15 nov. 2013

Parade Fauve: entre rire et émotion


(c) Pascal Lafay

Parmi toutes les commémorations qui entourent le centenaire de la Grande Guerre, cette « Parade Fauve » apparaît comme un témoignage rare puisqu’elle donne notamment la parole aux Poilus. Serge Hureau et ses complices du Hall de la Chanson, ont en effet effectué un véritable travail d’historien en sortant de l’anonymat des textes comme « Dans les tranchées de Lagny », sur l’air de « Sous les ponts de Paris » de Vincent Scotto. Dans un décor de camouflage dont on apprend que les motifs ont été inventés par les peintres d’avant-garde de 14-18, le spectacle démarre par des couplets revanchards : « Le rêve passe », « Ce que c’est qu’un drapeau », « le violon brisé »…
 Sur scène, Serge qui endosse aussi les rôles du narrateur ou du fameux comique-troupier, est accompagné par deux artistes talentueux : Manon Landowski et Olivier Hussenet. Au fil d’une revue qui passe de l’émotion au rire, du patriotisme au désespoir, on découvre des interprétations inédites de succès comme «Lied eines jungen wachtpostens », la version d’origine de Lili Marleen ou «  Quand Madelon », qui prend ici les accents d’une complainte. Soutenus par deux musiciens Cyrille Lehn (piano) et Lionel Privat (guitares et percussions) qui utilisent également des instruments de poilus, dont un reconstruit pour l’occasion, les artistes revisitent le répertoire de l’époque : « Au bois le Prêtre », «Avec Bidasse »… sans oublier le surprenant « Hanging on the Old Barbed Wire », d’un anonyme britannique, sur l’air de « The British Grenadiers » (dans la version textuelle du groupe Chumbawamba, 1988). 
Au-delà du spectacle, c’est toute une page de l’histoire qui est illustrée ici par le biais de chansons dont quelques-unes ont survécu au temps pour s’inscrire dans la mémoire collective.
Une parade qui se termine par le poème « Bleuet » de Guillaume Apollinaire (datant de 1917 et mis en musique par Francis Poulenc en 1939). Un clin d’œil, sans doute, à ces combattants qui sont peut-être partis « la fleur au fusil » mais qui, après quelques mois dans les tranchées, parlent aussi de la peur, du sacrifice et de la solitude.
Annie Grandjanin

Le 23 novembre à 20 h 30 et le 24 novembre, à 16 h, Hall de la Chanson, Pavillon du Charolais, 211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris. Tél. : 01.53.72.43.01. www.lehall.com
(ce spectacle a reçu le label "centenaire" délivré par la Mission du Centenaire de la Première Guerre Mondiale).

1 commentaire:

  1. Merci pour ce chaleureux regard sur notre humble Parade Fauve. C'est pour moi un travail passionnant, et cela fait chaud au cœur de lire qu'il semblerait qu'on ait touché plutôt juste !
    Le spectacle est repris Ven 7, Sam 8 et Dim 9 février au Hall de la chanson (Parc de la Villette, M° Porte de Pantin), puis en mars, avec en première partie des chorales de collégiens de l'Académie de Paris !
    A bientôt.
    Olivier H

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