22 avr. 2014

Daniel Lavoie: "La Licorne Captive" est une œuvre d’amour !



(c) Josep Molina
Cela fait bien trente ans que le public français est tombé en amour pour le chanteur québécois. Auteur de tubes comme « Ils s’aiment », « Je voudrais voir New York », « Qui sait », il a également endossé avec succès les costumes de Frollo pour Notre-Dame de Paris, de l’aviateur du Petit Prince de Saint-Exupéry, d’Eugène Delacroix dans « Sand et les romantiques »… Cette fois, on le retrouve dans un répertoire aussi dense qu’inattendu pour « La Licorne Captive ». Des contes et légendes, à la croisée du baroque et du médiéval, écrits (sauf deux poèmes de Rimbaud) et composés par Laurent Guardo. Rencontre avec deux artistes entre qui l’alchimie est évidente.
Il paraît que la genèse de ce projet remonte à une quinzaine d’années ?
Laurent Guardo : J’ai commencé en 1999 et j’ai travaillé dessus jusqu’en 2010. Entretemps je composais des indicatifs pour la radio et la télévision à Montréal. Alors que j’étais un illustre inconnu, je me suis permis de rêver en envoyant le disque à Daniel.
Vous avez adhéré tout de suite à ce projet qui sortait un peu de vos cordes ?
Daniel Lavoie : J’ai été un peu dérouté au début mais je suis vite tombé sous le charme. « La Licorne Captive » est une œuvre d’amour. Je n’avais jamais eu la chance de travailler avec des instruments comme les violes de gambe, les gongs tibétains, l’archiluth…C’est aussi gratifiant que difficile. Les violes sont écrites comme à la Renaissance et il fallait trouver sa note. Il est plus facile de mettre de l’emphase dans sa voix que de la retenir. Laurent a hypothéqué sa maison trois fois pour faire ce disque. Moi, je n’ai rien hypothéqué !
Vous prenez quand même le risque de dérouter votre public ?
D.L.. :  Ne croyez pas ça. J’ai la chance d’avoir un public curieux et qui me suit. J’ai choisi ce métier pour la liberté qu’il m’offre et j’ai toujours évité de me mettre trop de chaînes. De toute manière, quand nos enfants respectifs ont été séduits, j’y ai vraiment cru. Il ne peut que plaire à ceux qui ont de bonnes oreilles. Ici, la musique permet de voyager dans un univers à la fois magique, étrange et inattendu. Ce n’est pas un album de musiques anciennes mais contemporaines, avec du baroque, de la renaissance, de la world…
Il y a aussi deux poèmes intitulés « Ophélie » et « Le Bal des Pendus ». C’est la première fois que vous chantez du Rimbaud ?
D.L.: : Oui, et j’espère que ce n’est pas la dernière !  
Envisagez-vous d’emmener cette « Licorne Captive » sur scène ?
D.L. : Probablement. Nous avons fait une présentation sur scène à Montréal et les gens semblaient hypnotisés.  Devant un public, le conte devenait réel.
L.G. : C’était fascinant. Sur scène, on a senti quelque chose qui s’ouvrait. Daniel a réussi à communiquer le plaisir que nous avons eu à faire l’album. Le public lui mangeait littéralement dans la main ! On a tous réalisé qu’en fait, il était un chanteur baroque !
Propos recueillis par Annie Grandjanin


- Album « La Licorne captive » (Le Chant du Monde/Harmonia Mundi), sorti le 25 mars 2014.

15 avr. 2014

Les chansons vitaminées de Gatane


(c) Noémie Lantil/Marie Neubauer
Il a fait des études théâtrales, musicales et mathématiques, mais sur scène, il se présente  comme un thérapeute. Sa spécialité ? Un cocktail vitaminé d’histoires drôles, de swing et de chansons. Une prescription à prendre évidemment par voie auditive ! Et, le 10 avril dernier, les patients en mal d’humour se sont bousculés dans la salle d’attente du Théâtre des Déchargeurs puisque son spectacle « Live Therapy » affichait complet. Auteur-compositeur, ce marseillais installé à Paris a débuté comme pianiste dans des clubs de jazz avant de se lancer dans des spectacles à mi-chemin entre concert et stand-up. Il touche parfois là où ça fait un peu mal comme dans « Dorian Gray », qui évoque les tourments de l’âge et du temps qui passe. Mais l’essentiel de son show est aussi joyeux que déjanté avec des titres comme « Mon ostéopathe est un psychopathe », « Le point G », « Je suis l’homme idéal »…Sans oublier l'addictif "Je marchais dans Paris". Et lorsque pour « Ma meilleure copine se marie » il fustige les perfidies des filles il sait aussi leur rendre un poétique hommage avec « Daltonian Song ». Accompagné d’un batteur et d’un bassiste, le chanteur crée une véritable interaction avec le public qui est même invité à choisir le rythme du dernier morceau entre salsa, rock, reggae, rap…Sur son dernier EP « Gatane 500 mg », il est précisé que parmi les effets secondaires, il faut s’attendre à une rébellion soudaine contre toute forme de musique déprimante. Un artiste à découvrir d’urgence pour se lever de bonne bonne humeur le matin…
Annie Grandjanin

Le 28 mai, à 21h30, au Théâtre des Déchargeurs, salle Vicky Messica, 3, rue des Déchargeurs 75001 Paris. Tél.: 01.42.36.00.50. www.lesdechargeurs.fr
« Gatane 500 mg », nouvel EP en solution Mp3, Lez’Artis Diffusion. Dates des concerts à venir sur le site www.gatane.com

9 avr. 2014

"Les cigales ne passent jamais l'été", par Wladimir Pandolfo


Et si un jour vous receviez une demande d’amitié sur facebook de la part d’une ancienne petite amie décédée il y a plus de 15 ans ? Tel est le point de départ de l’intrigue imaginée par l’auteur.
Directeur artistique d’une maison de disques, enseignant à Sciences Po, Wladimir Pandolfo signe ici son premier roman. « J’ai eu envie d’écrire dans l’esprit d’une série américaine. Que le lecteur reste sur sa faim à chaque fin de chapitre » explique-t-il.
Et le résultat est à la hauteur de l’intention ! Outre une écriture moderne et une description passionnante des quartiers nord de Marseille, on suit avec intérêt les déboires de Gabriel, jeune homme apparemment tranquille, victime de ce qu’il imagine être une mauvaise blague. Très vite, il va replonger malgré lui dans un passé qu’il avait tenté d’oublier. Lorsqu’il disparaît, sa compagne Clara, une jeune journaliste plus habituée aux défilés de mode qu’aux enquêtes d’investigation décide de partir à sa recherche au cœur de la cité phocéenne. Une ville où tout s’est joué il y a une quinzaine d’années…
L’occasion de multiples aller-retour dans le temps, où le virtuel supplante le mode épistolaire, où l’insouciance fait place aux interrogations de l’âge adulte, où les histoires d’amour s’entremêlent, où les fautes d’hier vous rattrapent inexorablement…
Tandis que le titre du livre revient au fil des pages comme une étrange malédiction, l’auteur nous tient en haleine jusqu’au dénouement. « Cette histoire, c’est un peu la chronique d’un échec annoncé » confesse Wladimir. Rien à voir avec l’accueil que les lecteurs devraient réserver à ce polar captivant.
Annie Grandjanin

Parution le 10 avril. Aux Editions Bruit Blanc, Collection Bruit Noir. 236 pages, 14 €.

6 avr. 2014

L'Afrique rêvée de Rivière Noire

(c) Mathieu Simonet

En janvier dernier, le premier album éponyme de Rivière Noire avait créé la surprise. Treize titres métissant folk mandingue et sonorités brésiliennes, enregistrés entre Paris et le studio Moffou de Salif Keita à Bamako.
 A l’origine de ce projet : le chanteur brésilien Orlando Morais (qui a notamment collaboré avec Caetano Veloso et Maria Bethania), Jean Lamoot (basse, guitare, programmation et réalisateur d’albums pour Alain Bashung, Salif Keita, Noir Désir…), un breton qui a passé son enfance entre le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Rwanda et enfin le guitariste et chanteur Pascal Danae, d’origine guadeloupéenne. Ensemble, ils imaginent un retour aux sources de leurs aspirations musicales, leur « Afrique rêvée » confie Pascal. 
On attendait évidemment la formation sur scène et c’est dans un Café de la Danse « sold out » (le 1er avril dernier) qu’elle a fait une escale remarquée à Paris. Du somptueux « Bate Longe » à « Londres Paris », en passant par « Te Esperar », « Cuando » ou une superbe reprise du « Sodade » de Cesaria Evora, le groupe porté par le timbre mélodieux et puissant d’Orlando Morais a offert un concert d’une intensité quasiment mystique. Alternant complaintes et morceaux plus rythmés, en portugais et dialectes africains, instruments traditionnels et riffs de guitare électrique, incantations aux accents groovy et invitations à danser, Rivière Noire a embarqué le public dans un maelstrom d’émotions. Avec la complicité d’invités comme la chanteuse Sylvie Hoareau, le grand chanteur malien Kassé Mady Diabaté et Jean-Louis Aubert. Tout simplement magique !
Annie Grandjanin

Album « Rivière Noire », sorti le 20 janvier 2014 (Atmosphériques)
En tournée: le 14 juin Parc de la Mairie à Juvisy-sur-Orge (Fête de la ville), le 4 octobre Les Internationales de la Guitare à Lattes, le 11 oct. le Cap d'Aulnay-sous-ois, le 14 oct. Tourcoing Jazz Festival, le 16 oc. Nancy Jazz Pulsation, le 24 oct. L'ARC, Rezé, le 6 nov. le Rocher de Palmer à Bordeaux, le 8 nov. Le Florida à Agen, le 14 nov. la Citrouille à St Brieuc, le 6 mars 2015 Théâtre de Meaux...