(c)Johan Desma |
Après un premier album baptisé "Affamés d'éphémère", Dan et ses deux jeunes musiciens: Benoît Convert (guitare/voix) et Antoine Girard (accordéon/voix) ont sorti "Da Svidaniya Madame", le 2 avril dernier. Un opus lumineux, aux arrangements modernes, qui alterne titres instrumentaux et chantés, musiques tsiganes ("Boubasko Prasniko"), arméniennes ("Gulo"), grecques ("Egnatias"), folklore du Burkina Faso ("Siya Lé"), chansons urbaines ("Salvatrices mamelles")... sans oublier deux belles reprises d'Aznavour ("Parce que") et Nougaro ("Rimes").
Dès la première écoute, les trois complices nous embarquent dans un voyage sans frontières, à la fois festif et nostalgique.
- Comment est né ce trio ?
Lorsque nous avons décidé d'arrêter Bratsch, Benoît et Antoine sont venus me voir en Auvergne. C'est là que l'idée s'est imposée. Ils se connaissent bien car ils ont fait le conservatoire ensemble. J'avais déjà croisé Benoît plusieurs fois quand on jouait avec Bratsch. Quant à Antoine, je l'ai vu naître !
- Antoine a-t'il un lien de parenté avec votre vieux complice Bruno Girard ?
C'est son neveu. Tout môme, il écoutait déjà notre musique pendant les voyages en voiture.
- La fin de Bratsch, en 2015, c'était la conséquence d'une certaine lassitude ?
Nous nous connaissions trop et nous nous sommes aperçus que nous ne pouvions pas aller plus loin.
- Vous étiez présentés à l'époque comme le groupe phare des musiques d'Europe de l'Est. Mais votre répertoire était bien plus riche ?
Les marchands de disques n'ont jamais su dans quelle case nous mettre. Musiques d'Europe de l'Est, ça nous allait bien, même si c'était un évidemment un peu réducteur.
- Dans ce nouvel album, vous passez de la joie à la mélancolie, c'est votre état d'esprit ?
Personnellement, je préfère le mot nostalgique. Pour moi, la mélancolie est une maladie ! Même si j'aime bien le blues, il faut des morceaux plus joyeux et rythmés. Cela permet notamment à mes complices de s'amuser et de montrer qu'ils ne se contentent pas d'accompagner le chanteur ! Moi, j'écris des chansons, je trouve un air et eux s'occupent des arrangements. Pour la chanson titre de l'album, par exemple, j'avais demandé un truc qui sonne un peu sud-américain. Pour "Siya Lé", ils ont aussi trouvé ce gimmick à la guitare qui rappelle la kora. J'adore mélanger les styles. Cela évite que les gens s'ennuient.
- Un journaliste vous a surnommé le "Tom Waits du Caucase". Vous en pensez quoi ?
J'aime beaucoup Tom Waits. Mais je n'ai pas vraiment sa voix. Le petit côté éraillé sans doute.
- Comment avez-vous vécu cette longue période sans voyages ni concerts ?
Nous avons quand même pu répéter et nous avons enregistré ce nouvel album. Mais notre métier, c'est d'être sur scène. Répéter entre quatre murs, ça joue sur le moral. On n'existe plus. Quand on est artiste, on est un peu cabotin. Moi, j'aime raconter des histoires et les partager.
- Sur la pochette de "Da Svidaniya Madame", vous affichez un petit côté dandy ?
Je suis d'une génération, celle d'avant 68, qui prend le soin de s'habiller, de mettre un costume, quand elle se présente devant un public. C'est une question de respect.
- Dans la dernière chanson "Notre soirée s'achève", vous remerciez le public ?
Un concert, c'est un échange avec les gens qui viennent nous écouter. Nous sommes des marchands de rêves. Nous essayons d'emmener le public dans notre monde, de le faire voyager. C'est normal de le remercier parce que s'il ne nous suit pas, il n'y a pas de voyage.
Je ne me suis jamais considéré comme un technicien de la musique mais comme un ménétrier, un troubadour. A l'image de ces gens qui parcouraient le monde pour raconter des histoires, faire du théâtre, jouer de la musique.
- Vous n'envisagez donc pas de poser votre bâton de... ménétrier ?
Pas tant que je pourrai voyager, chanter, jouer de la guitare...
- Album "Da Svidaniya Madame" (Lamastrock/L'Autre Distribution), disponible depuis le 2 avril 2021.
En concert le 22 septembre 2021 au 360 Music Factory, 32, rue Myrha, 75018 Paris. www.le360.
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