Cela fait bien trente ans que le public français est tombé
en amour pour le chanteur québécois. Auteur de tubes comme « Ils s’aiment », « Je voudrais voir New York », « Qui
sait », il a également endossé avec succès les costumes de Frollo pour
Notre-Dame de Paris, de l’aviateur du
Petit Prince de Saint-Exupéry, d’Eugène
Delacroix dans « Sand et les
romantiques »… Cette fois, on le retrouve dans un répertoire aussi
dense qu’inattendu pour « La Licorne Captive ». Des contes et
légendes, à la croisée du baroque et du médiéval, écrits (sauf deux poèmes de
Rimbaud) et composés par Laurent Guardo. Rencontre avec deux artistes entre qui
l’alchimie est évidente.
(c) Josep Molina |
Il paraît que la
genèse de ce projet remonte à une quinzaine d’années ?
Laurent Guardo : J’ai
commencé en 1999 et j’ai travaillé dessus jusqu’en 2010. Entretemps je
composais des indicatifs pour la radio et la télévision à Montréal. Alors que j’étais
un illustre inconnu, je me suis permis de rêver en envoyant le disque à Daniel.
Vous avez adhéré tout
de suite à ce projet qui sortait un peu de vos cordes ?
Daniel Lavoie : J’ai
été un peu dérouté au début mais je suis vite tombé sous le charme. « La
Licorne Captive » est une œuvre d’amour. Je n’avais jamais eu la chance de
travailler avec des instruments comme les violes de gambe, les gongs tibétains,
l’archiluth…C’est aussi gratifiant que difficile. Les violes sont écrites comme
à la Renaissance et il fallait trouver sa note. Il est plus facile de mettre de
l’emphase dans sa voix que de la retenir. Laurent a hypothéqué sa maison trois
fois pour faire ce disque. Moi, je n’ai rien hypothéqué !
Vous prenez quand même
le risque de dérouter votre public ?
D.L.. : Ne croyez pas ça. J’ai la chance d’avoir un
public curieux et qui me suit. J’ai choisi ce métier pour la liberté qu’il m’offre
et j’ai toujours évité de me mettre trop de chaînes. De toute manière, quand
nos enfants respectifs ont été séduits, j’y ai vraiment cru. Il ne peut que plaire
à ceux qui ont de bonnes oreilles. Ici, la musique permet de voyager dans un
univers à la fois magique, étrange et inattendu. Ce n’est pas un album de musiques anciennes mais contemporaines, avec
du baroque, de la renaissance, de la world…
Il y a aussi deux
poèmes intitulés « Ophélie » et « Le Bal des Pendus ». C’est
la première fois que vous chantez du Rimbaud ?
D.L.: : Oui, et j’espère
que ce n’est pas la dernière !
Envisagez-vous d’emmener
cette « Licorne Captive » sur scène ?
D.L. : Probablement.
Nous avons fait une présentation sur scène à Montréal et les gens semblaient
hypnotisés. Devant un public, le conte
devenait réel.
L.G. : C’était
fascinant. Sur scène, on a senti quelque chose qui s’ouvrait. Daniel a réussi à communiquer le plaisir
que nous avons eu à faire l’album. Le public lui mangeait littéralement dans la
main ! On a tous réalisé qu’en fait, il était un chanteur baroque !
Propos recueillis par Annie Grandjanin
Propos recueillis par Annie Grandjanin
- Album « La Licorne captive » (Le Chant du Monde/Harmonia Mundi), sorti le 25 mars 2014.
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