(c) Frank Loriou |
Avec "Des ruines et des poèmes", Louis Arlette, qui a notamment collaboré avec le duo Air et joué du violon au sein d'un orchestre de musique de chambre, confirme brillamment ses talents d'auteur-compositeur.
Des chansons rock-électro, tourmentées et lumineuses, écrites après un voyage salvateur au Japon.
Au fil des 14 titres, dont il a assuré la programmation, le piano, les claviers et l'orgue (avec Christophe d'Alessandro), le chanteur fait également référence à "L'Iliade" et "l'Odyssée" d'Homère et nous offre une électrique relecture de "Je suis un soir d'été", un titre peu connu de Jacques Brel.
Rencontre avec un artiste inspiré...
- Le titre de cet album n'est-il pas antinomique ?
Pas vraiment car les ruines, c'est ce qui reste de notre passé. Ce sont des oeuvres du destin qui appartiennent au temps. Elles font partie de ce patrimoine qu'il faut savoir déchiffrer. Nous vivons une époque très babylonienne, à l'image de Rome avant le déclin...
- D'où l'urgence de ce voyage au Japon ?
Entre le moment où j'ai terminé "Sourire carnivore" et la sortie de l'album, il s'est passé un an. J'ai ressenti alors un grand vide, mesuré tous les écueils. J'ai eu besoin d'aller me perdre au Japon.
- Tu as trouvé l'inspiration que tu cherchais ?
La première chanson que j'ai écrite est "Tokyo". Ce qui m'a interpellé là-bas, c'est cet effet miroir par rapport à l'Occident. Ici, nous sommes fascinés par la lumière, tandis qu'au Japon on utilise l'ombre, un peu comme un négatif. Les gens sont davantage dans la retenue, à l'image d'un lac tranquille. Mais derrière, on sent quelque chose qui bouillonne.
- Dans "Sourire carnivore" tu avais gardé la main sur tout. Pour "Des ruines et des poèmes", tu as lâché du lest, non ?
C'est vrai. J'ai fait appel à Philippe Paradis qui avait notamment travaillé avec Zazie sur l'album "Rodéo" pour la réalisation. J'adore aussi son jeu de guitariste. "Sourire Carnivore" était nécessaire pour que je puisse avoir cette liberté aujourd'hui. Dans ce sens, j'ai l'impression d'avoir progressé et creusé plus profondément. J'ai sorti le premier disque après dix ans de studio. J'ai dû faire un travail sur moi pour désapprendre et me consacrer à la recherche de la sincérité. Je pense souvent à Picasso qui affirmait: "J'ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant".
- Pourquoi as-tu choisi d'enregistrer la chanson "Je suis un soir d'été" de Brel qui est loin d'être la plus connue ?
C'est un titre que j'interprétais déjà sur scène. L'idée était de ne pas céder à la facilité en reprenant l'un de ses grands succès. J'ai eu envie de lui donner un nouveau souffle. J'ai donc accéléré le tempo pour le rendre plus pop. Pour moi, Brassens fermait un peu la porte derrière lui, alors que Brel a ouvert tout un champ des possibles !
- C'est vrai qu'à l'origine le titre "L'ange" devait s'appeler "Nyx" (déesse de la nuit personnifiée)?
Tout-à-fait. Jusqu'à ce que je découvre que c'était aussi le nom d'une marque de cosmétiques !
- D'où vient cette passion pour la mythologie ?
Pochette de l'album "Des ruines et des poèmes" |
Je suis fasciné par le côté transmission de la mythologie. Tout comme je suis bouleversé par le poème de François Villon "La ballade des pendus". Ce qui me chagrine, c'est que cette transmission va peut-être s'arrêter...
- Lors d'un précédent entretien, tu avais évoqué la possibilité de réunir tes notes dans un ouvrage. C'est encore d'actualité ?
L'envie est toujours là. Mais j'y céderai sans doute plus tard, lorsque je me sentirai fatigué, près de la retraite... Pour l'instant, je veux profiter de cette énergie qui vibre en moi. C'est quelque chose de très physique et explosif. J'écrirai un livre une fois que la tempête sera apaisée...
- Album "Des ruines et des poèmes" (Le bruit Blanc), disponible depuis le 15 mars 2019.
- En showcase: le 13 avril 2019, à 16 h chez Gibert Barbès (Disquaire Day) et le 31 mai, à 18 h, chez Gibert Saint-Michel
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