Accompagné par son fidèle complice Ostax à la guitare, il a touché le public, toutes générations confondues. Rencontre avec un artiste qui confesse lui-même dans sa biographie: "j'aime les mots, d'aussi loin que je m'en souvienne". Nul doute, que le public d'Amou se souviendra longtemps de son passage dans les arènes...
Vous dites volontiers que vous préférez les rencontres aux rendez-vous ?
C'est vrai. Pour moi, la scène est avant tout une rencontre, dans le sens où mon propos est d'établir le dialogue.
Certains journalistes vous ont surnommé "le griot de l'asphalte et du béton". Vous êtes d'accord ?
Je ne sais pas trop. Je me suis parfois épuisé à définir ce que je fais. Les slameurs disent que je fais de la chanson car le slam est normalement a cappella. Ce qui est sûr, c'est que ma démarche a quelque chose d'urbain.
Vous avez pourtant tenté de vous définir en rédigeant vous-même votre biographie ?
Sans doute parce que je trouve que, souvent, les biographies ressemblent à des nécrologies ! Je préfère l'idée de raconter une histoire.
La vôtre est marquée par vos racines allemandes et algériennes ?
Oui. Comme je l'ai écrit, les mots ont été pour moi le moyen de rassembler les pièces de mon puzzle ! Mes deux grands-pères ont fait la guerre contre la France. Mon vrai pays, c'est la langue française. Celle avec laquelle je rêve, que je je parle avec mon fils.
Vous avez une vraie complicité avec votre compositeur et guitariste Ostax ?
Cela fait un moment que nous travaillons ensemble. Je ne pourrais pas défendre un texte avec lequel il ne serait pas d'accord. L'idée est que chacun s'exprime à sa manière. Lui avec les cordes de sa guitare, moi avec mes cordes vocales...
Vous vous défendez d'être didactique dans vos propos, non ?
Je n'ai pas envie d'accabler le public avec des jugements moraux ou des constats d'impuissance. L'envie de croire est déjà une victoire ! Ce qui m'intéresse c'est de passer par le jeu avec la langue, les glissements de sons et de sens. Et quelques tiroirs, parfois. Je mets à point d'honneur à ne jamais mettre de références dans mes textes. Je me suis toujours méfié des artistes qui mettent l'art au service d'une cause. La parole n'est pas gratuite. Je me méfie tout autant du camp du bien qui conduit à une espèce de suffisance dans l'écriture. Je suis attaché à la liberté d'expression mais je veille à ne blesser personne. La vitalité de la démocratie, elle est là aussi. Je crois à l'empathie avec le public et j'aime me mettre en danger.
Comme lorsque vous demandez aux spectateurs de choisir les mots de votre prochain texte ?
Je viens de l'improvisation. C'est une manière de montrer l'envers du décor. Je ne sais jamais où cela va m'emmener.
Le parti-pris de l'écoute gratuite sur votre site, est aussi un risque assumé ?
Je suis convaincu que la musique doit circuler librement. Mes disques ("Luttopies", "St-Germain-d'Après"...) sont en effet en écoute gratuite. Entre le moment où l'on écrit un texte et où il commence à exister il peut se passer deux ans. Moi je partage tout de suite. En procédant ainsi, j'achète ma liberté.
Parlez-nous de cette création avec le Quatuor Debussy ?
J'aime les projets pluridisciplinaires. J'ai participé en juillet dernier à la création d'un spectacle "Les Sept dernières Paroles du Christ en Croix" de Haydn", avec le Quatuor Debussy. Nous avons joué la première à l'Abbaye de Cruas (Festival "Cordes en Ballade"). L'idée était de faire ressortir l'aspect humaniste en gommant le côté religieux. Le pire danger dans notre métier, c'est de rester dans ses zones de confort. Pour moi, la routine c'est un peu comme de la mauvaise herbe que l'on peine à arracher...
Site: http://mehdikruger.com/
En tournée: le 28 octobre 2017 à Stavelot (Belgique), le 22 novembre au Festival "Le Quesnoy En Chanteur(s)", Le Quesnoy (59), le 25 novembre au Festival "Chansons Buissonnières", à Charnècles (38)...
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