(c) Vladimir Vatsev |
Le 2 avril dernier, il a sorti "De l'indécence", son quinzième album ! Après les sensuelles déclarations d'amour de "Crescent Hotel", ce nouvel opus confirme, une fois encore, le talent d'un artiste dont la quête nous emmène bien loin des chemins balisés de la chanson.
Accompagné d'un trio composé de Khoa-Vu Nguyen (violons, cordes, percussions), Mika Benet (claviers, percussions) et Vladimir Vatsev au saxophone, lui-même assurant les parties pianos, voix, claviers et percussions, Antoine Bataille nous offre ici quatorze titres (dont trois textes de Guillaume Apollinaire, Roger Gilbert-Lecomte et Fernando Pessoa) d'une belle et fiévreuse intensité.
- Certains vous perçoivent également comme un personnage hybride, né de la rencontre de Steve Reich et Erik Satie ?
- Dans votre premier album "Muti", les textes étaient signés Marie Bataille ?
Il s'agit de ma maman. Elle est écrivain et fait partie de ces auteurs qui ont construit une oeuvre, non pas pour la diffuser ou qu'elle leur survive, mais par nécessité.
- C'est aussi ce qui vous anime ?
J'oscille en permanence entre l'extérieur et l'intérieur. Pendant des années, mes albums ont été très peu diffusés parce que je m'en fichais. Pour moi, l'important était que l'objet existe et je passais très vite à autre chose. J'ai vécu des moments fertiles en créations et en rencontres. Avec Marcel Kanche, mon complice de toujours, nous partageons cette furieuse nécessité de solitude et en même temps cette gourmandise très enfantine avec laquelle nous aimons creuser, chercher et découvrir. C'est une manière de ne jamais être dans le confort.
- Vous avez créé un label avec lui pour vous sentir plus libre ?
C'est vrai que c'est une forme de liberté mais ce n'est absolument pas revendicatif de ma part. J'avais surtout le désir de savoir comment tout cela fonctionne.
- Votre démarche artistique est plutôt atypique ?
L'idée est d'utiliser le mécanisme d'une autre manière. C'est par la marge que la page tient le cahier. Je considère que plus la montagne à franchir est grande, plus elle est désirable. Ma démarche est radicalement solitaire mais joyeuse !
- Quand on lit votre biographie, on ne trouve pas grand chose sur vos racines, votre formation musicale ?
C'est comme une bonne blague qui ne doit pas être expliquée. L'ambivalence est une richesse. Je peux vous dire que je n'ai pas fait le conservatoire parce que je sais ce qu'on peut y trouver et y perdre aussi. J'ai énormément de respect pour les gens qui ont suivi un parcours académique mais j'estime que, dans ce domaine, il n'y a pas qu'un seul chemin. J'ai eu la chance de rencontrer un professeur qui m'a donné une sorte de socle, sans jamais chercher à m'emmener dans son univers.
- On vous qualifie de bricoleur de sons, cela vous convient ?
Le bricolage a quelque chose de gourmand qui me parle. J'aime l'idée de chercher, d'essayer sans notice pour utiliser et placer un micro, une pédale, un instrument...
- Certains vous perçoivent également comme un personnage hybride, né de la rencontre de Steve Reich et Erik Satie ?
Ce sont des questions que je ne me pose absolument pas. Ces mots ont été utilisés pour me présenter lors de certains concerts, mais sont-il encore valables ?
- Parlez-nous de votre passion pour Fernando Pessoa ?
C'est une obsession troublante. Lorsque je travaillais sur "Puissé-je", la première chanson de l'album, j'ai pris machinalement dans ma bibliothèque un recueil de ses correspondances et je suis tombé sur la phrase : "Puissé-je avoir ton allègre inconscience...". Pour moi, Pessoa est un choc permanent. Il y a une cohérence absolue entre ce qu'il a écrit et la manière de le diffuser. Quand on pense qu'une grande partie de son oeuvre était enfouie dans une malle !
- Album "De l'indécence" (Le Passage/L'Autre Distribution), disponible depuis le 2 avril 2021.
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