20 janv. 2020

Tim Dup "Qu'en restera-t-il ?"

Timothée Duperray, alias Tim Dup n'aura pas attendu plus de deux ans pour donner une suite à sa "Mélancolie heureuse". Et on s'en réjouit car le jeune artiste donne un nouveau visage à la chanson française. Il ne faut évidemment pas se fier à sa bouille de gamin et à sa dégaine d'ado car Tim fait preuve d'une surprenante maturité dans l'écriture et la composition. Dans l'inspiration aussi car il est rare, à 25 ans, de se pencher avec autant d'acuité et de sensibilité sur l'impermanence des gens et des choses.
Des réflexions qui nourrissent les textes de "Qu'en restera-t-il", un second opus écrit et composé (avec la complicité de Damien Tronchot et Renaud Létang) après un long voyage à travers l'Europe et au Japon.
Dans le livret qui accompagne l'album, Tim cite ces mots de Barbara :"Les voyages... Qui mûrissent nos coeurs, qui nous ouvrent au bonheur. Mais que c'est beau les voyages...".
De ce long périple en solitaire, l'auteur, compositeur et musicien a rapporté des chansons, comme autant d'instantanés, qui parlent d'Aventure, de Songes, de Refuge ou de la Porte du soleil (en duo avec Gaël Faye, co-auteur du texte), d'enfants trop jeunes et déjà cabossés, d'ellipses et d'atolls en exil... et nous ramènent du côté du quartier République, le temps d'une émouvante chanson intitulée "Place espoir". Treize titres, parfois slamés, parfois parlés qui font la part belle au piano, avec ici et là quelques sonorités électro.
Au fil de phrases que l'on imagine griffonnées sur une feuille au bord d'une route, face à l'océan ou sur la banquette d'un bus, on se laisse emporter par la veine poétique de ce magnifique bourlingueur qui, entre sombres présages et déclarations d'amour, nous laisse entrevoir le ciel "comme une fenêtre ouverte"...

- Album "Qu'en reste-t-il ?" (Columbia/Sony Music), disponible depuis le 10 janvier 2020.
En concert: le 7 mars 2020 à Sérignan (La Cigalière), le 12 mars à Oberhausbergen(Le PréO), le 13 mars au Festival "A Travers Chant" de Saint-Saulve, le 14 mars à Épinal (La Souris Verte), le 20 mars à Fontaine (La Source), le 21 mars à Genève, le 22 mars au Festival French Connexion de Lyon, le 27 mars à la Cigale...

13 janv. 2020

Clara Ysé: de l'ombre à la lumière

(c) Sylvain Gripoix
Sur sa courte biographie, on apprend qu'elle a débuté le violon à l'âge de 4 ans, le chant  à 8 ans et qu'elle a été bercée par les voix de Maria Callas, Janis Joplin, Barbara et Mercedes Sosa. Après avoir étudié la philosophie à la Sorbonne, le langage scénique à l'École du Jeu, elle aurait développé son goût pour l'image en observant son père (peintre) dans son atelier...
Mais pour tenter de percer l'univers singulier de Clara Ysé, il faut évidemment écouter les chansons de son EP "Le monde s'est dédoublé". Six titres écrits et composés après la perte de sa mère, la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle, disparue après avoir sauvé un enfant de la noyade, en juillet 2017.
"Regarde derrière les nuages, il y a toujours le ciel bleu azur qui, lui, vient toujours en ami te rappeler tout bas que la joie est toujours à deux pas..." chante-t-elle dans ce mini album à feuilleter comme un journal intime, avec ses codes, ses allégories, ses tourments, ses élans amoureux... Subtile alchimiste, la jeune artiste de 26 ans maîtrise l'art de transformer les ombres en éclaircies, de transcender l'absence. Que ce soit avec le vibrant "Libertad", l'émouvant "Mama", les hypnotiques "Fées magnétiques",  le timbre lyrique et puissant de Clara,  qui passe harmonieusement du grave à l'aigu,  nous embarque (en français, en anglais et en espagnol) pour un étrange "Voyage équinoxial".
L'osmose est si palpable qu'il serait bien réducteur de parler d'accompagnateurs pour évoquer les instrumentistes dont elle s'est entourée: Yulian Malaj, co-auteur et co-compositeur de 2 titres et seconde voix sur le CD, le batteur et percussionniste d'origine iranienne Naghib Shanbehzadeh, le pianiste Camille El Bacha et le bassiste Marc Karapétian. Des virtuoses qui habillent magnifiquement les mélodies de sonorités orientales et latino-américaines.
En concert, Clara Ysé nous offre également une belle et troublante version de la chanson de Dominique A "Immortels" qui fut également reprise par Aain Bashung. Comme un mantra...


Les 14 janvier (concert complet), 11 février et 17 mars 2020, à 19h30, à La Boule Noire, 
120, boulevard de Rochechouart, 75018 Paris. Loc. points de vente habituels. Prix: 17 €.
- EP "Le monde s'est dédoublé (Tomboy Lab/Believe)