16 mai 2022

Marcia Higelin: "Je découvre le plaisir que je peux prendre avec les mots"

(c) Bilal Moussa

Son prénom est un clin d'œil à la célèbre chanson des  Rita Mitsouko. Quant à son nom, elle le porte avec une évidente légitimité. Après deux single dont un en langue lingala ("Nzolani"), Marcia Higelin vient de sortir "Prince de Plomb". Un disque dont elle a signé textes et musiques, qui ouvre sur l'instrumental "Lamentations spectrales" avant de nous embarquer avec les envolées lyriques de "Mauvais sort",  le blues oriental de "Mélopée d'infortune",  le chant lancinant des "Larmes de crocodile" (et celui des baleines !)... Des histoires d'amour qui finissent mal en général... dans lesquelles son timbre incroyablement mélodieux est soutenu par un piano, quelques cordes et des choeurs.  
La chanson, Marcia baigne dedans depuis ses premières brassières. Elle a même partagé une tournée avec son père Arthur H, comme choriste. Mais, avec ce premier EP, Marcia aborde un univers musical aussi audacieux qu'original.
Rencontre avant une tournée qui la mènera notamment cet été sur la scène du Théâtre l'Arrache- Coeur, au Festival Off d'Avignon.

- Il y a beaucoup de douleur dans vos chansons ?
J'écoute beaucoup de pop anglo-saxonne où on parle beaucoup de ruptures, de trahisons. Au début, j'écrivais en anglais. Je me sentais plus libre. Puis, j'ai appris à apprécier ma langue maternelle. Je parle anglais mais je ne connais pas les secrets de la langue. Du coup, avec le français, je découvre le plaisir que je peux prendre avec les mots. J'ai composé toutes mes chansons dans ma chambre. J'ai longtemps cru que je parlais d'amour et d'abandon mais en fait, il s'agissait de dépendance affective.

- Vous allez mieux ?
Oui. Je viens d'ailleurs d'écrire une chanson sur le post-partum ! J'ai hâte de sortir un album, un vrai, avec plein de chansons. 

- Vous n'échapperez pas aux articles sur les fils ou les filles de... Cela vous agace ?
Pas vraiment. Je comprends que cela puisse intéresser certains médias. Mais cela peut devenir un inconvénient lorsqu'il y a un côté malveillant. 

- Vous avez songé à ne conserver que votre prénom ?
Au début, je ne voulais pas que l'on sache que je m'appelais Higelin. Cela a été un travail sur plusieurs années. Mais j'ai toujours été fière de mon nom. Je me souviens qu'au lycée, il n'évoquait pas grand chose pour mes camarades de classe. Seuls les profs réagissaient lorsque je me présentais.

- Les choeurs sont omniprésents sur le disque ?
J'adore ça. C'est un peu comme un zeste d'infini, une manière d'explorer une immensité d'octaves. C'est d'autant plus passionnant que ces choeurs sont assurés par des élèves du Cours Florent, qu'ils ont accepté de chanter dans mon salon et qu'ils ne sont même pas payés.

- Tout comme les baleines que l'on entend dans "Les larmes du crocodile" ? 
Sauf que je n'ai pas pu les faire venir dans mon salon ! La baleine est mon animal-totem, comme l'éléphant. Je suis fascinée par ce mélange de force et de sagesse. De plus, la baleine est une chanteuse !


(c) Bilal Moussa


- Vous abordez des univers musicaux très différents ?
J'aime dire que je fais de la musique alternative. J'ai eu tellement d'influences. Je n'ai pas vraiment de recul sur moi.

- Parmi vos influences, vous citez Beyoncé ?
Pour moi, c'est la plus grande performeuse de l'histoire de la musique. Je ne prétends pas m'inspirer d'elle mais je trouve qu'elle a des choses à apprendre à chacun d'entre nous. Récemment, quand j'ai tourné des clips, j'ai compris que du fait que j'étais jeune et que j'étais une femme, mon opinion n'était pas toujours bienvenue. Je savais ce que je voulais et ce que je ne voulais pas mais j'avais encore du mal à l'exprimer. J'ai alors repensé à cette phrase de Beyoncé: "I'm not bossy, I'm a boss" !

- Vous avez récemment chanté aux Trois Baudets, une salle où a débuté votre grand-père Jacques Higelin. Cela devait être émouvant, non ?
Bien sûr. Et le premier concert de la tournée était juste à quelques kilomètres de Brou-sur-Chantereine d'où il était originaire. Cela m'a fait plaisir. C'était comme un clin-d'oeil.

- Finalement, on n'échappe pas à son destin ?
Pour moi, cela n'a jamais été un débat. J'ai grandi dans un environnement où la musique a une place essentielle. C'est le langage de mon père. Je me sens légitime. Ma petite soeur Liouba chante aussi et elle fait du rap. Ce qu'elle propose est assez unique. Je la trouve incroyable. 





- Votre voix a des inflexions lyriques et vous composez. Vous avez une formation musicale ?
J'ai suivi des cours de chant lyrique pendant quelques mois. J'aimerais prendre le temps d'apprendre à jouer d'un instrument pour m'accompagner sur scène. Je pianote et je gratouille de la guitare, juste assez pour composer.  

- Vous allez chanter au Festival Off d'Avignon. C'est un sacré challenge ?
D'autant plus que le public d'Avignon vient majoritairement pour le théâtre. Je vais faire dix concerts là-bas. J'appréhende un peu mais j'ai hâte. Cela va être formateur pour moi.


"Prince de Plomb" (Label Blue Line), disponible depuis le 13 mai 2022.
En tournée: le 26 mai 2022 au Festival l'Air du Temps de Lignières (18), le 2 juin à l'Opéra de Clermont-Ferrand (63), le 3 juin à Montcorbon (45), du 7 au 17 juillet au Festival Off d'Avignon, Théâtre de l'Arrache Coeur (84), le 18 juillet à La Blachère (07), les 22 et 23 septembre au Bijou à Toulouse (31)...

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