9 juil. 2021

Pascal Forneri : " Mon père menait sa vie avec droiture"

Pascal Forneri
(c) COCO

Deux ans après la disparition de Dick Rivers (le 24 avril 2019), un DVD intitulé "L'essentiel" célèbre les 50 ans de carrière du rocker niçois. Au total 2h30 de séquences filmées lors de ses passages à la télévision, des années 60 à 2000 et réunissant 56 chansons: "Est-ce que tu le sais ?" avec Les Chats Sauvages, "Marilou", "Dans le ghetto" (reprise d'Elvis Presley), "Roule pas sur le Rivers", "Nice, baie des anges", "L'homme sans âge"... mais aussi des duos avec Eddy Mitchell ("Rock Around The Clock"), Francis Cabrel ("Summertime Blues") et le Golden Gate Quartet ("Ainsi soit elle"). 
Entretien avec son fils Pascal Forneri, scénariste, réalisateur de documentaires, de fictions, de clips,  auteur de BD... qui a participé à la conception de ce témoignage exceptionnel et inédit.

- Comment avez-vous procédé pour réunir et choisir ces enregistrements télévisés ? 
Ce sont essentiellement des archives de l'INA (Institut National de l'Audiovisuel). J'ai travaillé avec Christophe Renaud, un documentaliste qui est fan de mon père. Il a réalisé un boulot incroyable. Il a fallu se limiter et faire des choix car le répertoire de mon père compte trois fois plus de chansons !

- Quelle est la période que vous préférez ?
J'aime plus spécialement les années 70/80 où les titres sont très rock et la période assez soul et R'n'B de la fin des années 60.

- Il y a eu aussi cette  belle tournée "Rock'n Roll Show" avec Francis Cabrel et le groupe Les Parses, en 1990 ?
Il y avait une belle relation entre eux. Ils partageaient un goût commun pour le rock, même si Francis était plutôt Chuck Berry alors que mon père allait vers Elvis Presley. C'est drôle parce que l'album de leurs duos vient de ressortir, trente ans après.

- Pouvez-vous nous parler de l'amitié entre votre père et Alain Bashung ?
Comme tous ceux de sa génération, mon père était un peu perdu durant la période post-68. Il s'est mis à faire des albums encore plus rock. C'est à ce moment là qu'il a rencontré Bashung. Ils aimaient les mêmes choses et ont passé beaucoup de temps ensemble. Ils ont même monté un groupe "The Rock Band Revival" et ont enregistré deux albums où ils reprenaient des standards du rock américain. Mais leurs vrais noms de figurent pas sur les enregistrements car ils étaient tous les deux sous contrat.  Bashung a écrit la chanson "Marilou" pour mon père. Leur complicité a duré des années puis ils se sont perdus de vue. La seule fois où je les ai vus ensemble, c'était à l'avant-première d'"Arthur et les Minimoys", le film de Luc Besson dans lequel ils faisaient des voix. 


- Sa passion pour le rock remontait à son adolescence  à Nice ?
Son père était boucher dans le vieux Nice et lui a grandi en regardant du côté de l'Italie. Pour lui, les meilleurs musiciens étaient là-bas. Ils avaient deux ans d'avance, ce qui est énorme dans le rock ! Il admirait des artistes comme Adriano Celentano.  D'ailleurs, à ses débuts avec Les Chats Sauvages, son objectif était d'aller à San Remo. Lorsqu'il et arrivé à Paris, il était presque déçu. Il avait conservé un côté provincial. Sa grande distraction était le prendre un métro et de faire le trajet dans les deux sens ! Lorsque je retourne à Nice, je croise toujours quelqu'un qui me raconte des histoires sur mon père ou mon grand-père.

- Vous n'avez jamais été tenté de suivre ses traces dans la musique ?
Faire comme lui ne m'a jamais effleuré. Moi, je suis du côté audiovisuel. C'est comme une sorte de complément parce que pour mes documentaires et les clips, je sais comment fonctionnent les artistes.

- Justement, vous avez dit à propos de Gainsbourg qu'il gérait sa vie comme une oeuvre d'art. Comment votre père gérait-il la sienne ?
Je dirais qu'il menait sa vie avec droiture. Il n'a jamais décroché de sa passion pour le rock. C'était à double tranchant car, contrairement à d'autres artistes, il ne se mettait pas au diapason. Du coup, il avait moins d'exposition. 

- Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Sur une série pour Arte qui s'appelle "Citizen 0.1". Un truc sans rapport avec la musique. Et pour France 3,  deux documentaires qui sont programmés en prime, à la rentrée: "Rochefort Marielle Noiret: les copains d'abord" et "Chroniques de l'Âge Tendre". 

 - Vous avez réalisé des documentaires musicaux, notamment sur Julien Clerc. Vous projetez d'en faire un sur votre père ?
Je le ferai un jour. Sans doute sous cet angle provincial qui le différenciait des artistes de sa génération. C'est une clef pour comprendre son parcours.

 - Il paraît qu'une rue et un espace public devraient porter le nom de Dick Rivers à Nice ?
Pour l'instant, je ne peux pas vous en dire plus mais le maire m'a indiqué que c'était son souhait.
 
- DVD "Dick Rivers L'Essentiel" (Marianne Mélodie), disponible depuis le 15 avril 2021.
- Retrouvez cet article, ainsi que l'ensemble de l'actualité culturelle (musique, théâtre, festivals, littérature, évasion) sur le site www.weculte.com 

2 commentaires:

  1. Bravo pour cette interview du fils d'un très grand artiste.
    J'ai eu le plaisir de le voir plusieurs fois sur scène, notamment au Bataclan avec Cabrel en 1990.
    Je me souviendrai toute ma vie de son entrée en scène, et regard noir, concentré, il s'est lancé dans un «Rip It Up» d'anthologie comme un perdu !
    Et quelle VOIX ce Dick !
    CHRISTIAN NAUWELAERS

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  2. Ah, voila donc son fils , bravo annie bel ecriture et belle synthese

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