28 oct. 2022

"Sanga": un spectacle engagé, entre rap et théâtre

(c) Fabienne Rappeneau



 "Je viens d'un pays où les femmes se cachent. Aujourd'hui, je me marie avec un homme que je ne connais pas. Je m'appelle Sanga. J'ai neuf ans..." déclame une voix avant que la scène ne s'éclaire. Une scène parsemée de petites cocottes en papier. Car, avant que les adultes ne décident de son destin, Sanga s'amuse comme toutes les petites filles de son âge... 
Si le propos de ce spectacle présenté par la Compagnie Indigo et P.A.M. est évidemment grave, la force de "Sanga" est de ne jamais sombrer dans le côté dramatique. Dès que l'émotion nous gagne, on sent poindre un sourire en découvrant la faconde de la femme qui l'aide à s'apprêter pour le grand jour, ses rêves d'évasion, les trucs de filles qu'elle partage avec une copine...
Ecrite et mise en scène par Clio Van de Walle, cette réflexion sur la situation des femmes dans des pays pas si lointains, peut parfois dérouter. Entre théâtre, danse contemporaine et rap, on navigue en effet  entre la vie de la gamine de 9 ans  et la jeune fille qu'elle deviendra plus tard tandis que certains comédiens endossent plusieurs personnages. Un parti-pris qui donne le sentiment d'une société multiple, brassant cultures et origines. 


(c) Fabienne Rappeneau

 
Quant à la petite fille, elle a trouvé la parade: ce qu'elle ne peut plus dire, elle va l'écrire et l'exprimer dans le rap. Et elle le fait avec un certain talent et une touchante émotion. Des séquences, accompagnées par le compositeur et musicien Mathias Louis, qui rythment bien l'ensemble. Au point qu'on en souhaiterait davantage...
Un voyage initiatique qui parle de tolérance, de libre arbitre et d'espoir auquel le jeune public est convié, à partir de 11 ans.

Jusqu'au 9 décembre 2022, tous les vendredis à 19h, au Théâtre La Flèche, 77, rue de Charonne, 75011 Paris. Tél.: 01.40.09.70.40. www.theatrelafleche.fr

23 oct. 2022

La fantaisie débridée des Divalala













(c) Karo Cottier


Depuis leur premier spectacle "Chansons d'amour traficotées", les Divalala brodent à l'envi sur le thème du sentiment amoureux. Du coup de foudre à la rupture en passant par les premiers rendez-vous, le coeur qui s'embrase, le doute, les trahisons... Et pour elles, le répertoire français est une inépuisable source d'inspiration ! 

Avec leur dernière création "C'est Lalamour !" (mise en scène par Freddy Viau et chorégraphiée par Eva Callandreau),  Angélique Fridblatt, Gabrielle Laurens et Marion Lépine offrent  des reprises drôles et décalées de ritournelles populaires telles que "Capri, c'est fini",  "Comme un ouragan",  "Est-ce que tu viens pour les vacances", "Je vais t'aimer", "Destinée"... Aguicheuses en diable, elles n'hésitent  pas à jeter leur dévolu sur un spectateur pour lui adresser de brûlantes déclarations. 
Après avoir endossé des tenues de sport le temps de s'interroger sur l'humeur parfois légère des "Garçons dans les vestiaires", elles reviennent plus glamour que jamais avec l'envoutant "Madame Rêve" d'Alain Bashung. 


(c) Karo Cottier

Outre ses qualités vocales et une fantaisie totalement débridée, le trio, qui s'accompagne à l'occasion de flûtes ou d'un ukulélé,  maîtrise également l'art du détournement de texte. Comme  "
Les nuits d'une demoiselle" une chanson franchement érotique interprétée par Colette Renard reprise ici dans une version 2.0. à l'usage des geeks. 
On salue également la performance de la jeune femme, larguée par un laconique "Voilà, c'est fini" sur répondeur, qui suggère au goujat un chapelet d'expressions nettement plus lyriques, sur le modèle de la fameuse "Tirade du nez" de Cyrano de Bergerac.

Des artistes pétillantes d'énergie qui savent aussi se métamorphoser en tendres mamies pour interpréter le touchant "Oh non ce n'est pas toi" de Cora Vaucaire. Et , quand vient la séparation et le partage des vinyles, elles renoncent à Daho, Bowie, Madonna... pour s'accrocher à celui de leur idole Frank Sinatra. L'occasion pour elles de butiner du côté du répertoire anglo-saxon avec une vibrante reprise de "Strangers in The Night".  


Jusqu'au 27 décembre 2022, tous les mardis, à 19h30, au Grand Point Virgule, 8bis, rue de l'Arrivée, 75015 Paris. Tél.: 01.42.78.67.03. www.legrandpointvirgule.com
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18 oct. 2022

Kader Belarbi: "la danse appartient à tous"

Kader Belarbi et Jean Glavany (c) Célia Pernot

Sur le site du Théâtre du Capitole qu'il dirige à Toulouse depuis août 2012, on peut lire que Kader Belarbi se distingue par une inépuisable curiosité et un appétit renouvelé d'aventures dansées. Après avoir magnifiquement servi de grands noms de la danse tels que Nijinski, Balanchine, Béjart, Noureev, Robbins, Carlson, Kyliàn, Forsythe, Preljocaj, Bausch... et créé une quarantaine de chorégraphies, l'ancien danseur étoile se lance dans une nouvelle aventure. Sans doute celle qui lui tient le plus à coeur puisqu'il s'agit d'une fondation qui porte son nom. Lancée officiellement au Carreau du Temple à Paris, il y a quelques jours, aux côtés de Jean Glavany (ancien ministre et directeur de la fondation), elle a pour ambition de soutenir et promouvoir la danse et la création chorégraphique sous toutes ses formes et par tous les moyens. 

"J'ai eu la chance d'intégrer l'une des écoles les plus prestigieuses au monde: l'Ecole de Danse de l'Opéra de Paris. Cette institution de la République m'a permis d'étudier l'art de la danse, gratuitement et dès mon plus jeune âge" se souvient Kader. Dans la distribution des rôles, il endosse cette fois celui du passeur: "parce que la danse est un lien social et humain. Elle laisse des empreintes".

La Fondation Kader Belarbi (sous l'égide de la Fondation de France), s'articule autour de trois axes: Le FAB (comme fabrique de la danse), le LAB ( laboratoire de développement) et enfin le KAB pour la préservation, l'archivage et la diffusion des oeuvres.  Parmi les actions prévues: l'attribution de prix et de bourses pour les jeunes danseurs et chorégraphes, un mentorat artistique pour soutenir et accompagner de nouveaux talents...


Atelier lors du lancement de la Fondation Kader Belarbi
(c) Philippe Escalier

Du projet à la concrétisation, il n'y avait qu'un pas... joyeusement franchi par les 17 élèves de 6ème et de 5ème  (14 filles et 3 garçons) du Collège Jean Vilar de La Courneuve qui ont présenté, le soir même,  un spectacle dont ils ont imaginé en quatre jours la chorégraphie. Une initiative qui s'inscrit dans le cadre des ateliers "Corps & Graff".

"La danse appartient à tous. Pour moi, il n'y a pas de barrières, ni de limites à quoi que ce soit. J'ai été touché par l'enthousiasme d'une élève qui m'a dit: " moi, quand je danse, je déchire !" confie Kader. Interrogé sur les années à venir, il ajoute "j'espère que notre fondation apportera un souffle créatif dans la connaissance et la rencontre de l'autre"...

- Fondation Kader Belarbi (abritée par la Fondation de France), 40, Avenue Hoche, 75008 Paris.

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4 oct. 2022

Melkoni Project : un duo au charme intemporel qui fait rimer jazz et chanson française

(c) Gwen Cahue

Louise Perret et Gwen Cahue se sont rencontrés grâce à un ami commun et ont décidé d'unir leurs talents, en 2018, sous le nom de "Melkoni Project" pour célébrer les noces du jazz et de la chanson française. 
Résultat, un album éponyme qui mêle compositions originales et des reprises inspirées de chansons de Nougaro ("A bout de souffle"), Barbara ("A chaque fois"), Trénet ("Fleur bleue") ou encore "Sodade", une adaptation française du titre immortalisé par Césaria Evora.
Chanteuse, compositrice et auteure, Louise a étudié le violoncelle durant ses jeunes années avant de se produire en duo avec sa soeur Alice, sous le nom des "Soeurs Picotines". Photographe de métier et guitariste autodidacte,  Gwen, originaire de Nantes, a baigné très tôt dans le jazz manouche,  enregistré deux albums ("Memories of Paris" et "Margin Call"), participé aux spectacles "Autour de la guitare", orchestrés par Jean-Félix Lalanne... avant de se laisser séduire par la belle aventure de "Melkoni Project". "L'idée était de créer un véritable dialogue guitare-voix" confie ce dernier. 
Un dialogue teinté de mélancolie (traduction en breton de melkoni), mais aussi de jolies envolées ("Arc-en-ciel"), de déclarations d'amour ("Le jardin"), de nostalgie ("Le bois joli") et de sensualité ("Gin"). 



"Nous avons un peu galéré pour trouver un nom de scène. Nous voulions qu'il évoque à la fois la mélancolie mais aussi une certaine sensibilité. Il n'est pas exclu que nous supprimions le mot project à un moment donné. Nous parlons aussi du temps qui passe et contre lequel nous ne pouvons rien faire  mais, dans les textes, il n'y a rien de "plombant" ajoute Gwen. Un propos que confirme Louise: "Moi, je ne suis pas dans le regret". 
Et  ce premier album, enregistré avec la complicité de Julien Brunard (violon, alto) et William Brunard (violoncelle, contrebasse) est incontestablement une réussite. Une belle et swinguante invitation à goûter, même de manière fugace, aux petits bonheurs que la vie peut nous offrir.
Sur scène, Louise  Perret et Gwen Cahue reprennent également "La tendresse", une chanson rendue célèbre par Bourvil. Leur version a connu un véritable succès sur YouTube ! 
"Je suis toujours surprise de voir que nous pouvons toucher des publics de tous âges. Un soir, après un concert, un jeune au look un peu punk, est venu nous voir en larmes. Il a dit qu'il ne connaissait pas notre répertoire et il nous a dit merci" se souvient Louise.
Un duo au charme intemporel qui fait "jazzer" la chanson française... à moins que ce ne soit l'inverse.

- Album "Melkoni Project" (Label Ouest/Bayard Musique et Hachette Livre Distribution).

- En tournée: le 6 octobre 2022 à Nantes (Théâtre Neutre), le 9 octobre au Festival Georges Brassens à Paris, le 18 octobre à Ivry-sur-Seine (Théâtre Antoine Vitez), le 25 novembre à la Manufacture Chanson à Paris, le 16 décembre à Varades (Espace Alexandre Gautier), le 25 mars 2023 au Théâtre de Roanne..-

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