(c) Sébastien St Jean |
- Dans vos dédicaces, vous remerciez votre père, à l'origine de ce projet ?
Quelques mois à peine après le décès de papa, j’étais assise au Spot (café) et le téléphone de ma fille Ruby, s'est mis à sonner. Je l'avais avec moi car elle n'avait pas le droit de l'apporter en classe. Une alarme sonnait chaque jour à 11:11, j’imagine que ce chiffre avait une signification pour elle. Quand ça sonnait, c’était écrit : "Make a Wish". Incroyable que ma fille soit ainsi liée à la naissance d’un projet aussi important pour moi. 11-11. Onze albums, onze chansons. C’était écrit que ça devait exister !
- Comme toujours, vous évoquez des thèmes graves en évitant le mélo ?
Écrire le malheur, c’est la seule façon de le rendre joli. La poésie et la musique ont cette faculté d’alléger les cœurs qui souffrent. C’est comme en trapèze volant, dans le mouvement, on ne sent plus le poids du corps. Quand nos souffrances se transforment en chansons, elles peuvent bouger, voler. Elles deviennent moins lourdes, moins étouffantes, plus faciles à analyser, à soigner…. Quand je les décris, c’est justement pour trouver de la beauté et de la lumière, même dans les parties sombres de nos vies. C’est peut-être pour ça que je ne sombre pas dans le mélo dans ma poésie et dans ma musique. Je n’aime pas le malheur alors je n’aime pas me vautrer dedans.
- Il paraît que Gustavo de la Cruz, avec qui vous faites un duo, est votre nouvelle idole ?
Je l'ai rencontré au Mexique (il est argentin et réside en Espagne). Il chantait à l'hôtel où je séjournais et, quand j'ai entendu sa voix (j'avais perdu mon idole Johnny dans l'année), j'ai eu un choc. C'était comme si j'entendais dans s voix toutes celles que j'ai aimées dans ma vie: Johnny Hallyday, Johnny Cash, James Blunt, James Taylor, Cat Stevens, Elton John, Tom Waits, Ed Sheeran... En même temps, nul autre que Gustavo ne possède ce timbre qui résonne aussi fort en moi. J'appelle ça un coup de foudre artistique. C'est comme si mon Johnny m'avait envoyé son successeur !
J’ai écrit « La peur » pendant le premier confinement, alors que nous étions bombardés par des informations contradictoires, et j’analysais cet effet que la peur avait sur le monde et sur moi-même. On cherche des solutions, on cherche l’espoir, notre cerveau a du mal à accepter un tel drame. Des gens ont perdu des proches à qui ils n’ont pas pu dire au revoir. Ça fait ressortir le beau et le laid chez l’être humain. En même temps, pour une majorité de personnes, ça a été le moment de revoir ses priorités. On a eu le temps de se décrasser les yeux, d’écouter un peu mieux. Le fait d’avoir peur nous fait prendre conscience de la peur qui est le quotidien de plusieurs hommes, femmes et enfants autour de nous, tout près, aussi bien que sur d’autres continents, dans d’autres pays où des peuples attendent de l’aide qui ne vient pas. Ça crée un éveil des consciences qui ne peut qu’apporter du bon en bout de ligne. J’ose espérer qu’on en retirera beaucoup de positif. Je demeure optimiste.
- La chanson "Mon drame" raconte l'histoire d'une femme enfermée dans un corps d'homme, dont vous proposez une version dans chaque album ?
Cette chanson est un sous- projet à mon grand projet. Passionnant comme exercice : j’ai décidé de choisir un texte et d’écrire onze musiques, totalement différentes pour porter le texte. J'ai aussi décidé, vu le thème, de mélanger une voix d’homme à ma voix féminine pour illustrer le combat. Chaque version de la chanson est donc faite en duo avec un de mes chanteurs préférés. L’histoire de "Mon drame" revient donc, différemment, sur chacun de mes onze albums !
- Vous écrivez aussi "Je le trouve touchant le monde, j'me dis qu'y va s'calmer, qu'y va s'laver les côtés sombres...". C'est le message que vous souhaitez faire passer ?
Oh oui, je m’ennuie de la scène ! Je prépare en ce moment (prise trois) mon nouveau spectacle « La vie est un conte de fous » (les deux premières versions ayant été annulées ou reportées) Mais comme le temps passe, je modifie le show sans arrêt. Quand je pourrai retrouver le public, je serai la plus heureuse des chanteuses. Je rêve au 11.11. 2021. Ces retrouvailles à l’Olympia, je sens que ça va être FOU !!!
- Albums déjà disponibles: "Il était onze fois", "Des milliers de plumes", "A la croisée des humains" et "De la rosée dans les yeux" et à venir, le 7 mai 2021 "Haute mère" (Productions Caliméro.
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