|
(c) Marie Taquet |
Le 6 août prochain, Thomas Fersen sera à l'affiche de "
Chansons & Mots d'Amou".
Un festival qui, durant trois jours, célébrera la musique et la poésie, avec des artistes comme Marie-Christine Barrault, La Maison Tellier, Flavia Perez, Arbon, Céline Caussimon, Etienne Champollion, Stanislas de La Tousche, Geneviève Morissette, Simon Dalmais...
Une cinquième édition dont il a accepté d'être le parrain.
Le thème choisi cette année: "La chanson, ça conte !" semble avoir été créé pour vous, non ?
C'est une heureuse coïncidence. En tout cas, moi cela m'a inspiré.
Pouvez-vous nous parler de votre spectacle "Chansons et sketches en vers" ?
Il s'agit de monologues en vers qui étaient destinés à être des chansons, puis je suis un peu sorti du cadre. La forme est parfois poétique, parfois fantaisiste. La chanson reste, à mon avis, assez superficielle, mais c'est aussi sa vertu.
Est-ce aussi une manière de combler les silences dans un récital ?
Lorsque j'ai débuté, on me disait qu'il fallait parler au public, entre deux chansons. J'ai toujours aimé raconter des histoires et des anecdotes aux gens. Aujourd'hui, ces récits en vers représentent 40 % de mon spectacle. Avec ces monologues, j'ai le sentiment d'apporter quelque chose de frais, d'inédit.
Vous avez dit un jour que la vraie rébellion, c'était de chanter en français. C'est encore le cas ?
De plus en plus ! A l'époque où j'ai dit ça, il y avait assez peu d'artistes français qui chantaient en anglais. Maintenant, c'est plutôt le contraire. Il y a même des réseaux où vous n'êtes pas programmés si vous ne suivez pas le courant. De nos jours, chanter en français, est presque un acte de résistance, même si je ne suis pas un adepte des termes guerriers.
Vous refusez de vous laisser enfermer dans une case. Pourtant, vous n'avez pas échappé à certaines étiquettes comme celle de représentant de la "nouvelle scène française" ?
C'est assez paradoxal car je suis né en 1963 et cette appellation concerne plutôt des artistes qui sont dans la quarantaine. Cette façon de dater est peut-être liée à l'intérêt que le public porte à la chanson française. Je n'ai pas cette notion linéaire. Pour moi, la chanson appartient à la catégorie des madeleines.
Dans votre dernier album "Thomas Fersen & The Ginger Accident", vous abordez des sonorités musicales inattendues ?
J'imagine que l'intérêt du public pour ce que je peux proposer, c'est justement cette liberté. Pas question pour moi de la renier. J'envisage d'ailleurs de quitter le disque pour me consacrer au spectacle vivant que je trouve fédérateur.
Vous ressentez de l'amertume face à l'industrie du disque ?
Ce serait naïf de ma part. Ce n'est pas moi qui tire les ficelles. On s'adapte pour arriver à travailler avec elle.
Vous avez tout de même un projet d'album à la rentrée ?
En effet. Je travaille avec Joseph Racaille sur un disque qui devrait sortir à l'automne.
Il paraît que vous notez toute vos idées sur des bouts de papier ?
Plus maintenant. Depuis deux ans j'enregistre tout sur mon téléphone.
Ce n'est pas un peu risqué ?
J'aime le danger. Plus sérieusement, il m'est arrivé de perdre des papiers qui rampaient hors de mes poches !
Pensez-vous toujours qu'il y a de l'érotisme dans la création ?
J'y songeais justement hier en croyant que j'avais fait une trouvaille ! Apparemment, je me suis déjà confié à ce sujet. C'est vrai qu'il y a quelque chose d'assez érotisant dans le jet de la création et l'incarnation sur scène.
Vous écrivez rarement pour les autres. Pourquoi ?
Ce que j'écris est très personnel. Le faire pour d'autres interprètes est assez contraignant. J'ai longtemps refusé de le faire sur commande. De toute manière, j'écris uniquement par plaisir.
Avec l'envie d'apporter un peu de légèreté et de fantaisie ?
Absolument. Quand on est chanteur, on ne devrait pas trop la ramener. Ce n'est pas mon style de donner des conseils. Je trouve même que c'est un peu malhonnête puisque la chanson s'inscrit dans une industrie.
Votre refuge, c'est plutôt la littérature ?
Jean Genet fait partie de ceux qui m'ont permis d'entrevoir une dimension sacrée. J'ai toujours cherché cette sensibilité dans la littérature. Je suis un autodidacte qui fonctionne à l'intuition. J'ai retrouvé ça chez Prévert. Quand on est ignorant, comme moi, c'est le plus accessible des écrivains. Il vous ouvre la porte...
Festival "Chansons & Mots d'Amou", les 5, 6 et 7 août 2016 à Amou dans les Landes (40). Tarifs: 20 € (le 5 août), 25 € (le 6 août) et 12 € (le 7 août). Pass 3 jours à 35 €.
Infos sur le site http://www.chansonsetmotsdamou.fr/