Le 2 juin dernier avait lieu la conférence de presse du Festival Solidays (qui débute vendredi à l'Hippodrome de Longchamp).
L'occasion de croiser MC Solaar, parrain historique de cette grande fête de la musique, de la fraternité et de la solidarité. Et de "confesser" un peu l'auteur de "Bouge de là" dont le dernier album "Chapitre 7" remonte tout de même à 2007 ! Une longue abstinence qui ne l'empêche pas de demeurer le rappeur le plus populaire de sa génération.
Ces dernières années, ton engagement auprès de Solidays ou des Restos du Coeur a pris le pas sur ta carrière personnelle, non ?
Cela ne prend pas forcément pas le pas mais, comme je ne sors rien, je suis disponible ! J'ai rencontré l'équipe de Solidarité Sida il y a une vingtaine d'années. Lorsqu'on m'a demandé de parrainer Solidays, il m'était impossible de refuser...
Qu'en est-il des rumeurs récurrentes concernant la sortie d'un nouvel album ?
Je n'en suis pas aussi loin que prévu. J'ai commencé une petite session pendant 5 mois. J'espère reprendre en septembre. Il paraît que cela fait dix ans que je me repose !
Et comment as-tu occupé ce long repos ?
Je mène la vie que j'avais en tant que rappeur : je sors, je fais des rencontres, je retrouve des amis...
Tu assistes aussi à des concerts ?
Pas trop. J'aimerais bien qu'ils débutent à 22h30 ! Il m'arrive de répondre à des invitations de musiciens que je croise. J'éprouve tout de même une petite frustration à l'idée d'avoir raté les concerts de Stromaé ou de Christine and The Queen.
Tu bénéficies encore d'une incroyable cote de popularité, cela ne t'encourage pas à revenir sur le devant de la scène ?
Cela booste évidemment, mais je regarde si la la mer est agitée ou pas. Sinon, pourquoi prendre un bateau ?
Pas d'embarquement imminent alors ?
Non. J'ai bien quelques écrits dans l'air mais j'aime faire les choses en prévision d'un moment précis. Et surtout, il faut que je m'amuse.
Ce moment précis, ne serait-ce pas le 2 juillet prochain pour le concert "Hip Hop Symphonique" ?
C'est vrai que j'ai été séduit par l'idée de ce concert de rap symphonique à l'Auditorium de la Maison de la Radio (voir annonce du 9 juin dernier sur ce blog). L'un des initiateurs, Issam Krimi m'a fait découvrir son travail et j'ai trouvé qu'il avait du talent. C'est un mec sincère, un activiste de la culture urbaine. Et je vais être accompagné par l'Orchestre Philharmonique de Radio France, avec les meilleurs violonistes du monde ! J'ai donc accepté de sortir de ma tanière. Comme les autres artistes qui seront sur scène (I AM, Ärsenik, Youssoupha et Biglo & Oli), je ferai deux titres réorchestrés dont j'ai envie de réserver la surprise. Allez, en confidence, il y aura "Caroline"...
Et ton projet de comédie musicale sur le hip hop ?
Il date des années 94/95 mais je ne l'ai jamais mis en chantier. Je ne vois pas l'intérêt de ranimer les flammes sur des trucs qui ont vingt ans.
Pourtant, "Solaar pleure" est encore d'actualité ?
J'ai pu écrire des textes visionnaires, sans doute parce que je ne parlais pas de moi mais de la société, Le mal-être est le même.
Justement, compte-tenu de l'actuel climat social, tu n'a pas envie de faire entendre ta voix ?
J'ai tellement attendu. Je peux attendre encore... Je ne voulais rien sortir pendant les années comportant la lettre "z". Mais, c'est promis, on en reparle après le 31 décembre 2016 !
Festival Solidays, les 24, 25 et 26 juin 2016, à l'Hippodrome de Longchamp.
Infos sur http://www.solidays.org/
"Hip Hop Symphonique", le 2 juillet à 19 heures à l'Auditorium de la Radio, 116, avenue du Président Kennedy, 75016 Paris.
22 juin 2016
20 juin 2016
Thomas Fersen: "J'ai toujours aimé raconter des histoires... "
(c) Marie Taquet |
Un festival qui, durant trois jours, célébrera la musique et la poésie, avec des artistes comme Marie-Christine Barrault, La Maison Tellier, Flavia Perez, Arbon, Céline Caussimon, Etienne Champollion, Stanislas de La Tousche, Geneviève Morissette, Simon Dalmais...
Une cinquième édition dont il a accepté d'être le parrain.
Le thème choisi cette année: "La chanson, ça conte !" semble avoir été créé pour vous, non ?
C'est une heureuse coïncidence. En tout cas, moi cela m'a inspiré.
Pouvez-vous nous parler de votre spectacle "Chansons et sketches en vers" ?
Il s'agit de monologues en vers qui étaient destinés à être des chansons, puis je suis un peu sorti du cadre. La forme est parfois poétique, parfois fantaisiste. La chanson reste, à mon avis, assez superficielle, mais c'est aussi sa vertu.
Est-ce aussi une manière de combler les silences dans un récital ?
Lorsque j'ai débuté, on me disait qu'il fallait parler au public, entre deux chansons. J'ai toujours aimé raconter des histoires et des anecdotes aux gens. Aujourd'hui, ces récits en vers représentent 40 % de mon spectacle. Avec ces monologues, j'ai le sentiment d'apporter quelque chose de frais, d'inédit.
Vous avez dit un jour que la vraie rébellion, c'était de chanter en français. C'est encore le cas ?
De plus en plus ! A l'époque où j'ai dit ça, il y avait assez peu d'artistes français qui chantaient en anglais. Maintenant, c'est plutôt le contraire. Il y a même des réseaux où vous n'êtes pas programmés si vous ne suivez pas le courant. De nos jours, chanter en français, est presque un acte de résistance, même si je ne suis pas un adepte des termes guerriers.
Vous refusez de vous laisser enfermer dans une case. Pourtant, vous n'avez pas échappé à certaines étiquettes comme celle de représentant de la "nouvelle scène française" ?
C'est assez paradoxal car je suis né en 1963 et cette appellation concerne plutôt des artistes qui sont dans la quarantaine. Cette façon de dater est peut-être liée à l'intérêt que le public porte à la chanson française. Je n'ai pas cette notion linéaire. Pour moi, la chanson appartient à la catégorie des madeleines.
Dans votre dernier album "Thomas Fersen & The Ginger Accident", vous abordez des sonorités musicales inattendues ?
J'imagine que l'intérêt du public pour ce que je peux proposer, c'est justement cette liberté. Pas question pour moi de la renier. J'envisage d'ailleurs de quitter le disque pour me consacrer au spectacle vivant que je trouve fédérateur.
Vous ressentez de l'amertume face à l'industrie du disque ?
Ce serait naïf de ma part. Ce n'est pas moi qui tire les ficelles. On s'adapte pour arriver à travailler avec elle.
Vous avez tout de même un projet d'album à la rentrée ?
En effet. Je travaille avec Joseph Racaille sur un disque qui devrait sortir à l'automne.
Il paraît que vous notez toute vos idées sur des bouts de papier ?
Plus maintenant. Depuis deux ans j'enregistre tout sur mon téléphone.
Ce n'est pas un peu risqué ?
J'aime le danger. Plus sérieusement, il m'est arrivé de perdre des papiers qui rampaient hors de mes poches !
Pensez-vous toujours qu'il y a de l'érotisme dans la création ?
J'y songeais justement hier en croyant que j'avais fait une trouvaille ! Apparemment, je me suis déjà confié à ce sujet. C'est vrai qu'il y a quelque chose d'assez érotisant dans le jet de la création et l'incarnation sur scène.
Vous écrivez rarement pour les autres. Pourquoi ?
Ce que j'écris est très personnel. Le faire pour d'autres interprètes est assez contraignant. J'ai longtemps refusé de le faire sur commande. De toute manière, j'écris uniquement par plaisir.
Avec l'envie d'apporter un peu de légèreté et de fantaisie ?
Absolument. Quand on est chanteur, on ne devrait pas trop la ramener. Ce n'est pas mon style de donner des conseils. Je trouve même que c'est un peu malhonnête puisque la chanson s'inscrit dans une industrie.
Votre refuge, c'est plutôt la littérature ?
Jean Genet fait partie de ceux qui m'ont permis d'entrevoir une dimension sacrée. J'ai toujours cherché cette sensibilité dans la littérature. Je suis un autodidacte qui fonctionne à l'intuition. J'ai retrouvé ça chez Prévert. Quand on est ignorant, comme moi, c'est le plus accessible des écrivains. Il vous ouvre la porte...
Festival "Chansons & Mots d'Amou", les 5, 6 et 7 août 2016 à Amou dans les Landes (40). Tarifs: 20 € (le 5 août), 25 € (le 6 août) et 12 € (le 7 août). Pass 3 jours à 35 €.
Infos sur le site http://www.chansonsetmotsdamou.fr/
15 juin 2016
Isabelle Georges: il y a de l'amour dans l'air !
(c) Photo Lot |
Il faut la découvrir dans une version terriblement sensuelle des "Nuits d'une demoiselle" (chanson immortalisée par Colette Renard), pour réaliser combien elle maîtrise son sujet. Glamour à souhait, dotée d'un savoureux sens de l'humour et d'un timbre puissant et mélodieux, l'artiste puise, à l'envi, dans le répertoire (Aznavour, Trénet, Mouloudji, Rezvani, Distel...) pour nous entraîner dans une carte du tendre, jalonnée de refrains populaires tels que "C'est merveilleux l'amour", La belle vie", "Le tourbillon de l'amour", "Un jour tu verras", "Que reste-t-il de nos amours", "Ziggy" (extrait de Starmania)... Au passage, elle nous rejoue une scène du "Mépris" de Godard ou endosse le costume de Blanche-Neige pour revisiter "Un jour mon prince viendra".
Un tour de chant (sur des arrangements de Cyrille Lehn) ponctué de sketches orchestrés avec la complicité de ses musiciens multi-instrumentistes: Edouard Pennes, Adrien Sanchez et Frederik Steenbrink. Ce dernier la rejoint d'ailleurs sur des duos réussis et... sous les draps pour mimer de chastes ébats. Un joyeux et bel hommage aux auteurs compositeurs qui lui ont inspiré "Amour Amor", sans oublier un clin d'oeil à Cocteau qui écrivait: "le verbe aimer est difficile à conjuguer: son passé n'est pas simple, son présent n'est qu'indicatif et son futur est toujours conditionnel". Nous, Isabelle Georges, on l'aime de manière inconditionnelle...
Jusqu'au 20 août 2016, du mardi au samedi à 20 h 30, mat. sam. à 16 h, au Théâtre La Bruyère, 5, rue La Bruyère, 75009 Paris. Tél.: 01.48.74.76.99
http://www.theatrelabruyere.com/
Inscription à :
Articles (Atom)