18 avr. 2022

Mustii: le nouveau souffle pop-rock venu de Belgique


(c) Daniil Lavrovski

Acteur, metteur en scène, auteur, compositeur, chanteur.... ce natif de Bruxelles a décidément bien des talents. A un peu plus de trente ans, il affiche déjà un palmarès impressionnant : Prix Magritte du meilleur espoir masculin du cinéma belge, sous le nom de Thomas Mustin ,"révélation" de l'année lors des D6bels Music Awards, sous celui de Mustii, il a notamment incarné le rôle de Patrick Dils, aux côtés de Mathilde Seigner dans le film d'Yves Rénier "Je voulais juste rentrer chez moi", celui d'un jeune homme autiste dans la série "L'île aux trente cercueils", inspirée du roman de Maurice Leblanc,  diffusée récemment sur France 2.... 
Et il y a peu, le public belge applaudissait sa performance dans le costume d'"Hamlet" de William Shakespeare. Après un premier opus électro "21st Century Boy", sorti en 2018, il a enregistré "It's Happening Now". Un magnifique et bouleversant album dont on retiendra des titres comme "Give Me A Hand", "After Dark", "Midnight Angel", "Alien", "Suburbain King"... dans lesquels son timbre vibrant et puissant retrace le parcours chaotique de son oncle atteint de schizophrénie. Entre rock incandescent et ballades entêtantes, Mustii parle de solitude, du besoin de trouver sa place mais aussi et surtout d'amour. 

Rencontre avec un artiste aussi simple que brillant, avant son premier concert parisien à La Boule Noire, le 19 avril prochain. 

- Vous affirmez volontiers que vous êtes avant tout un acteur ?

C'était mon rêve d'enfant ! J'étais timide et mes parents m'ont inscrit à un cours de théâtre. Après une semaine de stage, c'est devenu une évidence. La musique m'a toujours accompagné mais elle est venue plus tard. Je me souviens que mon co-locataire avait des synthés dans le salon. J'ai commencé à faire des démos puis j'ai monté mon premier groupe de rock. Acteur et chanteur, c'est totalement assumé en Belgique. Je me suis toujours battu contre les étiquettes. Aujourd'hui, j'aimerais bien exporter un peu ma musique.

- D'où le choix d'écrire et chanter en anglais ?

J'ai baigné dans la culture anglo-saxonne. Et je trouve que ce que je propose colle mieux avec la langue anglaise. Je suis fan d'Alain Bashung et j'ai toujours trouvé que ce qu'il faisait sonnait très anglo-saxon.

- Tout comme David Bowie qui vous a notamment inspiré dans la chanson "Alien" ?

Mon grand regret est de ne l'avoir jamais vu sur scène. J'étais trop jeune. Je suis fan des années nonante de Bowie. Et c'est vrai qu'il m'inspire. Pour moi, c'est le personnage ultime. Tout comme Hamlet. Je trouve qu'ils ont beaucoup de liens dans la manière d'évoquer la mort, l'absurdité de la vie, la condition humaine... Ce sont des princes. Quand je vais en studio après avoir joué Hamlet, ça me nourrit.

- C'est-à-dire ?

Ça me met en jambes ! Je viens de jouer Hamlet durant deux mois et c'est du sport. Il faut travailler la respiration,  la rigueur... Lorsque je chante sur scène, je suis toujours très physique.



- Dans "It's Happening Now", vous parlez de votre oncle en utilisant la première personne ?

Cet album est un hommage mais l'idée n'était pas de raconter une histoire dont tout le monde se fout. Je n'utilise jamais le mot schizophrénie. J'aime bien quand les chansons ont dix interprétations possibles. Les textes pourraient s'appliquer aux tourments de l'adolescence, de la solitude, au manque de repère... La seule contrainte que je me suis imposée, c'est que cela ne devait pas être morbide.  Je me suis inspiré de mes souvenirs, de discussions avec mon père  mais il y a aussi une grande part d'imaginaire. Mon oncle a mis fin à ses souffrances lorsque j'étais ado. J'aime le voir comme un ange. 

- Vous avez parlé à votre père avant de vous lancer dans ce projet ?

Pas tout de suite. J'avais déjà bien avancé et cela posait un problème parce que, à un moment, il a bien fallu lui demander son accord. Lorsque je lui ai fait écouter les titres, il a eu l'air heureux. Même s'il n'était pas tabou, c'est un sujet que nous n'abordions pas ensemble. Du coup, pour la couverture, j'ai utilisé la photo des deux frères déguisés en indiens. Ils étaient les meilleurs amis au monde.

En tant qu'acteur, vous jouez souvent des personnages cabossés par la vie ?

Ce n'est pas un objectif que je m'étais fixé mais il faut croire que je projette  un peu cette image. En même temps, j'aime ces personnages avec des failles et qui ont un pied en dehors du monde. 

- Parlez-nous de votre collaboration avec Leo Abrahams qui a notamment travaillé aux côtés de Brian Eno, Editors, David Byrne ou Florence and The Machine ?

Je suis fan de ses textures de sons. Je suis allé voir tout ce qu'il avait fait. Sans trop y croire, j'ai envoyé des maquettes à son management et il a accepté. Comme il ne pouvait pas voyager, nous avons travaillé à distance. A chaque fois qu'il m'adressait quelque chose, il tombait dans le mille ! J'ai hâte d'aller à Londres pour lui remettre le vinyle en mains propres. En attendant, je suis impatient de me produire à la Boule Noire. Ce sera ma première scène à Paris !

- Album "Its Happening Now" (Warner).

- En concert le 19 avril 2022, à 20h, à la Boule Noire, 120, boulevard de Rochechouart, 75018 Paris. Loc. points de vente habituels et sur le site laboule-noire.fr Tarif: 20 Euros. 

- En tournée: le 21 avril 2022 à Londres (The Old Blue Last), le 23 avril à Ghent (Charlatan), le 24 avril au Luxembourg (La Rockhal), le 8 juin à Bruxelles (Ancienne Belgique), le 9 juin à Liège (La Caserne Fonck) le 1er juillet à Antwerp (Casa Blanca), le 3 juillet à Knokke-Heist (Kneistival), le 9 juillet à Bertrix (Baudet'stival), le 20 juillet aux Francofolies de Spa, le 31 juillet à Tournai (Les Gens d'ers), le 28 août à Thuin (Scène sur Sambre), le 2 septembre à Aywaille (Feel Good)...

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