23 nov. 2021

Lulu Gainsbourg: "Avec "Replay", j'ai voulu me réinventer musicalement"

(c) Yann Orhan

Quatre ans après "T'es qui là ?", le musicien, compositeur et arrangeur Lulu Gainsbourg prend un nouveau virage avec "Replay", sorti le 12 novembre dernier. Un bel album électro en 14 chapitres, dont deux instrumentaux, enregistré entre New York, Bruxelles et Amsterdam.  Sa compagne Lilou a écrit tous les textes. Des histoires d'amour qui parlent de l'enfance, d'insomnie, d'électron libre, de la complexité des femmes... et défilent comme la bande son d'une oeuvre cinématographique ouvrant sur "Play" et se terminant logiquement sur "Replay" (les seules chansons en anglais). Une invitation à reposer le disque sur la chaîne ou à réécrire l'histoire ? Rencontre à l'Hôtel Amour avec un artiste discret et talentueux, qui aime défricher de nouveaux terrains de jeu.


- Avec "Replay", vous abordez un nouveau chapitre musical ?

Je parle plus que je ne chante. Je voulais faire  quelque chose que je n'avais jamais réalisé avant.  L'album est conçu comme un livret dans lequel je me réserve le rôle du narrateur. Il y a beaucoup de recherche dans l'électro. Avec "Replay", j'ai voulu me réinventer musicalement. J'ai beaucoup travaillé sur l'improvisation. L'idée est venue à New York, avec mon ami et complice le réalisateur Jérémy Loucas. Tout a été composé avant les textes. 

- C'est votre seconde collaboration avec votre compagne Lilou ?

Dans "T'es qui là ?", j'avais juste co-écrit une chanson. Là, elle a signé tous les textes. Travailler avec elle est d'une simplicité incroyable. Sans doute parce qu'elle me connaît bien.

- En fait, elle a écrit des histoires d'amour que vous interprétez et qui s'adressent à elle ?

On peut le sous-entendre mais ce n'est pas un album de chansons personnelles. Hormis peut-être "Insomnia" dans laquelle je parle d'expérience car l'amour peut rendre insomniaque. Quant au titre "La femme est complexe", je souhaitais que ce texte soit écrit par une femme et chanté par son homme.

- Dans la chanson "L'enfance", il y a une variation sur le thème musical de la comptine "Pirouette cacahuète" ?

C'est un petit clin d'oeil à l'enfance. Je l'ai arrangé à ma façon. C'est le seul morceau piano-voix.

- Vous êtes toujours fan de Michael Jackson et des vieux Disney ?

Pour moi, Jackson a révolutionné  le vidéo clip. J'aime aussi sa vision artistique. Quant aux vieux films de Disney, cela me ramène en arrière. A l'époque où nous regardions des cassettes avec papa. J'ai d'ailleurs un Peter Pan tatoué sur le bras.

- Votre premier album s'appelait "From Gainsbourg to Lulu" ?

Je n'avais pas pu faire de cadeau à papa car j'avais 5 ans au moment de sa disparition. Je l'ai fait 20 ans plus tard. J'ai réalisé un vrai travail sur les arrangements. C'était ambitieux de ma part car je n'avais que 25 ans, mais je l'ai fait. Maintenant, j'ai mes propres compositions et j'essaie de tracer mon chemin.


(c) Yann Orhan

 - Vous aviez aussi composé la musique du titre "Quand je suis seul" pour Marc Lavoine ?

C'est une composition qui m'a permis d'entrer dans le milieu de la musique. Je n'ai pas eu forcément l'occasion de recommencer car j'étais concentré sur mon travail. Je suis plutôt passionné par les musiques de film. J'ai d'ailleurs des projets dans ce domaine mais je ne peux pas en parler car ce n'est pas encore d'actualité. 

En parlant de cinéma, vous avez joué dans le film de François Armanet "La bande du drugstore"?

C'est mon unique expérience. Je reste ouvert mais je ne me considère pas comme un acteur.

- D'un autre côté que avez affirmé lors d'une interview que vous que vous ne vouliez pas devenir musicien ni chanteur. C'est un peu raté, non ?

 J'ai aussi dit que je ne voulais pas chanter en français. Je vais arrêter de tenir ce genre de propos ! En fait, j'avais du mal à faire comme papa mais la musique fait partie de moi. Je suis allé étudier au Berklee College of Music aux Etats-Unis où je pouvais être comme tout le monde. C'est là que tout s'est débloqué. 

- Dans le clip qui accompagne la sortie de l'album, les comédiens réécrivent un peu l'histoire. Si vous aviez la possibilité d'appuyer sur replay, vous changeriez quoi ?

C'est vrai que j'ai voulu donner un double sens.  On peut en effet essayer de réécrire l'histoire ou se laisser une multitude de choix. Il y a toujours le désir de changer quelque chose.  J'ai tendance à être perfectionniste mais il faut aussi se donner la possibilité d'être satisfait, de lâcher prise. 

- Vous avez étudié le piano assez tôt et vous êtes monté sur scène encore plus tôt ?

C'est vrai. J'ai commencé à apprendre le piano à l'âge de 4 ans et j'ai fait mes premiers pas sur la scène du Zénith de papa en 1988. J'avais 2 ans !

- Depuis, on ne vous a pas beaucoup vu en concert ?

J'ai mis du temps à trouver ma place dans le live. J'ai donné quelques concerts au Japon. Lorsque je suis passé au Café de la Danse après la sortie de l'album "T'es qui là ?", il a fallu vaincre la boule au ventre, les mains qui tremblent.  Le piège quand on est musicien, c'est de rester dans sa bulle parce que c'est une protection, un réconfort. La scène, c'est à chaque fois un combat. Je compte bien y remonter l'été prochain.


- Album "Replay (Kuroneko/Why Music), disponible depuis le 12 novembre 2021
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