(c) Jean-Paul Lozouet |
Après le très réussi « Mistinguett, Madonna et moi ! », Caroline Loeb se glisse cette
fois dans le costume de George Sand, ou plutôt dans ceux de Jean-Paul
Gaultier pour « George Sand, ma vie, son œuvre ».
Un spectacle co-écrit avec la complicité d’Alex Lutz et Tom Dingler, dans
lequel elle raconte et chante, accompagnée de deux musiciens (Gérald Elliott à
l’accordéon et Patrick Laviosa, piano/guitare), sa fascination pour la Bonne
Dame de Nohant.
Tout a commencé,
comme cela arrive parfois, par un rendez-vous raté ! « Je travaillais sur le projet d’un livre-disque sur Sand qui n’a
pas abouti ». Un projet qui l’amène à s’intéresser à cette femme de
lettres dont on sait qu’elle a vécu des histoires d’amours orageuses avec
Musset et Chopin, écrit « La petite
Fadette », « La Mare au Diable », transgressé les mœurs de
son époque en portant le pantalon et en adoptant un prénom masculin… « Je ne la connaissais pas davantage. J’étais un peu dans la position de Swann qui
tombe amoureux d’Odette dans l’œuvre de Proust. Ce n’était pas mon
genre ! Ma fascination a été d’autant plus forte quand j’ai
réalisé que, comme le lecteur lambda, j’avais des notions vagues et fausses sur
sa vie» confesse Caroline. Sur scène, elle « réhabilite » donc Aurore Dupin, tout en dépoussiérant son image figée dans le
XIXème siècle. Un hommage joyeux et érudit, qu’elle ponctue de chansons écrites avec la complicité de Thierry Illouz,
Fred Parker, Gérald Elliott, Wladimir Anselme, Michèle Bernard et Pascal Mary.
Habilement mise en
scène par Alex Lutz, la Loeb (comme on l’appelle encore) fait revivre devant
nous une visionnaire et militante qui a défendu
la cause des femmes, l’abolition de l’esclavage ou encore la révolution
de 1848.
Riche d’anecdotes et de références littéraires et
historiques « George Sand, ma vie, son œuvre » donne envie de
(re)découvrir cette femme qui fut l’une des premières à vivre de sa
plume. Et dont on apprend pourtant qu’à sa mort, les documents officiels
mentionneront qu’elle était « sans profession » !
On retiendra également cette scène forte et émouvante dans
laquelle la comédienne et chanteuse fait voler des feuilles en scandant « Je
veux me servir de ma plume comme l’ouvrier de l’enclume ! ». « Une vision chaplinesque des
« Temps Modernes » qui résume bien notre fonction d’artiste. A
l’heure où le cynisme est devenu un Dieu tout puissant, il est important de
défendre ces envolées lyriques et humanistes. Ca nourrit ! » explique Caroline Loeb. En attendant, c’est elle qui nous
nourrit avec ce spectacle drôle, touchant et incroyablement moderne.
Annie Grandjanin
Annie Grandjanin
Du 15 avril à fin
juin, tous les mardis à 20 heures, au Théâtre Gymnase Marie Bell, 38, bd Bonne
Nouvelle, 75010 Paris. Réserv. Au 01.42.46.79.79. www.theatredugymnase.com
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