|
(c) Mehdi Khadouj |
Lorsqu'il ne parcourt pas le monde avec le fameux duo Fills Monkey, Sébastien Rambaud pose ses baguettes de batteur pour prendre la plume. Une plume avec laquelle, sous le nom de Célestin, il raconte de belles et touchantes histoires d'amour ("
Tes lèvres", "L'oeuf au plat","Elodie"), s'interroge sur notre destinée ("
Qu'est-ce qu'on fait là ?") ou s'inquiète pour l'avenir de notre planète ("
Ma mère").
Après "Poussière de Luxe", en 2019, il vient donc de sortir un nouvel album intitulé "Deuxième acte".
Treize chansons de pop française, dont il a signé textes, musiques et co-écrit les arrangements avec Jérémy Rassat.
La guitare en bandoulière et une grosse valise rose à la main, ce troubadour des temps modernes, tendre et engagé, se produit régulièrement en appartements.
Rencontre avant son prochain concert parisien, au Petit Olympia, le 23 juin prochain.
- Avec votre complice Yann Coste de Fills Monkey vous n'échangez aucune parole sur scène. Devenir chanteur est une manière de compenser une certaine frustration ?
Je suis batteur au départ. J'ai vécu des trucs incroyables avec Fills Monkey. Me retrouver sur scène et tourner dans le monde entier était loin d'être une frustration ! Mais il y avait toute une panoplie d'émotions que je ne pouvais pas exprimer. De plus, nous sommes deux et je ne suis pas décisionnaire. Célestin, c'est mon bébé. Fills Monkey aussi mais je l'ai fait avec quelqu'un d'autre !
- Pourquoi l'avez-vous baptisé Célestin ?
Parce que c'est un projet. De plus, si les gens n'aiment pas, je peux toujours dire que c'est la faute de Célestin et non celle de Sébastien.
- Parlez-nous de ces concerts en appartements ?
Avec Fills Monkey, nous nous sommes produits dans de grandes salles comme le Zénith. Nous avions plusieurs tournées, dont une en Chine, qui ont été annulées pour cause de pandémie. Cela m'a laissé le temps de me recentrer sur Célestin. Je fais beaucoup de concerts privés. J'aime ce grand écart entre les grandes scènes et l'intimité d'un appartement où je peux croiser le regard des gens. Cet été, avec le duo, nous allons jouer durant un mois au Festival d'Edimbourg. J'ai vraiment hâte. Parallèlement, je cherche une résidence dans une petite salle à Paris pour Célestin.
-
La chanson "L'oeuf au plat" est particulièrement bouleversante. C'est une histoire vraie ? Dans tout ce que je raconte, le fond est toujours vrai. Ce qui change, c'est la forme. Cette chanson raconte un moment qui me bouleverse encore lorsque je l'évoque. Avec ma soeur, nous avions demandé à mon grand-père hospitalisé ce qui lui ferait vraiment plaisir. Il nous a répondu qu'il avait envie d'un oeuf au plat. Nous étions en pleine pandémie et c'était évidemment interdit. Nous avons donc caché dans un sac un petit appareil à raclette, une poêle et une rallonge. J'ai attendu la fin du premier service pour faire cuire l'oeuf, caché dans les toilettes. Lorsque l'infirmière est revenue pour demander à mon grand-père s'il avait fini ses petits pois, il avait encore du jaune d'oeuf dans sa barbe. Je n'oublierai jamais le beau sourire sur son visage.
- Le nombre de remerciements sur la pochette est impressionnant ?
J'ai trouvé normal de remercier ceux qui m'avaient aidé de près ou de loin. De plus, il s'agit, comme pour le précédent, d'un album auto-produit. C'était important pour moi de citer le nom des souscripteurs qui ont aussi permis à cet album d'exister.
-
Vous affichez un certain penchant pour la couleur rose et les fleurs ?Parce que, en 2022, on considère encore que le rose est la couleur des filles ! J'aime jouer avec les codes... et avec les fleurs.
- C'est dans cet esprit que vous avez écrit un "Hommage au clitoris" ?
Je suis issu d'une famille très féministe. J'ai découvert que je pouvais écrire sur tout. Je n'ai pas de limites, sauf celles que je peux me mettre. C'est sans doute la chanson que j'ai eu le plus de mal à écrire parce que c'est un sujet sensible et tabou. Je me suis fait aider par ma soeur et ma mère. Je ne suis pas sûr que ce soit celle qu'elles préfèrent dans mon répertoire. J'ai remarqué qu'elle était mieux reçue par des filles plus jeunes. J'ai eu des retours plutôt positifs et un négatif. J'ai parlé à la personne qui avait mal interprété un des couplets. Du coup, je l'ai remanié car je ne voulais pas qu'il y ait de double-sens.
-
Dans la chanson "Ma mère", en revanche, on comprend vite que vous parlez de notre mère à tous, la terre ?Je suis quelqu'un d'engagé. Mais je pense qu'il faut mettre un peu de finesse et de poésie dans les textes. Je ne comprends pas comment on a pu mettre l'humanité en confinement et qu'il soit si compliqué de se mobiliser autour de l'environnement. J'ai été éveillé très tôt sur le sujet. Je ne prétends pas donner de leçon mais il est vraiment temps de réagir.
- Avec "Vendredi noir", vous êtes nettement plus frontal, non ?
Dans le premier album, je n'avais pas conscience que je pouvais aller aussi loin dans la chanson engagée. C'est vrai que cette chanson fait mal, qu'elle est plus cynique. Mais mais je m'inclue dedans, je me montre aussi du doigt. Je ne fais pas mieux que les autres, pas pire non plus.
- Vous croyez au pouvoir d'une chanson pour éveiller les consciences ?
Honnêtement non. Mais je continuerai quand même...
- Album "Deuxième acte" (Believe/Inouie), disponible depuis le 13 mai 2022
- En concert le 23 juin 2022, à 20h30, au Petit Olympia, 6, rue Caumartin, 75009 Paris. Tél.:01.42.68.07.89. www.lepetitolympia.com
- Retrouvez cet article, ainsi que l'ensemble de l'actualité culturelle (musique, théâtre, festivals, littérature, évasion) sur le site www.weculte.com