27 avr. 2017

Caroline Montier chante Barbara amoureuse

On l'a connue virevoltant dans une jupette à pois rouges, aux côtés de ses espiègles complices du trio Swinging Poules (voir article du 24 décembre 2014 sur ce blog). Cette fois, c'est seule au piano et tout de noir vêtue, que l'on retrouve Caroline Montier dans récital consacré à Barbara. Mais une Barbara amoureuse, un brin primesautière, même si la gravité n'est jamais loin.
Un exercice périlleux auquel d'autres avant elle se sont livrées avec plus ou moins de bonheur. Le risque étant d'apparaître comme une pâle copie de la Dame Brune. Un écueil que la chanteuse, venue du lyrique, a su habilement éviter. Car même si son profil se dessinant sur les pierres et certaines intonations rappellent parfois l'auteur de "Ma plus belle histoire d'amour", Caroline  marche dans les pas de son aînée en y apportant sa propre empreinte.
Et on apprécie le choix de cet itinéraire audacieux, qui, à mille lieues des chemins si souvent revisités, nous emmène  à la (re)découverte de refrains comme "A chaque fois", "Parce que je t'aime" ou "Je ne sais pas dire...".
Servie par de subtils jeux de lumières imaginés par Anne Coudret et la collaboration artistique de Caroline Loeb, l'artiste propose ici un touchant hommage à celle qui écrivait: "Là, simplement dire je t'aime, je n'ose pas...Amoureuse du bout des doigts, au piano, je pourrais le dire, écoute-moi, regarde-moi..." Un message, comme une confidence, que Caroline Montier délivre avec une belle et élégante sensibilité.

Jusqu'au 9 mai 2017, les lundis et mardis à 21h30, et en juin les mercredis à 19h45, à l'Essaïon, 6, rue Pierre au Lard, 75004 Paris. Tél.: 01.42.78.46.42. Prix: 15 € et tarifs réduits à 10 €.  http://www.essaion.com/
Et cet été au Festival d'Avignon, au Théâtre Al Andalus (25 rue d'Amphoux), à 21h35.

4 avr. 2017

Jean Guidoni: "quand on est un artiste, on doute toujours"

Dix ans après "La pointe rouge" et une longue parenthèse consacrée à faire revivre la poésie de Prévert et celle d'Allain Leprest, Jean Guidoni a repris la plume pour "Légendes urbaines". Un album dont il a signé tous les textes, sur des musiques de son complice Didier Pascalis. Treize chansons portées par la voix émouvante de cet artiste qui renoue avec la verve fiévreuse de "Crime Passionnel".
Entre les vapeurs de l'oubli, le temps qui passe trop vite, il nous embarque sur les accents mélancoliques de "La note bleue", à bord d'un "Grand huit" ou sur "La piste des éléphants". 
Son concert à l'Européen affiche complet mais une date supplémentaire est d'ores et déjà prévue à la Cigale. Une chance car
c'est sur scène que Jean Guidoni donne la pleine mesure de son talent.

A l'écoute de ces "Légendes urbaines", on se demande pourquoi tu as attendu si longtemps pour revenir à l'écriture ?
J'avais un peu la trouille, l'impression de n'avoir plus rien à dire. C'est Didier (Pascalis) qui m'a poussé.  Les premières réactions m'ont donné envie de poursuivre et d'enregistrer ce nouvel album. Quand on est un artiste, on doute toujours.Chanter Prévert et Leprest m'a permis de continuer à réaliser des choses. C'était aussi l'occasion de prendre du recul, de faire le point avant d'oser me lancer à nouveau.
On retrouve dans ce nouvel album tes thèmes de prédilection comme les tristes fins de nuit, les amours et le temps qui passent ?
C'est un univers que j'aborde plus facilement. J'ai toujours été inspiré par les ambiances un peu sombres.
A l'image de la pochette de l'album ?
J'aime bien ce regard. Il semble dire: attention, je suis peut-être un peu diabolique !
On s'étonne d'autant plus de ce texte dans lequel tu évoques ton goût pour la danse ?
"Moi je danse" est la première chanson que j'ai écrite pour "Légendes urbaines". Enfant, je rêvais d'être danseur, bien avant de songer à la chanson. Ma grand-mère m'emmenait voir des spectacles à l'Opéra de Toulon. Je n'ai pas pu suivre de cours pour des questions d'argent, alors j'ai mis ces espoirs dans ma poche. Mais j'ai toujours aimé danser sur scène. C'est une vraie passion.
Comme celle que tu sembles vouer à Dorothy Parker ?
 J'ai eu envie de rendre hommage à cette femme qui était d'une lucidité redoutable pour l'époque. Je me suis amusé à écrire ma version de son "Hymne à la haine".
Peux-tu nous parler du concert que tu donneras ce soir à l'Européen ?
Je serai accompagné d'un trio de musiciens piano-contrebasse-guitare et j'interpréterai les chansons de mon nouvel album mais aussi des titres d'Allain Leprest et des textes plus anciens que j'ai signés comme "Mort à Venise", "Je pourris camarade" et "Y'a un climat".
Il y a dans ton album des titres qui semblent plus "engagés", non ?
C'est vrai. "La piste des éléphants" et "Où allez-vous Nora, Djemila..." s'inspirent de l'actualité.Tout comme "Je pourris camarade" qui était une chanson assez politique. Mais je pense que pour qu'un message puisse passer, il ne faut pas le faire de manière trop radicale. Même avec Pierre (Philippe), nous nous efforcions de ne jamais être didactiques. L'essentiel, c'est de partir de l'humain.

Ce soir, 4 avril, à 20 h 30, à l'Européen, 5, rue Biot, 75017 Paris. Tél.: 08.92.68.36.22.
http://www.leuropeen.paris/. Et le 20 novembre 2017, à 20 h, à la Cigale, 
120, Bd de Rochechouart, 75018 Paris. http://www.lacigale.fr/
Album "Légendes urbaines" (Tacet/L'Autre Distribution), disponible depuis le 31 mars.