Douze titres, écrits et composés sur des tempos pétris de swing, entre jazz, pop et soul, dont certains ont vu le jour sous un porche de la Nouvelle-Orléans. 
Bang Bang étant parti pour d'autres aventures, elle s'est entourée de nouveaux musiciens: Julien Omé (guitare), Gino Chantoiseau (contrebasse), Davy Honnet (batterie), Laurian Daire (claviers) Greg Zlap, (ancien harmoniciste d'Hallyday), tandis que l'efficace section cuivres est assurée par Xavier Sibre (saxophones) et Ben van Hille au trombone.
Nul doute que Robyn fera briller cette belle lueur sur la scène du Café de la Danse. 

Le 2 février 2019, à 20 heures (avec Saandia en première partie), au Café de la Danse,5, Passage Louis Philippe, 75011 Paris. 
Prix: 22 € et tarif réduit à 15 €. Tél.: 01.47.00.57.59. 
Et en tournée: le 8 février à Illkirch-Graffenstaden (L'Illiade), le 28 février à la Cité de la Musique et de la Danse de Soissons, le 7 mars Brioude (Halle aux Grains), le 15 mars à Nantes (Le Ferrailleur), le 16 mars à Brest (Le Vauban), le 30 mars à Bordeaux (Rock School Barbey)...