30 mai 2022

"Je m'appelle Momo": un pur moment de grâce et de poésie

(c) Noé Michaud

Inspiré de "La vie devant soi" le roman écrit par Romain Gary, sous le pseudonyme d'Emile Ajar, le spectacle "Je m'appelle Momo" nous emmène dans le monde cosmopolite de Madame Rosa. Un personnage magnifiquement incarné à l'écran par Simone Signoret.
Nous sommes dans le quartier de Belleville, dans les années soixante. Ancienne prostituée, Madame Rosa qui a vécu la déportation, survit en gardant les enfants de ses "consoeurs". Dans son sillage, on croise le très vieux Monsieur Hamil, philosophe à ses heures, un travesti nommé Madame Lola, les frères Zaoum, des voisins toujours disponibles lorsqu'il s'agit de transporter l'imposante nourrice chez le médecin ou pour une virée nostalgique dans le Paname de ses jeunes années... et surtout, il y a Mohammed que "tout le monde appelle Momo pour faire plus petit".  

Dès le début du spectacle, on devine le chiche mobilier, dissimulé sous des draps blancs tandis que les jeunes  comédiens de l'Ensemble Jeux de Quatre entrent en scène. Vêtus à l'identique, Marie-Estelle Hassaneen (flûte), Rémi Guirimand (guitare) et Caroline Michel (chant) partagent les interrogations du jeune Momo, son besoin de savoir d'où il vient, son angoisse de voir mourir Madame Rosa, hantée par l'idée d'avoir un cancer et dont la santé se détériore un peu plus chaque jour. "Je croyais que Madame Rosa m'aimait pour rien. Je ne savais pas qu'elle touchait un mandat à la fin du mois. Ça a été mon premier grand chagrin"confesse Momo. Il y en aura d'autres. Des petits bonheurs aussi.  


(c) Noé Michaud


Tout au long du spectacle, on passe ainsi par toute une palette d'émotions, distillées avec une aisance et une spontanéité presque juvéniles par les comédiens et musiciens. Quant à la voix de Caroline Michel, elle nous transporte littéralement. Car l'autre belle idée est d'avoir enrichi les parties parlées de chansons de Brassens ("La complainte des filles de joie"), Jacques Brel ("Les coeurs tendres"),  Jean Ferrat ("Nuit et Brouillard"), Gaby Verlor/Robert Nyel ("Le petit bal perdu"), d'une prière traditionnelle juive ("Hashivenu"), d'extraits d'oeuvres de Claude Debussy et Gabriel Fauré...

A la fin, les complices demandent au " quatrième Momo", le très inspiré metteur en scène Cédric Bécu,  de venir partager les applaudissements du public. Des applaudissements qui saluent un pur moment de grâce et de poésie.  

Jusqu'au 26 juin 2022, les vendredis et samedis à 19h, mat. les dimanches à 15h, au Guichet Montparnasse, 15, rue du Maine, 75014 Paris. Réservations: 01.43.27.88.61. www.guichetmontparnasse.com

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1 commentaire:

  1. C'est vraiment un moment de grâce et de poésie. Le texte de Gary est une pépite et cette adaptation le met en valeur avec force et tendresse, Le jeu est enlevé et talentueux. Ces comédiens musiciens nous régalent. Courrez vite les voir !

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