11 nov. 2021

Igit: "J'aspire à trouver comment lier la noblesse et l'élégance du piano-voix"


(c) Bastien Burger

Lors de l'émission " The Voice", en 2014, son beau timbre grave, teinté de blues, son aisance scénique avaient fait craquer les téléspectateurs (et Garou !) dans un registre allant des "Bonbons" de Brel,  à "Vous les femmes" dans la version d'Arno, en passant par "New York, New York" ou encore "I Put a Spell On You" de Screamin' Jay Hawkins. Depuis, Igit (de son vrai nom Antoine Barrau) a sorti a sorti plusieurs EP,  un album "Jouons" et prêté sa plume à des artistes comme Christophe Willem, Barbara Pravi, Yannick Noah... 
Le 28 septembre dernier, il a reçu le prix "Voix du Sud" (Fondation de la Poste), des mains de Francis Cabrel. A cette occasion, il a offert au public du Studio Raspail à Paris, la primeur de quelques titres de son second album piano-voix, attendu l'an prochain. 
Rencontre avec un auteur-compositeur qui n'a pas son pareil pour trousser de belles et poétiques histoires, avant la sortie en janvier de l'EP "Belle époque" et son concert parisien à la Boule Noire, le 25 janvier 2022.

- Avant "The Voice", vous vous produisiez dans les rues de Montmartre ?
Oui, mais à part des titres de Bob Marley, je ne faisais que des chansons à moi, du blues en anglais et en français.

- Vous avez également étudié le commerce et le droit des affaires à Ottawa et à Reims ?
Mes parents pensaient qu'avec ces bagages je pourrais toujours me débrouiller. Mais j'ai lamentablement échoué car je passais beaucoup de temps à faire de la musique. Notamment dans les soirées "Open-mic" (micro ouvert) à Ottawa.

- Il paraît que vous avez aussi joué de l'électro en Slovénie ?
Pendant deux ans. Nous avions transformé un cinéma en studio éphémère. Je travaillais avec cinq groupes et nous avons même sorti un album. Je composais  également de la musique pour des spectacles de danse contemporaine. Mes potes sont tous DJs et je suis fan de synthé, mais je suis le seul à avoir la chanson française dans mon ADN.

- Francis Cabrel vous a remis récemment le prix "Voix du Sud"(Fondation de la poste). C'est une belle reconnaissance ?
En toute honnêteté, les rencontres d'Astaffort figurent parmi les plus souvenirs de ma vie. Lorsque j'y suis allé, j'étais déjà un peu installé. J'étais le seul à avoir une maison de disques et un éditeur. 

- Pouvez-vous nous parler du duo avec Catherine Deneuve sur le titre "Noir et blanc" de votre premier album ?
 Pour cette chanson, je m'étais inspiré d'une histoire vraie. Ma belle-mère m'avait confié que lorsque ma femme était petite, elle pensait que le monde était en noir et blanc. Il fallait que quelqu'un puisse incarner ça. J'ai appris que Catherine Deneuve regardait "The Voice". La connexion s'est faire grâce à mon directeur artistique de l'époque et elle a accepté tout de suite. Elle était très à l'écoute et m'a notamment confié "J'aimerais avoir votre liberté musicale !"

(c) Bastien Burger


- Vous avez écrit tous les textes de ce nouvel album dont on ne connaît pas encore le titre ?
J'ai une idée pour le nom mais je ne peux pas encore vous le confier. J'ai co-composé les musiques avec Nino Vella, qui m'accompagne sur scène et j'ai écrit tous les textes sauf "Traverser l'existence". A l'origine, il devait être interprété par Barbara Pravi. Elle avait sélectionné 15 titres pour son nouvel album et elle m'a confié qu'elle ne se sentait pas de chanter celui-ci. Je lui ai demandé si je pouvais le prendre et je n'ai pas changé une ligne.

- C'est une chanson qui pose beaucoup de questions ?
C'est vrai. Mais une question n'appelle pas forcément de réponse. L'important, c'est de réfléchir. Aujourd'hui, nous somme dans des trucs très affirmés, des bulles cognitives sans porosité.

- Dans "Belle époque", vous écrivez: "Paraît que c'était mieux avant. C'est quand même mieux maintenant que demain" ?
Je trouve que c'est assez mathématique, non ? 

- Les chansons ont été crées pendant le confinement ?
Pas du tout. J'ai fait un bloquage total. Pour l'écriture, il faut que je sois dehors car j'ai besoin de mouvements, de m'installer aux terrasses des cafés, de croiser des gens. Cela me permet d'avoir un angle, une dimension supplémentaire. Dans ce domaine, je suis un peu de la vieille école. Durant les périodes de confinement, j'ai juste refait mon studio 3 fois. !

- Vous avez fait le choix d'un disque intimiste, très épuré ?
Je l'ai abordé plus détendu, presque  nonchalant. On a tout enregistré en deux jours et je ne me lasse pas de l'écouter. J'aspire à trouver comment lier la noblesse et l'élégance du piano-voix.

 - Vous évoquez des thèmes comme les années qui passent, la fin de vie,  en donnant l'impression que cela n'est pas si grave ?
(c) Bastien Burger
C''est ce que j'ai essayé d'exprimer en y mettant un peu de poésie. J'utilise souvent l'expression: "Ça n'empêchera pas les arbres de pousser !". Quand j'ai quitté le Canada, un garçon avec qui je bossais en cuisine m'a laissé ce message: "Tu m'a appris que la vie était bien trop sérieuse pour être prise au sérieux". Cela m'a touché.
 
- Vous êtes d'une nature résolument optimiste ?
L'optimisme, c'est un choix. Je suis le premier à m'émouvoir des violences et des drames que nous traversons mais je pense que nous allons globalement vers plus de douceur. Ma pensée est un élément modulable pour être le plus heureux possible... 

- EP "Belle époque", sortie annoncée en janvier 2022, single "Traverser l'existence", disponible sur toutes les plateformes.
- En concert, le 25 janvier 2022, à 19h30, à la Boule Noire, 
120, Bd de Rochechouart, 75018 Paris. 
Tél.: 01.49.25.81.75. Tarif unique à 18 Euros. www.laboule-noire.fr
- Retrouvez cet article, ainsi que l'ensemble de l'actualité culturelle (musique, théâtre, festivals, littérature, évasion) sur le site www.weculte.com 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire