19 mai 2021

Frédéric Zeitoun: "Mes chansons célèbrent la vie"

(c) Bruno Tocaben
A l'écoute de "J'aimerais", le nouvel album de Frédéric Zeitoun, on a le sentiment de nouer une conversation complice sur les amours qui s'achèvent   ("Science exacte"), celles qui persistent ("Tant que tu es là"), les conseils à transmettre (avec  réserve !) à ses enfants ("Apprends à désobéir"), le besoin d'humour ("Rire de tout") et surtout l'urgence de... prendre le temps de "Vivre, vivre".
 On connaît le matinal chroniqueur de France 2, le co-auteur (avec François d'Epenoux) du beau  spectacle "L'histoire enchantée du petit juif à roulettes", celui qui a prêté sa plume à des artistes comme Frédéric François, Louis Bertignac, Daniel Lévi, Annie Cordy, Enrico Macias, Zaz, Georges Chelon... Mais, avec cet opus de 12 chansons originales, arrangées et réalisées par le talentueux Gérard Capaldi, le chanteur nous ouvre grand la porte sur ce qui l'anime : "Mes chansons célèbrent la vie !". 
Outre une insatiable passion pour la chanson et ceux qui la servent si bien, Frédéric n'a pas son pareil pour faire valser notre vague à l'âme en nous racontant des histoires pétries d'humanisme, de sensibilité, mais aussi d'un salutaire sens de l'auto-dérision. A l'instar de "J'aime tout le monde", à ne pas prendre évidemment au pied de la rime. Avec cette chanson qui ouvre l'opus, il nous régale d'une généreuse et enivrante rasade de bonne humeur, "une joie nécessaire" comme l'indique Serge Lama dans une amicale dédicace. "Je l'ai écrite en une heure, alors qu'une amie me vantait le charme de la Canebière où tout le monde s'aime ! Et la musique m'est venue naturellement. La plupart du temps, si je ne trouve pas les notes, je fais appel à ceux qui ont ce talent".  En l'occurrence, Michel Fugain, Yves Duteil, Jean-Claude Ghrenassia ou encore Erik Berchot ( pianiste de Charles Aznavour) qui ont signé ici quelques mélodies.
Dans "J'aimerais", qui donne son titre à l'album, il égrène une suite de voeux pieux dont on se doute bien que peu seront exaucés ! "Une chanson pleine d'espoir... mais sans illusion" confesse-t'il. 
Et lorsqu'il évoque ce tableau dont il a oublié le nom du peintre dans "La vie sur son visage", on fond littéralement pour cette pudique déclaration d'amitié à Gérard Davoust (producteur et éditeur) " Il était persuadé que je l'avais écrite en pensant à Charles Aznavour. Ce n'est qu'avant d'entrer en studio que j'ai osé lui dire qu'elle était pour lui". 
Rêvant de vivre de ses chansons et de les interpréter très bientôt sur scène, il ajoute : "Si cet album rencontre le public, je serai le plus heureux des hommes". Qu'il se rassure, ce voeu là risque fort d'être exaucé !

- Album "J'aimerais" (Roy Music), disponible le 28 mai prochain.

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18 mai 2021

Clémentine : Avec "Quel temps fait-il ?", je sors de mon confort".


(c) Solita Durin
En France, lorsqu'on parle de clémentine, on pense tout d'abord à la saveur délicieusement acidulée du fruit. Mais, au Japon, il évoque une véritable star aussi populaire que le Mont Fuji ! Une chanteuse française qui a vendu là-bas plus de 4 millions d'albums en trente ans de carrière.
Après un premier 45 T  "Absolument Jazz", sorti à la fin des années 80 et un album "Mosaïques" qui n'a pas vraiment rencontré son public, Clémentine s'est lancée dans une nouvelle aventure en France: un album  intitulé  "Quel temps fait-il ?" (dans les bacs le 28 mai prochain). 
De "Cresoxipropanediol en capsule", "Le mambo du légionnaire" de Jean Yanne à  "La fille qui fait Tch Tch" de Serge Gainsbourg en passant par "Souviens-toi des flonflons du bal" une chanson de Michel Vaucaire et Charles Dumont, immortalisée par Edith Piaf,  "Frou frou" ou "Relaxez-vous", en duo avec Jean-Claude Dreyfus, Clémentine revisite, en compagnie de ses musiciens sud-américains,  quelques refrains plus ou moins connus du répertoire. Des pépites qu'elle pare d'un nouvel éclat et de jolies couleurs latinos.
Rencontre avec la plus parisienne des stars au Pays du Soleil-Levant, qui vit toujours dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés.

- Comment a débuté votre carrière au Japon ?
Je venais de sortir "Absolument jazz" chez CBS France. Lors d'une visite des représentants de CBS Japon, ils m'ont proposé d'enregistrer un album car ils adoraient ma voix. Je suis donc partie là-bas, en compagnie de mes parents. 
- Le premier d'une longue série de vols... et d'albums ?
Je fais au moins deux aller-retour par an et j'ai enregistré 38 albums. Au Japon, contrairement à la France, il ne se passe pas plusieurs années entre deux sorties de disques. Je me souviens que pour le premier, j'ai assuré un mois de promotion du matin au soir.
- Mais vous vivez toujours à Paris ?
Oui. Dans mon appartement à Saint-Germain-des-Prés. Pour les japonais, j'incarne l'image qu'ils se font d'une parisienne, ce qui n'évite pas certains clichés. Je chante en français et ils n'a jamais été question que je me présente habillée en kimono.
Comment vous êtes-vous adaptée à la culture japonaise ? 
Une fois que l'on a compris que l'essentiel est dans la suggestion plutôt que dans la démonstration, c'est plutôt facile. Je me souviens d'une interview où la traductrice a volontairement omis de retranscrire certains de mes propos parce qu'ils étaient jugés un peu trop directs !
- Il paraît que vos chansons accompagnent même certaines publicités ?
Cela fait beaucoup vendre au Japon, d'autant plus que sur les affiches, on mentionne le nom de l'artiste et de la chanson. J'ai notamment fait un carton avec une publicité pour une bière... sans alcool !
- Vous avez aussi chanté dans des temples bouddhistes ?
J'avais enregistré un album de chansons japonaises en français, accompagnée par un orchestre de musiques traditionnelles. Nous avons fait une tournée dans les temples bouddhistes. J'ai été frappée par la beauté et la jeunesse des moines qui se déplacent chaussés de baskets.
- Comment s'est passé le duo avec Jean-Claude Dreyfus ?
Tout simplement. Il est venu parce que l'idée l'amusait beaucoup. 
- Vous êtes également la marraine du festival Tandem Tokyo consacré à la chanson française ?
Il s'agit d'un tremplin pour les artistes de la nouvelle scène française. D'une manière générale, les japonais n'aiment pas vraiment les chanteuses à grosse voix ou celles qui sont dans la provocation. Ils sont très curieux de ce qui se passe en France. Mon manager japonais, par exemple, adore Albin de la Simone. 
- Quels sont les artistes français populaires au Japon ?
Sylvie Vartan, Enzo Enzo, Serge Gainsbourg ou encore Zaz que les japonais considèrent comme la nouvelle Piaf.
- En France, votre album "Mosaïques" n'avait pas rencontré le succès escompté ?
On peut dire qu'il n'a même pas rencontré un succès d'estime ! Sony France voulait que j'enregistre des chansons japonaises pour la France. C'était voué à l'échec et cela s'est confirmé.
- Avec "Quel temps fait-il"qui sort simultanément en France et au Japon, vous avez fait le choix d'une certaine légèreté, dans un contexte difficile ?
A un moment, je me suis dit ou je vais consulter un psy, ou je fais un album ! Avec "Quel temps fait-il ?", je sors de mon confort. C'est une véritable thérapie.  J'espère me produire bientôt en concert. Cela dépendra de l'accueil..


- album "Quel temps fait-il ?" (Music Box Publishing/Wagram Music), disponible le 28 mai prochain.
- En concert le 16 décembre 2021, à 20h, (dans le cadre des Jeudis Jazz Magazine) au Bal Blomet, 33, rue Blomet, 75015 Paris. Loc. Fnac, points de vente habituels, sur place le soir du concert (pas de loc. par tél. ou mail) et sur le site www.balblomet.fr

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10 mai 2021

Dan Gharibian: "J'aime raconter des histoires"

(c)Johan Desma


Co-fondateur du groupe Bratsch avec lequel il a sillonné la planète durant plus de quatre décennies, le chanteur et guitariste a troqué la formule quintette contre une formation plus légère et tout aussi efficace: le Dan Gharibian Trio. 
Après un premier album baptisé "Affamés d'éphémère", Dan et ses deux jeunes musiciens: Benoît Convert (guitare/voix) et Antoine Girard (accordéon/voix) ont sorti "Da Svidaniya Madame", le 2 avril dernier. Un opus lumineux, aux arrangements modernes, qui alterne titres instrumentaux et chantés, musiques tsiganes ("Boubasko Prasniko"), arméniennes ("Gulo"), grecques ("Egnatias"), folklore du Burkina Faso ("Siya Lé"), chansons urbaines ("Salvatrices mamelles")... sans oublier deux belles reprises d'Aznavour ("Parce que") et Nougaro ("Rimes"). 
Dès la première écoute, les trois complices nous embarquent dans un voyage sans frontières, à la fois festif et nostalgique.

- Comment est né ce trio ?
Lorsque nous avons décidé d'arrêter Bratsch, Benoît et Antoine sont venus me voir en Auvergne. C'est là que l'idée s'est imposée. Ils se connaissent bien car ils ont fait le conservatoire ensemble. J'avais déjà croisé Benoît plusieurs fois quand on jouait avec Bratsch. Quant à Antoine, je l'ai vu naître !

- Antoine a-t'il un lien de parenté avec votre vieux complice Bruno Girard ?
C'est son neveu. Tout môme, il écoutait déjà notre musique pendant les voyages en voiture. 

- La fin de Bratsch, en 2015, c'était la conséquence d'une certaine lassitude ?
Nous nous connaissions trop et nous nous sommes aperçus que nous ne pouvions pas aller plus loin.

- Vous étiez présentés à l'époque comme le groupe phare des musiques d'Europe de l'Est. Mais votre répertoire était bien plus riche ?
Les marchands de disques n'ont jamais su dans quelle case nous mettre. Musiques d'Europe de l'Est, ça nous allait bien, même si c'était un évidemment un peu réducteur.

- Dans ce nouvel album, vous passez de la joie à la mélancolie, c'est votre état d'esprit ?
Personnellement, je préfère le mot nostalgique. Pour moi, la mélancolie est une maladie ! Même si j'aime bien le blues, il faut des morceaux plus joyeux et rythmés. Cela permet notamment à mes complices de s'amuser et de montrer qu'ils ne se contentent pas d'accompagner le chanteur ! Moi, j'écris des chansons, je trouve un air et eux s'occupent des arrangements. Pour la chanson titre de l'album, par exemple, j'avais demandé un truc qui sonne un peu sud-américain. Pour "Siya Lé", ils ont aussi trouvé ce gimmick à la guitare qui rappelle la kora. J'adore mélanger les styles. Cela évite que les gens s'ennuient.

- Un journaliste vous a surnommé le "Tom Waits du Caucase". Vous en pensez quoi ?
 J'aime beaucoup Tom Waits. Mais je n'ai pas vraiment sa voix. Le petit côté éraillé sans doute.

- Comment avez-vous vécu cette longue période sans voyages ni concerts ?
Nous avons quand même pu répéter et nous avons enregistré ce nouvel album. Mais notre métier, c'est d'être sur scène. Répéter entre quatre murs, ça joue sur le moral. On n'existe plus. Quand on est artiste, on est un peu cabotin. Moi, j'aime raconter des histoires et les partager.

- Sur la pochette de "Da Svidaniya Madame", vous affichez un petit côté dandy ? 
Je suis d'une génération, celle d'avant 68,  qui prend le soin de s'habiller, de mettre un costume, quand elle se présente devant un public. C'est une question de respect.

Dans la dernière chanson "Notre soirée s'achève", vous remerciez le public ?
Un concert, c'est un échange avec les gens qui viennent nous écouter. Nous sommes des marchands de rêves. Nous essayons d'emmener le public dans notre monde, de le faire voyager.  C'est normal de le remercier parce que s'il ne nous suit pas, il n'y a pas de voyage.

- Vous vous qualifiez vous-même de simple ménétrier ?
 Je ne me suis jamais considéré comme un technicien de la musique mais comme un ménétrier, un troubadour. A l'image de ces gens qui parcouraient le monde pour raconter des histoires, faire du théâtre, jouer de la musique.

- Vous n'envisagez donc pas de poser votre bâton de... ménétrier ?
Pas tant que je pourrai voyager, chanter,  jouer de la guitare...




- Album "Da Svidaniya Madame" (Lamastrock/L'Autre Distribution), disponible depuis le 2 avril 2021.
En concert le 22 septembre 2021 au 360 Music Factory, 32, rue Myrha, 75018 Paris. www.le360.
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3 mai 2021

Lynda Lemay: "Il y a une part de moi dans chaque personne que je rencontre "

Quatre ans après "
(c) Sébastien St Jean
Décibels et des silences
", l'artiste québécoise revient 
 avec un projet fou : écrire et composer 11 albums de 11 chansons sur une période de 1111 jours ! 
Quatre sont déjà disponibles et un cinquième "Haute mère" est attendu le 7 mai prochain pour célébrer la fête des mères. 
On se souvient que Lynda Lemay nous avait fait partager ses envies de maternité dans "La marmaille", les angoisses d'une femme trompée avec ses fameux "Souliers verts"... mais c'est celle qui chantait "Le plus fort c'est mon père" qui nous bouleverse ici. Un père dont la disparition a donné naissance à cette oeuvre pharaonique. Comme toujours, la plume de Lynda plonge dans l'intime et l'universel, le grave et le léger avec des mots justes, une empathie et des notes d'espoir qui évitent le mélo. 
 Depuis sa belle province, elle nous raconte "Il était onze fois". 

- Dans vos dédicaces, vous remerciez votre père, à l'origine de ce projet ?

Si je dis que mon père a donné le coup d’envoi à ce projet, c’est qu’à quelques semaines de son décès, nous avons vécu ensemble des moments d’une rare complicité. Avant qu'il ne tombe malade, il n'est presque jamais arrivé que nous passions des moments seuls tous les deux. A l'hôpital, nous nous sommes relayées avec mes soeurs et ma mère et lorsque venait mon tour d'être face à lui, j'étais presque intimidée. Mon réflexe a été de me réfugier dans la création, et d’inviter papa dans mon paradis des mots.  Pendant que j’écrivais des histoires qui dédramatisaient la dure réalité qu’il traversait, papa me trouvait des rimes, avait les yeux qui brillaient, faisait équipe avec moi, s’improvisait poète… A un moment, après avoir écrit 4 chansons, je me suis exclamée :  "papa, on devrait faire un opéra ou quelque chose de grandiose avec tout ça". Quelques jours plus tard, papa était passé à l’autre étape.  Je n’aime pas dire qu’il est parti parce que je le sens toujours aussi présent J’ai l’impression que ce flash qui m’est venu de faire ces onze albums n’est pas étranger à ce rêve qu’on a fait ensemble. Je le sens fier et fort: "le plus fort" !

- Il y a aussi cette histoire d'alarme sur le cellulaire de votre fille qui explique le symbole du chiffre 11 ?

Quelques mois à peine après le décès de papa, j’étais assise au Spot (café) et le téléphone de ma fille Ruby, s'est mis à sonner. Je l'avais avec moi car elle n'avait pas le droit de l'apporter en classe. Une alarme sonnait chaque jour à 11:11, j’imagine que ce chiffre avait une signification pour elle.  Quand ça sonnait, c’était écrit :  "Make a Wish".  Incroyable que ma fille soit ainsi liée à la naissance d’un projet aussi important pour moi. 11-11.  Onze albums, onze chansons. C’était écrit que ça devait exister ! 

 - Comme toujours, vous évoquez des thèmes graves en évitant le mélo ?  

Écrire le malheur, c’est la seule façon de le rendre joli.  La poésie et la musique ont cette faculté d’alléger les cœurs qui souffrent.  C’est comme en trapèze volant, dans le mouvement, on ne sent plus le poids du corps. Quand nos souffrances se transforment en chansons, elles peuvent bouger, voler. Elles deviennent moins lourdes, moins étouffantes, plus faciles  à analyser, à soigner…. Quand je les décris, c’est justement pour trouver de la beauté et de la lumière, même dans les parties sombres de nos vies. C’est peut-être pour ça que je ne sombre pas dans le mélo dans ma poésie et dans ma musique.  Je n’aime pas le malheur alors je n’aime pas me vautrer dedans.                                            

- Il paraît que Gustavo de la Cruz, avec qui vous faites un duo, est votre nouvelle idole ? 

Je l'ai rencontré au Mexique (il est argentin et réside en Espagne). Il chantait à l'hôtel où je séjournais et, quand j'ai entendu sa voix (j'avais perdu mon idole Johnny dans l'année), j'ai eu un choc. C'était comme si j'entendais dans s voix toutes celles que j'ai aimées dans ma vie: Johnny Hallyday, Johnny Cash, James Blunt, James Taylor, Cat Stevens, Elton John, Tom Waits, Ed Sheeran... En même temps, nul autre que Gustavo ne possède ce timbre qui résonne aussi fort en moi. J'appelle ça un coup de foudre artistique. C'est comme si mon Johnny m'avait envoyé son successeur !

- Pour ce projet, vous vous êtes fixé une méthode de travail ?

Je savais que si je l’annonçais avant qu’il soit « prêt » ça me mettrait de la pression, et c’est tout ce que je ne voulais pas. Il fallait qu’avant la sortie du premier album, les autres soient déjà enregistrés. Et c'est ce que j'ai fait. J’étais en studio, presque nuit et jour. J'y ai mis toute mon énergie, tout mon amour, mes économies, mes idées folles… Je me suis entourée d’une équipe exceptionnelle de musiciens, techniciens audacieux qui se sont lancés dans le vide avec moi !  Et on a bien rempli le vide !  Le noyau de mon équipe :  Yves Savard (guitares), Dominique Messier (batterie, arrangements de cordes), Pierre Messier (piano, claviers, sax, accordéon), Sébastien Dufour (guitares), Francis G. Veillette (guitares, pedal steel), Maurice Williams (basse), Gabriel Dubuc (ingénieur son) … et il y a tant d’autres grands complices sur cet immense projet (mes harmonicistes Guy Bélanger et Pascal Per Veillette, Philippe Dunnigan et Christine Giguère aux cordes, Violet Hébert à la trompette…)

- Dans la chanson "La scène aux pieds", vous dites que vous vous nourrissez des histoires des autres. Quelle est la part de fiction et d'autobiographie dans ce projet ?
C’est un peu comme dans le reste de mon répertoire: la fiction et l’autobiographie se côtoient, se chevauchent. Parfois il y a des parts de moi dans des chansons qui peuvent sembler parler de mon contraire.  Je ne me sens loin d’aucune réalité !  J’ai l’impression d’avoir le monde entier à l’intérieur de moi. Il y a une part de moi dans chaque personne que je rencontre, peu importe son vécu, ses expériences. Quand je les décris, c'est  comme si je les avais vécues, senties. Merci à mon imagination et mon empathie, j’imagine !

- Dans "La peur", vous évoquez le virus en disant que s'il nous infecte d'une conscience, il n'aura pas été vain ?

J’ai écrit « La peur » pendant le premier confinement, alors que nous étions bombardés par des informations contradictoires, et j’analysais cet effet que la peur avait sur le monde et sur moi-même.  On cherche des solutions, on cherche l’espoir, notre cerveau a du mal à accepter un tel drame. Des gens ont perdu des proches à qui ils n’ont pas pu dire au revoir. Ça fait ressortir le beau et le laid chez l’être humain.  En même temps, pour une majorité de personnes, ça a été le moment de revoir ses priorités. On a eu le temps de se décrasser les yeux, d’écouter un peu mieux.  Le fait d’avoir peur nous fait prendre conscience de la peur qui est le quotidien de plusieurs hommes, femmes et enfants autour de nous, tout près, aussi bien que sur d’autres continents, dans d’autres pays où des peuples attendent de l’aide qui ne vient pas. Ça crée un éveil des consciences qui ne peut qu’apporter du bon en bout de ligne.  J’ose espérer qu’on en retirera beaucoup de positif.  Je demeure optimiste.

- La chanson "Mon drame" raconte l'histoire d'une femme enfermée dans un corps d'homme, dont vous proposez une version dans chaque album ?                                      

Cette chanson est un sous- projet à mon grand projet.  Passionnant comme exercice : j’ai décidé de choisir un texte et d’écrire onze musiques, totalement différentes pour porter le texte. J'ai aussi décidé, vu le thème, de mélanger une voix d’homme à ma voix féminine pour illustrer le combat.  Chaque version de la chanson est donc faite en duo avec un de mes chanteurs préférés. L’histoire de "Mon drame" revient donc, différemment, sur chacun de mes onze albums !

- Vous écrivez aussi "Je le trouve touchant le monde, j'me dis qu'y va s'calmer, qu'y va s'laver les côtés sombres...". C'est le message que vous souhaitez faire passer ?

Oui, « Il était onze fois » tente d’expliquer où se trouve le bonheur dans ce monde que l’on habite.  "Le monde" est la première chanson mais aussi un peu le résumé de cette longue recherche de sens et d'espoir. Le premier album deviendra un film, qu’on est en train de finaliser avec l’équipe de Parce Que Films. Ce document en dira long aussi sur ma démarche artistique et philosophique. 

- Vous avez hâte de rechausser vos souliers pour la scène ?

Oh oui, je m’ennuie de la scène !  Je prépare en ce moment (prise trois) mon nouveau spectacle « La vie est un conte de fous » (les deux premières versions ayant été annulées ou reportées) Mais comme le temps passe, je modifie le show sans arrêt. Quand je pourrai retrouver le public, je serai la plus heureuse des chanteuses. Je rêve au 11.11. 2021. Ces retrouvailles à l’Olympia, je sens que ça va être FOU !!!

- Albums déjà disponibles: "Il était onze fois", "Des milliers de plumes", "A la croisée des humains" et "De la rosée dans les yeux" et à venir, le 7 mai 2021 "Haute mère" (Productions Caliméro.

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