7 nov. 2019

Rod Barthet: "j'aime faire tomber les barrières"

(c) Fabien Cart
Il a créé son premier groupe de hardcore à 14 ans. Après des gammes plus académiques à l'école de musique de Nancy, Rod Barthet s'est envolé pour San Francisco. Il y croisera quelques vieux routards du blues dont John Lee Hooker qui l'invite à assurer sa première partie en concert !
Il a alors vingt ans et des rêves plein la tête. Comme celui qu'il réalise en 1995 en retournant en Californie pour enregistrer son premier album Rod & The Shotguns "Mr Alligator".
En une vingtaine d'années, ce natif de Pontarlier a imposé sa griffe sur la scène blues-rock. Outre un redoutable jeu de guitare, il se démarque des accents rocailleux de ses aînés avec son timbre clair. Pour son nouvel opus "Ascendant Johnny Cash", il a retrouvé son complice Boris Bergman. "Après plus de vingt années de collaboration avec Rod, je peux affirmer que c'est très certainement l'un de mes meilleurs albums" affirme ce dernier.
Loin de nous l'idée de le contredire...

- Il paraît que tu as assisté à ton premier concert à l'âge de 3 ans ?
Il s'agissait de Deep Purple. J'y suis allé avec ma mère. Elle était aussi fan de Janis Joplin, de Led Zeppelin, des Doors...J'ai longuement fouillé dans ses disques avant d'arriver au blues. Cette musique est mon fil conducteur. C'est pour ça que je suis allé aux États-Unis.
- Être invité à jouer en première partie de John Lee Hooker, ça muscle un CV, non ?
Je suis toujours surpris quand on m'en parle. J'avais vingt ans et je n'ai pas mesuré la chance que j'avais. Alors que je jouais dans un bar, j'ai rencontré son attaché de presse et je lui ai remis une cassette. John Lee Hooker m'a appelé et m'a invité chez lui. Il m'a même prêté sa voiture pour que je puisse découvrir San Francisco. C'était un vieux monsieur très respecté. Il disait qu'avoir la grosse tête ne servait à rien. En me proposant de faire sa première partie, il m'a vraiment mis le pied à l'étrier.
Hormis l'apprentissage musical dans la discothèque maternelle, quels sont les artistes que tu écoutes ?
Ben Harper, Jimi Hendrix, John Butler Trio, Neil Young, Bob Dylan... J'ai beaucoup aimé le premier album de Gérald de Palmas ("Marcher dans le sable"). Il y a aussi Matthieu Chedid  que j'ai rencontré alors qu'il ne s'appelait pas encore M. Nous avons même fait un boeuf ensemble. Il ne fait pas semblant de jouer. C'est un super "gratteux" !
Peux-tu nous parler de ta rencontre avec Boris Bergman ?
C'était par l'intermédiaire de Yazid Manou, un attaché de presse. Je suis allé chez Boris à Montmartre pour lui faire écouter ce que je faisais. Il a travaillé avec beaucoup d'artistes internationaux. Il a d'ailleurs un mot de David Bowie qui le remercie pour la traduction de "Space Oddity". Mais la plupart des gens le connaissent pour sa collaboration avec Bashung. Il écrit des choses qui me correspondent et que je prends parfois en pleine figure. Comme la première chanson de l'album  "Amour ma fêlure". Il a signé 5 titres sur l'album.
-Un album que tu as enregistré chez toi, cette fois ?
Oui, à 90 % dans mon home studio. J'ai la chance d'être sur mon propre label. C'est une grande liberté.
Tu fais rarement des reprises mais dans ton précédent album "Les filles à l'écoute", on trouve"Gaby Oh Gaby".
(c) Cyril Jubin
Habituellement, je ne suis pas fan des reprises sur mes albums. Là, j'étais avec des musiciens américains qui ne connaissaient pas Bashung. Il n'y a eu qu'une seule prise et nous l'avons gardée. Je l'ai fait en pensant à Boris.
- La présence de cordes dans le titre "Madame", est assez inhabituelle aussi ?
C'était un souhait que j'avais depuis longtemps. J'ai signé le texte et la musique mais j'ai laissé carte blanche à l'arrangeur qui a fait un travail magnifique. Lorsque j'ai entendu les jeunes musiciennes qui viennent du Conservatoire de Besançon, j'ai eu la chair de poule.
- Que réponds-tu à ceux qui sont critiques à l'égard du blues français ?
Qu'il suffit d'écouter des artistes comme Paul Personne. Je suis pour la retenue dans la voix et.je chante en français. C'est mon univers. J'aime faire tomber les barrières ! Je songe souvent à cette phrase de Cocteau: "Ce qu'on te reproche, cultive-le, c'est toi". Moi, cela vingt ans que je le fais et j'enfonce le clou.

- Album "Ascendant Johnny Cash" (Festivest/Socadisc), disponible depuis le 27 septembre 2019.
En concert, le 21 novembre 2019 à 20h30, au Sunset, 60, rue des Lombards, 75001 Paris. 
Tél.:01.40.26.46.60.Prix: 20 €. http://www.sunset-sunside.com/