27 oct. 2020

Félicien Brut : "Il faut bousculer les codes sans les déconstruire"

(c) Nora Houguenade
Longtemps rangé au rayon musette, l'accordéon fut affublé de surnoms aussi péjoratifs que la boîte à chagrin, le branle-poumons ou le piano du pauvre. 
Félicien Brut fait partie de ces musiciens qui lui ont redonné ses lettres de noblesse et une nouvelle jeunesse.
Virtuose et intarissable lorsqu'il s'agit de raconter des anecdotes autour de son instrument fétiche, il est régulièrement invité dans des festivals de musique classique nationaux et internationaux. Et, en concert, il aime mêler les répertoires de Brel, Piazzolla, Galliano ou Chopin.
Pour l'album "Neuf" (qui sortira le 13 novembre prochain), dans lequel il joue avec le Quatuor Hermès et le contrebassiste Edouard Macarez, il s'est lancé un nouveau challenge: proposer à neuf compositeurs de célébrer Beethoven avec neuf morceaux originaux s'inspirant d'un élément de ses oeuvres. 
Rencontre avec un passionné qui pourrait bien vous réconcilier avec l'accordéon...

- Beaucoup pensent encore que l'accordéon est français, ce qui est une erreur ?
C'est en effet une fausse croyance. Il a été inventé par un autrichien, fabriqué en Italie et transformé en Russie. C'est aussi l'instrument le plus joué en Amérique latine.
- Comment expliquez-vous qu'il traîne encore cette réputation d' instrument démodé ?
Lorsqu'un genre devient très populaire, comme le musette, on dérape parfois vers le commercial. L'accordéon a connu un succès certain il y a quelques années mais la qualité du répertoire n'était pas toujours au rendez-vous. Du coup, cela a été plus difficile de lui faire prendre d'autres chemins. J'ai débuté dans le musette et c'est un genre d'une grande diversité et d'une grande richesse. Le point positif, c'est que l'accordéon est resté populaire auprès de la jeune génération. 
- C'est-à-dire ?
Si vous arrêtez quelqu'un dans la rue pour lui demander à quoi ressemble un basson ou un hautbois, la réponse sera nettement moins spontanée. L'accordéon est également présent dans le jazz, le rock, la chanson... Un film comme "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" a aussi changé la donne, avec la BO de Yann Tiersen. 
- Sur scène, vous aimez-bien raconter des histoires et anecdotes ?
C'est une habitude que j'ai conservée du bal musette. C'est difficile de passer de Chostakovitch à Galliano sans raconter une histoire pour faire le lien entre les pièces. Je suis tombé amoureux de la musique classique mais je n'ai pas un parcours normal dans ce milieu.  Je pense qu'il faut tout à la fois bousculer les codes, sans les déconstruire. Parler avec le public fait partie de cet effort d'ouverture. 
- Il paraît que vous avez reçu votre premier accordéon à l'âge de 2 ans ?
C'était un cadeau de mes parents et il était en plastique ! J'ai commencer à prendre des cours sur un vrai instrument à 6 ans.
- L'accordéon est aussi l'instrument des voyageurs ?
Avec la guitare, c'est l'un des instruments les plus faciles à transporter. Il a été adopté par les nomades et les gens du voyage. Il est lié à cette idée d'itinérance.
- Comment est née l'idée de l'album "Neuf" ?
C'est René Martin, le directeur des Folles Journées de Nantes qui m'a demandé d'imaginer un programme pour le 250ème anniversaire de la naissance de Beethoven. Ce n'était pas évident car Beethoven et l'accordéon, cela ne tombe pas sous le sens ! D'autant plus que ce compositeur est un dieu pour les musiciens classiques, peut-être même plus que Bach ou Mozart. Du coup, je me suis dit que la meilleure manière de lui rendre hommage était de susciter de nouvelles créations. On a fait appel à neuf compositeurs d'esthétiques différentes  (Stéphane Delplace, Fabien Waksman, Patrice d'Ollone, Thibault Perrine, Domi Emorine, Corentin Apparailly, Jean-François Zygel, Cyrille Lehn et Thomas Ehnco) en leur commandant neuf pièces courtes. L'idée n'était pas de faire du Beethoven mais de s'inspirer d'une rythmique ou d'un thème.  
- Dans un article, un journaliste vous a surnommé le Robin des Bois de l'accordéon. Cela vous inspire quoi ?
Cela me plait davantage que d'être comparé au Capitaine Crochet !
- Il faisait peut-être référence à votre générosité sur scène ?
Pour moi, celui qui respire la générosité, c'est Richard Galliano. Quand il est sur scène, il est à 300%, quelle que soit la salle. Moi, il m'arrive de souffrir lorsque j'ai le sentiment que je n'ai pas tout donné !



- Album "Neuf" (label Mirare), disponible le 13 novembre 2020.
Le concert en duo avec le guitariste Thibaut Garcia, initialement prévu  le 27 octobre 2020 au Bal Blomet est reporté au 13 janvier 2021, à 20h30. 
Autres dates (sous réserve): le 31 octobre 2020 en trio avec Thomas et Romain Leleu (tuba zt trompette) au Festival Musique en Ré de l'Ile de Ré, le 6 novembre, en duo avec Julien Martineau (mandoline) à Lure (70), le 8 novembre en duo avec Julien Martineau au Festival Automne Musical de Nimes, le 14 novembre, en duo avec Thibault Garcia à Ancône (26), le 15 novembre, Sextuor Neuf à Valence (26), les 28 et 29 novembre, Sextuor Le Pari des Brtelles à la Philharmonie de Luxembourg..
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20 oct. 2020

Anne Ducros: de Django Reinhardt aux Beatles !

Elle s'est spécialisée dans la musique baroque de Couperin, Bach, Rameau... avant de se laisser happer par le chant de sirènes comme Ella Fitzgerald ou Billie Holiday. Mais au-delà d'un parcours jonché de récompenses qui lui permet d'apparaître aujourd'hui comme l'une des grandes vocalises du jazz en France, Anne Ducros est aussi une insatiable curieuse qui se plait à prendre des chemins buissonniers, comme le prouve sa discographie. Avec son dernier opus "Something" dont elle fêtait la sortie au Café de la Danse, en mars dernier,  la chanteuse confirme son goût pour les mélodies qui ont marqué le XXème siècle. "C'est un vrai plaisir pour moi de chanter des morceaux que je connais depuis toujours et que j'interprétais déjà quand j'ai débuté aux Trois Mailletz" (le célèbre club du Quartier Latin) et dans mon petit appartement de la rue Quincampoix"confiait-elle alors. 

Accompagnée sur le disque et sur scène par deux magnifiques musiciens: Adrien Moignard à la guitare et Diego Imbert à la contrebasse, la chanteuse se balade sur les fameux "Nuages" de Django Reinhardt, aborde la pop anglo-saxonne avec "Your Song" d'Elton John ou "Something" des Beatles tout en nous régalant d'un délicieux "Tea For Two" (immortalisé par Doris Day). En chemin, elle nous offre également une dansante version du "Samba Saravah" de Pierre Barouh, avant de célébrer "The Good Life" (La belle vie), la chanson de Sacha Distel et Jean Broussole, devenue un standard du jazz. Non contente de posséder un timbre d'une incroyable musicalité, un sens inné du swing et de l'improvisation et un impeccable phrasé, Anne Ducros aime échanger avec le public. Une simplicité qui conforte la réputation des gens du Nord, dont elle est originaire. Sur son site, confirmant (à un horaire adapté) le concert au Bal Blomet pour la sortie de la version vinyle de l'album, elle a écrit "Je n'ai pas joué depuis le confinement, je vous préviens je vais tout donner !" On peut compter sur cette généreuse artiste pour tenir sa promesse.

- Album "Something" (Sunset Records/L'Autre distribution). En concert à Paris, le 22 octobre 2020, à 19h (dans le cadre du Festival Jazz Sur Seine et des jeudis du Jazz Magazine) au Bal Blomet, 33, rue Blomet, 75015 Paris. www.balblomet.fr

En tournée: le 23 décembre 2020 "Jazz au Touquet" (Palais des Congrès), le 26 décembre 2020 à l'Impérial Christmas Festival d'Annecy (Impérial Palace), le 13 mars 2021 au Château d'Hardelot de Condette (Centre Culturel de l'Entente Cordiale)...

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14 oct. 2020

L'hymne à la liberté de Joséphine B.

(c) Pascal Gely
En fond de scène des silhouettes de danseuses projetées sur un écran géant accompagnent les propos du narrateur: "Elle a toujours su d'où elle venait, mais elle ne savait pas qu'elle irait aussi loin...". Elle, c'est Freda Josephine McDonald, plus connue sous le nom de Joséphine Baker. C'est ce destin hors du commun que raconte "Joséphine B.", le spectacle écrit et mis en scène par Xavier Durringer.  Un destin qui ressemble à une version américaine de Cendrillon ! 

Dans le rôle-titre, on s'incline devant la performance de la comédienne, chanteuse et danseuse Clarisse Caplan. Tour à tour espiègle, candide, provocante, enchaînant les numéros de danse avec une incroyable énergie, on retrouve même sur son visage grimaçant, les pitreries derrière lesquelles se réfugiait l'enfant pauvre de Saint-Louis. Au fil des tableaux, on assiste ainsi à la métamorphose de la petite fille frottant le sol de riches propriétaires dans son Missouri natal qui deviendra l'une des icônes du Paris des Années Folles.  A ses côtés, Thomas Armand, tout aussi talentueux, endosse les costumes de ceux (et celles) qui ont croisé sa route: le beau-père alcoolique et violent, Pépito son manager, la mondaine Caroline Dudley Reagan qui l'emmènera dans ses bagages  pour lui offrir de devenir la vedette de La Revue Nègre qu'elle souhaite monter à Paris...  Un parcours entrecoupé de séquences brèves évoquant Martin Luther King, la ségrégation, Rosa Parks... tandis que la voix de Billie Holiday résonne sur le bouleversant "Strange Fruit". Difficile, en un peu plus d'une heure de résumer 50 ans de carrière ! Xavier Durringer a donc choisi de terminer symboliquement ce beau spectacle avec "La danse sauvage", tirée de la Revue Nègre (présentée en 1925 au Théâtre des Champs-Elysées) qui fit scandale à l'époque puisque Joséphine y apparaissait tout juste vêtue d'une ceinture de bananes. Un numéro qui incarne à lui seul la liberté dont elle a fait preuve toute sa vie. Hasard ou clin d'oeil, "Joséphine B."est à l'affiche d'une salle voisine des Folies Bergère dont elle fut une inoubliable meneuse de revue...

Les jeu., ven., et sam. à 19h et les dim. à 16h, jusqu'au 3 janvier 2021, à la Scène Parisienne, 34, rue Richer, 75009 Paris. Tél.: 01.40.41.00.00. Loc. points de vente habituels et sur le site www.tlsp.com

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12 oct. 2020

Marc Casa: "Sur scène, je ne me sens ni comme un homme ni comme une femme"

(c) Betül Balkan

Après avoir rendu un vibrant hommage au répertoire de Barbara, Marc Casa qui, avec ses musiciens, se produit sous le nom de Lou Casa, renoue avec la Dame Brune en l'associant cette fois à une autre grande figure de la chanson française. Intitulé tout simplement "Barbara & Brel" l'album qui sortira le 13 novembre prochain, propose une lecture à la fois sensible et respectueuse de chansons comme "Mathilde", "L'amoureuse", "Au suivant" ou "La Solitude". Rencontre quelques jours avant ses concerts parisiens au Bal Blomet.


- Cet album a été enregistré dans des conditions difficiles, non ?
Nous l'avons enregistré en mars dernier ! Après, il a fallu jongler pour le mixage et le mastering s'est fait à distance. 
- S'attaquer à Brel après Barbara, c'est un sacré défi ?
C'est vrai que voir un homme reprendre Barbara, ce n'était déjà pas évident mais je pense que j'ai réussi à convaincre. Lorsque je suis sur scène, je ne me considère ni comme un homme, ni comme une femme. Quand on arrive à s'affranchir de ces barrières, cela semble plus facile. Le critère était que je puisse m'approprier sensiblement les chansons. Je suis dans une dynamique qui consiste à servir le propos. Ce qui me guide, c'est la sincérité. Avec de tels artistes, on ne peut pas faire moins bien. J'ai donc choisi de proposer quelque chose de différent.
- Comme la version tout en douceur de "Mathilde" ?
J'ai essayé de trouver le bon axe. C'est parfois difficile avec Brel car son image est tellement forte. Certains arrangements ont parfois un peu vieilli. Nous avons opté pour des sonorités plus contemporaines.
- Il y a aussi "Gauguin", une lettre à Jacques Brel écrite et composée par Barbara.
Je crois que ce titre n'existe pas en version studio mais seulement sur un live. C'est une chanson très particulière, écrite comme une lettre. 
- Vous avez fait quasiment un travail d'historien ?
C'est un bien grand mot ! Je veux rester à ma place. Mais cela faisait aussi partie de la démarche et ça la rendait encore plus passionnante. En concert, il y a d'ailleurs des projections et des extraits audios.
- Vous pouvez nous parler du sous-titre "des échanges, de présences et d'absences" ?
Il correspond à mon état d'esprit du moment et illustre le visuel de l'album où on voit trois chaises vides.
On échange avec eux mais on ne se met pas au même rang. J'ai imaginé trois catégories de chansons: des histoires d'amants, des histoires d'amour et des textes qui parlent des disparus. On peut évidemment parler de concept, même si je n'aime pas beaucoup de mot. En fait, j'ai essayé de m'approprier les chansons pour y mettre un peu de mon histoire. C'est la seule contrainte que je me suis imposée. J'ai tellement de respect pour ces deux artistes qu'il fallait que je trouve une vraie sincérité au fond de moi. J'ai toujours été impressionné par le public de Barbara. Elle écrivait je mais cela faisait écho auprès de chacun d'entre nous. A l'instar d'artistes comme Nina Simone ou Angélique Ionatos, elle exprimait ses fêlures avec dignité. C'est ce qui me touche et que je me suis efforcé d'exprimer. J'ai beaucoup appris avec ce projet.
- Vous allez bientôt le porter sur scène ?
J'ai hâte. Parce que quand on rencontre le public, il y a un véritable partage.

- Album "Barbara et Brel" (Les Soirs Imprudents), disponible le 13 novembre 2020

En concert à Paris, le 26 janvier 2021, à 20h, au Bal Blomet. 33, rue Blomet, 75015 Paris. billetterie sur www.balblomet.fr 
En tournée:  le 22 janvier 2021 à Argenton-sur-Creuse (36), le 23 janvier à Marly-le-Roi (78), le 5 février à Loctudy (29), les 24 et 25 février à Bayonne (34), le 26 février à Jurançon (64), le 27 février à Castelginest (31), le 11 mars à Biarritz, le 12 mars à Montignac, (24), le 13 mars à Pavaillac (24), le 9 avril à Saint-Cyr-sur-Loire, le 10 avril à Champigny-sur-Veude (37)...
- Retrouvez cet article, ainsi que l'ensemble de l'actualité culturelle (musique, théâtre, festivals, littérature, évasion) sur le site www.weculte.com 
 

1 oct. 2020

Cinq de Coeur tient ses promesses

Après le succès largement mérité de son dernier spectacle "Oh la belle vie !" (voir sur ce blog le 30 juin 2019), le fameux quintette  a cappella est de retour pour une série de représentations supplémentaires. L'occasion de (re)découvrir ces joyeux complices (2 sopranos, 1 contralto, 1 ténor et un baryton basse) qui jonglent avec bonheur (et humour) sur tous les registres: du jazz à la chanson en passant par le classique, le rock, le rap, l'opéra... Et le titre de ce show aussi drôle que fantasque tient toutes ses promesses ! Avec Cinq de Coeur la vie semble en effet plus belle...

Jusqu'au 31 octobre 2020, les jeu. ven. et sam. à 21h , à l'Alhambra, 21, rue Yves Toudic, 75010 Paris. Location sur place ou sur le site www.alhambra-paris.com (à consulter pour connaître les éventuelles dates de report. Tarif unique à 38 €

  


10 mars 2020

Les pouvoirs magiques des Echos-Liés

Leur histoire devrait figurer dans les manuels scolaires, option éducation civique !  Révélés au grand public grâce à l'émission "La France a un incroyable talent" dont ils sont sortis vainqueurs en 2009, les Echos-Liés ont donné depuis plus de 800 représentations en France et à l'étranger.
"Je me suis demandé ce dont le public avait besoin pour rêver, rire, aller mieux, croire, se dépasser..."  explique Jérôme Ortega, directeur artistique et chorégraphe de la troupe.
Et, chaque soir, sur la scène de Bobino, Jérôme et ses fougueux complices ne ménagent pas leurs efforts pour distribuer du rêve et des encouragements à faire les bons choix, à pratiquer le partage, à protéger les plus fragiles... Le propos peut sembler un brin naïf, voire utopique, mais il trouve un large écho auprès des spectateurs et il faudrait avoir l'esprit bien chagrin pour ne pas s'en réjouir.
Dès les premières minutes du spectacle "Unclassified 2.0. Une journée à l'école de la vie", on découvre la troupe sagement assise dans une salle de classe. Au programme ? Du rap, de l'humour, du hip hop et de l'énergie P.O.S.I.T.I.V.E. ! Un mantra qui revient tout au long de ce show survitaminé.
Si le début est un peu scolaire en effet, ces élèves pas comme les autres prennent très vite leur envol pour offrir des performances impressionnantes. Le tout entrecoupé de séquences réussies comme le clin d'oeil au monde de la télé et de la chanson, les solos joliment mis en lumières ou le tableau quasiment classique avec Maïlyss Ortega, la seule jeune fille du groupe.
Le tout distillé avec une bonne humeur communicative.
Et lorsque, au final, le maître de ce joyeux ballet nous rappelle que nous avons tous des pouvoirs magiques, même si les grands l'ont parfois oublié et que les enfants ne le savent pas encore, on se sent pousser des ailes pour aller porter haut et loin ces messages humanistes...

Jusqu'au 20 juin 2020, du mercredi au samedi à 19 heures, à Bobino, 14-20, rue de la Gaîté, 75014 Paris. Prix: de 21 à 47 ( moins de 26 ans: 21 €) et pack famille (3 personnes dont 1 moins de 18 ans) de 29 à 37 €?  Tél.: 01.43.27.24.24. et loc. points de vente habituels. http://www.bobino.fr/ 

6 mars 2020

Térez Montcalm "J'aime faire le show"

Térez Montcalm (c) Laurence Labat
Est-ce son timbre rauque et puissant qui rappelle celui d'une artiste entrée dans la légende ? Son jeu de guitare ? L'énergie avec laquelle elle s'empare de la scène ? On dit volontiers que Térez Montcalm est la plus rock des chanteuses de jazz. "Cela tient sans doute à mon timbre. C'est vrai que j'aime le rock. Mais ce que j'aime surtout, c'est faire le show" confie la chanteuse, musicienne, compositrice et auteure (comme on l'écrit dans son Québec natal).
On peut donc s'attendre à vivre un moment d'exception pour le concert de clotûre de "Women In Jazz". Un festival 100% féminin qui célèbre les 65 ans de Jazz Magazine. Une revue créée par Eddie Barclay, reprise par Daniel Filipacchi et Franck Ténot, et en 2014 par Edouard Rencker, qui est devenue au fil des années "la" référence du genre. "Quand j'étais adolescente, je me précipitais pour l'acheter dès sa sortie" se souvient Térez.
Durant trois jours et dans deux salles parisiennes, Le Bal Blomet et l'Alhambra, "Women In Jazz" (cinquième édition du "Jazz Magazine Festival") accueillera des têtes d'affiche et de belles découvertes.  Le 19 mars: Natascha Rogers, Abraham Reunion (une fratrie réunie autour de la chanteuse Cynthia Abraham) et des guests pour une soirée aux chaudes couleurs des Caraïbes. Le lendemain, rendez-vous avec la nouvelle scène réunissant Leïla Martial en trio avec Baa Box et Anne Paceo en quintette ("Bright Shadows").
Quant au show promis par Térez Montcalm, le 21 mars à l'Alhambra, il devrait réserver de belles surprises puisqu'elle a invité la saxophoniste Géraldine Laurent et la chanteuse Lou Tavano. Outre un best of de ses succès, elle offrira au public parisien la primeur d'un titre inédit de l'album qu'elle enregistre actuellement chez nous. Des compositions originales (et deux ou trois reprises) dans l'esprit de la Motown, le fameux label dont on fête aussi l'anniversaire (le 60ème). "Je tombe bien mais je ne l'ai pas fait exprès !" s'amuse Térez qui ajoute: "l'influence jazz sera toujours là au niveau de la rythmique, mais on pourrait parler de "New Motown".
Un opus qui succède à "Quand on s'aime", dans lequel elle "électrisait" quelques classiques de la chanson française comme "La belle vie" de Sacha Distel", "Les feuilles mortes" de Prévert et Kosma, "Black Trombone" de Serge Gainsbourg, "Que reste-t-il de nos amours" de Trénet et bien sûr "Quand on s'aime" de Michel Legrand...
Ceux qui ont eu la chance de la voir sur scène à cette occasion n'ont sûrement pas oublié la formidable énergie insufflée à ces pépites du patrimoine. Tout comme son incandescente version (en français) du célèbre "Fever" de Peggy Lee.
Pour le nouvel album, dont la sortie est prévue à l'automne, elle hésite encore entre deux titres:  "This Is The Day" ou "Step Out" (inspiré par "Step Out Of The Dark"), mais la balance penche en faveur du second: "J'aime bien cette idée de sortir de l'ombre pour entrer dans la lumière" confie-t-elle.
En ce qui la concerne, il y a quelques années déjà que Térez Montcalm illumine la scène jazz...

Le 19 mars 2020 au Bal Blomet, 33, rue Blomet, 75015 Paris, les 20 et 21 mars 2020 à l'Alhambra, 21, rue Yves Toudic, 75010 Paris. Réservations dans les points de vente habituels et sur les sites http://www.balblomet.fr/ et http://www.alhambra-paris.com/


2 mars 2020

Michel Korb fait swinguer les chansons de Francis Lemarque

Compositeur de musiques pour le cinéma et la télévision, son parcours ne le destinait pas vraiment à monter un jour sur scène. Mais l'amour filial a eu raison de ses réticences (voir interview le 28 janvier 2019). Michel est en effet le fils de Nathan Korb, plus connu sous le nom de Francis Lemarque.
Son concert au Studio de l'Ermitage (le 19 février 2019) était une belle et swingante surprise, tout comme l'album "Michel Korb chante Francis Lemarque", enregistré avec une solide formation de musiciens et quelques complices comme Enzo Enzo, Sanseverino, Audrey, Thomas Dutronc et l'accordéoniste Roland Romanelli. C'est en compagnie de ce dernier et du guitariste de jazz Romain Vuillemin que Michel Korb se pose pour quelques soirs au Théâtre Essaïon pour reprendre les refrains de "Marjolaine", "Le temps du muguet", "A Paris", "Mon copain d'Pékin", "Quand un soldat"... 
Des chansons qui font partie de la mémoire collective mais qu'il n'est sans doute pas inutile de fredonner à l'oreille des plus jeunes...

Du 2 au 24 mars 2020, les lundis et mardis, à 19h15, au Théâtre de l'Essaïon, 6, rue Pierre au Lard, 75004 Paris. Tél.:01.42.78.46.42. Prix: 20 € et tarif réduit à 15 €. http://www.essaion-theatre.com/

13 févr. 2020

La belle histoire du collectif Pockemon Crew

(c) Paul Bourdrel
Il était une fois... des potes issus des quartiers de Lyon, à la recherche du terrain idéal pour se livrer à quelques figures de hip-hop. Ce sera le parvis de l'Opéra de Lyon !
Leur patronyme, ils l'adoptent en référence au dessin animé qui fait fureur auprès des jeunes à la fin des années 90 et y ajoute crew (qui signifie troupe ou groupe en anglais)...
Une vingtaine d'années plus tard Pockemon Crew, dirigé par le chorégraphe Riyad Fghani, est devenu le groupe de breakdance le plus primé. Il a tourné un peu partout dans le monde avec des spectacles comme "Silence on tourne", inspiré du cinéma des années 30-40, "Hashtag 2.0" évoquant l'omniprésence des réseaux sociaux...
Quant aux membres, ils couvrent quasiment trois générations puisque la plupart ont rejoint le collectif à l'âge de 13/14 ans. Au fil des années,  Pockemon Crew a su intégrer la rigueur des danseurs classiques et les prouesses du hip-hop.
Il fêtera son vingtième anniversaire à Bobino avec le spectacle "Empreinte", une création confiée à Rachid Hamchaoui.

Du 19 au 22 février 2020 à Bobino, 14-20 rue de la Gaîté, 75014 Paris. Tél. 01.43.27.24.24. 
Loc. points de vente habituels. Places: de 19 à 37 €. http://bobino.fr/


12 févr. 2020

Robin McKelle: "J'essaie de mettre l'émotion avant la perfection

(c) Frank Bullitt
Depuis ses débuts, elle s'est imposée comme une vocaliste  aussi impressionnante dans le répertoire jazz que dans le blues, la soul ou le rhythm'n'blues.
Pour son nouvel album "Alterations" (dans les bacs vendredi prochain),  Robin McKelle s'offre un grand écart entre les générations et les styles avec des reprises de Sade, Amy Winehouse, Dolly Parton, Billie Holiday, Lana Del Ray, Carole King, Joni Mitchell, Janis Joplin, Adèle...
Un exercice dont elle se sort avec une égale virtuosité.
Des chansons enregistrées, à New York, dans les conditions d'un live, en une seule prise. Un huitième opus qui bénéficie également de brillants arrangements et d'une solide section de musiciens.
Entretien en français, quelques jours avant ses deux concerts au New Morning, avec cette native de Rochester qui se partage entre la France et les Etats-Unis depuis une dizaine d'années.



- Il paraît qu'au début de ce projet, vous aviez sélectionné 200 chansons. Comment s'est fait le choix définitif ?
J'ai écouté longuement chaque titre et, à la fin, j'ai décidé de faire les chansons de femmes compositrices avec qui j'ai grandi et qui m'ont touchées. L'idée était également de choisir des genres différents parce que je voulais faire un album qui me représente. Toutes ces artistes m'ont permis de trouver ma propre voie.
- Vous écoutiez Dolly Parton lorsque vous étiez plus jeune ?
Oui. J'ai toujours adoré la chanson "Jolene". Elle fait encore des concerts et elle chante toujours très bien. Je trouve que c'est très inspirant.
- Quelle reprise a été le plus gros challenge pour vous ?
Pour moi c'était Adèle. La chansons "Rolling in The Deep" a été un énorme succès. C'est encore très proche dans l'esprit des gens. Du coup, j'ai longtemps hésité avant de me lancer.
- C'est un peu la même chose avec "Back To Black" d'Amy Winehouse, non ?
 Lorsque je l'ai entendue pour la première fois, j'ai été touchée par son grain de voix et les paroles. Elle a eu une vie tragique et elle nous a tout donné dans ses chansons. Sa manière de chanter m'a donné un petit espoir dans un monde plus ouvert à la pop, avec des artistes sans âme.
- Joni Mitchell disait que tout le monde pouvait reprendre ses chansons mais que ceux qui avaient un pied dans le jazz pouvaient mieux capturer ses croquis de vie. Vous, vous y avez plutôt les deux pieds ?
Absolument. J'ai découvert le jazz lorsque j'avais 14 ans. A l'époque, j'étais plus intéressée par la pop ou le R&B. Le jazz m'a donné envie de faire quelque chose de différent dans la musique.
- Vous avez dit lors lors d'une interview que, pour vous, chanter c'était comme peindre ?
Je m'en souviens, c'était pour la sortie du précédent album (NDLR "Melodic Canvas"). Lorsque je commence à chanter, je pense à l'atmosphère que je veux installer et je choisis des couleurs: bleu, noir, orange... Après, je me dis: c'est quoi le mood (ambiance) ? Et j'ajoute de nouvelles couleurs.
- Comme vous, vos musiciens ont étudié au Berklee College of Music ?
C'est vrai. Sauf le pianiste et co-producteur Shedrick Mitchell. Les autres ont en effet fréquenté le même établissement que moi, mais pas forcément en même temps ! Il y a vraiment quelque chose entre nous. Nous ressentons la musique de la même manière, avec le même feeling. C'était facile de faire cet album avec eux. Nous avons répété une seule fois en studio, la veille de l'enregistrement.
On dit qu'à vos débuts, la comparaison avec Janis Joplin vous agaçait ?
Je trouvais que sa voix "grattait" trop ! Quand on me disait que je faisais parfois penser à Janis Joplin, je me disais: My god, je ne veux pas faire ça !  J'étais jeune et je ne réalisais pas à quel point ce qui comptait avant tout pour elle, c'était l'émotion. Elle était juste complètement libre. Après 40 ans, on voit les choses différemment. Aujourd'hui, j'essaie de mettre l'émotion avant la perfection.

- album "Alterations" (Membran/Sony), disponible le 14 février 2020.
En concert à Paris les 16 et 17 mars 2020, à 21h, au New Morning, 7/9, rue des Petites Ecuries, 75010 Paris.  http://www.newmorning.com/
et en tournée: le 5 mars à Cambrai, le 7 mars à Dreux, le 13 mars à Wissous, le 14 mars à Montbrison, le 26 mars au Mégève Jazz Festival, le 15 avril à Colmar...






9 févr. 2020

Barbara Pravi : Je me sens comme un chef d'orchestre

On se souvient encore de sa bouleversante interprétation de la chanson "Seulement connu de Dieu" (de Claude Lemesle et Charles Aznavour) dans le spectacle musical "Un été 44". Son premier EP, sorti en juin 2018,  révélait de jolies mélodies pop et un incontestable talent pour l'écriture avec des titres comme "Pas grandir", "Deda" ou encore  "Le Malamour".
En attendant l'album promis, Barbara Pravi nous fait patienter avec un autre EP "Reviens pour l'hiver"
Cinq chansons teintées d'une délicate mélancolie, qui parlent de rendez-vous manqués ("Barcelone"), de la nostalgie des années folles ("Pigalle") ou des masques derrière lesquels on se dissimule trop souvent ("Personne d'autre que moi"). On tombe définitivement sous le charme...



- Lors de ton concert au Réservoir tu as dit que tu n'avais pas échappé à la règle de raconter ta vie dans un premier disque. C'est encore le cas pour celui-ci ?
Pour l'instant, je ne peux parler que de ce que je ressens. Je ne me sens pas juste si je raconte l'histoire de quelqu'un d'autre.
- Tu chantes encore sur scène la chanson "Le Malamour", sur la violence faite aux femmes ?
Bien sûr. Avec cette chanson, il s'est passé quelque chose qui m'a complètement échappé. J'avais besoin de reprendre confiance en moi et elle a eu cet effet là sur moi. J'ai aussi été invitée l'année dernière par Daphné Bürki dans le cadre de la journée de la femme. J'expérimente de plus en plus le pouvoir de la parole.
- Un héritage de ton père philosophe ?
L'amour des mots, sans doute. Mais les philosohes sont plus sur la pensée.
- Peux-tu nous parler de la photo de la pochette ?
Je suis fascinée par le ciel et les grands espaces. J'essaie toujours de réfléchir aux pochettes en terme de concept. J'aime cette idée de prendre les commandes... Je me sens parfois comme un chef d'orchestre. Cela m'a également fait penser aux Rochambelles, ces ambulancières et infirmières dont on a salué le courage dans le spectacle "Un été 44".
- Avec le recul, jouer dans ce spectacle a été bénéfique pour toi ?
Je ne serais pas la femme que je suis aujourd'hui si cela ne m'était pas arrivé. Je travaille d'ailleurs avec l'ingé son d'Un été 44. Il me suit depuis le début.
- Dans la chanson "personne d'autre que moi", tu parles de te mettre nue ?
J'ai du mal avec le mensonge. Sans doute parce que j'en ai abusé lorsque jétais petite. Aujourd'hui, je suis franche et directe, mais j'y mets les formes !
- le titre "La fête" est assez déroutant. On est loin des serpentins et cotillons ?
Je suis assez casanière. La fête pour moi, c'est voir quelques amis, lire ou observer la nature. Je suis une contemplative. C'est un titre que j'ai co-écrit avec mon complice Vincha.
- Dans le carnet où figure la liste des choses que tu rêves de faire, tu as pu en réaliser de nouvelles ?
Je suis allée au Canada. J'en rêvais depuis des années. J'ai aussi trouvé un tourneur. Je commence à m'intéresser au théâtre. J'avais aussi envie d'écrire pour d'autres. Je l'ai fait pour Chimène Badi, le Concours Eurovision Junior et j'ai aussi signé un texte ("Baraka") dans l'album "Bleu indigo" de Yannick Noah...Je me souviens que les premières années, j'étais malgré moi dans un esprit de conquête. Je me sens beaucoup plus sereine aujourd'hui.

- EP "Reviens pour l'hiver" (Capitol/Universal), sortie digitale le 7 février dernier.

7 févr. 2020

Bai Kamara Jr: "J'ai mis toute mon âme dans cet album"

(c) Michael Chia
Originaire de Sierra Leone, il a vécu toute sa scolarité en Angleterre avant de s'installer en Belgique. Pour l'album "Salone" (qui désigne sa terre natale en langue Krio), enregistré avec son nouveau groupe The Voodoo Sniffers, Bai Kamara Jr a puisé dans ses racines africaines. Dès les premières notes de "Can't Wait Here Too Long",  la chanson qui ouvre ce bel opus, son timbre envoûtant vous embarque dans un voyage musical où le blues se teinte aussi de sonorités soul et world.
Rencontre à Paris (devant une spécialité auvergnate !), avant son concert au Jazz Club Etoile, le 14 mars prochain..

- Le blues exprime souvent de la tristesse, de la douleur. Ce qui n'est pas le cas dans "Salone" ?
Je suis un grand fan de John Lee Hooker qui pouvait être très drôle. Les textes me sont venus facilement. Ce que je raconte concerne la vie quotidienne et chacun peut s'y retrouver.  Le blues a toujours été là mais l'envie est devenue plus forte avec l'âge et l'expérience. Cet album, j'y songeais depuis au moins 8 ans. J'ai attendu le bon moment. C'est une une musique authentique et c'est ce que je veux faire jusqu'au bout...
- Avec une mère ambassadrice et un père politicien, votre chemin n'était pas un peu tracé ?
C'est vrai. Après deux ans à l'université, j'ai dit à ma mère que je voulais faire une pause... qui dure encore ! Une vie d'artiste ce n'est pas évident parce que c'est long et dur.  Il faut rester fidèle à son art. J'ai commencé la musique en écrivant pour des groupes locaux. Quand j'ai dit à ma mère que je voulais être artiste, elle a été compréhensive... et méthodique ! Avec elle, il faut venir avec des propositions et des arguments. A la fin, elle m'a dit que si cela me rendait heureux, j'avais sa bénédiction.
- C'est vrai que vous avez aussi fait l'acteur ?
Un homme est venu me voir alors que je jouais dans un club en Espagne. Il était intéressé par ma musique et souhaitait mettre deux de mes chansons dans un film. Je me souviens qu'à l'époque, mon entourage m'a dit de ne pas me faire trop d'idées. Quatre jours plus tard, j'ai reçu un mail de ce réalisateur (NDLR Paco Torres pour le film  "El Vuelo Del Tren" )  me confirmant sa promesse et il m'a même proposé un petit rôle. Celui d'un musicien africain de passage en Espagne... C'était dans mes cordes !
- Pouvez-vous nous parler du groupe qui vous accompagne ?
C'est un groupe multi-culturel : il y a un batteur qui vient du Togo, le bassiste du Burkina Faso, un autre musicien vient de l'Idaho mais a été élevé en Afrique de l'Ouest, il y a aussi un belge avec des racines italiennes...
- Dans le titre "Homecomming", on entend les sonorités typiques du "fingerpicking" ?
J'ai toujours aimé ça. Je trouve que cela apporte un côté organique et assez hypnotique.
- Vous avez dit que vous vous sentiez toujours comme un étudiant en ce qui concerne le blues. Qui sont vos maîtres ?
Quand tu es un guitariste autodidacte comme moi, tu passes ta vie à apprendre. Je suis inspiré par des artistes comme John Lee Hooker, Big Bill Broonzy, Ali Farka Touré... mais aussi Marvin Gaye ou Jimi Hendix.
- Chanter le blues, c'est forcément en anglais pour vous ?
C'est surtout parce que je m'exprime mieux dans cette langue. J'ai mis toute mon âme, toute mon énergie dans cet album. J'ai aussi mis en avant mes racines africaines parce que cela fait la différence avec le blues américain. "Salone" n'est ni africain, ni américain. Il est universel.

- album "Salone" (Moosicus/UVM), sortie le 21 février 2020 (disponible depuis le 24 janvier en digital).
En concert, le 14 mars 2020, à 20h30, au Jazz Club Etoile, 81, Boulevard Gouvion Saint-Cyr, 75017 Paris. Réservation au 01.40.68.30.42. Infos sur le site http://www.jazzclub-paris.com/fr/groups

20 janv. 2020

Tim Dup "Qu'en restera-t-il ?"

Timothée Duperray, alias Tim Dup n'aura pas attendu plus de deux ans pour donner une suite à sa "Mélancolie heureuse". Et on s'en réjouit car le jeune artiste donne un nouveau visage à la chanson française. Il ne faut évidemment pas se fier à sa bouille de gamin et à sa dégaine d'ado car Tim fait preuve d'une surprenante maturité dans l'écriture et la composition. Dans l'inspiration aussi car il est rare, à 25 ans, de se pencher avec autant d'acuité et de sensibilité sur l'impermanence des gens et des choses.
Des réflexions qui nourrissent les textes de "Qu'en restera-t-il", un second opus écrit et composé (avec la complicité de Damien Tronchot et Renaud Létang) après un long voyage à travers l'Europe et au Japon.
Dans le livret qui accompagne l'album, Tim cite ces mots de Barbara :"Les voyages... Qui mûrissent nos coeurs, qui nous ouvrent au bonheur. Mais que c'est beau les voyages...".
De ce long périple en solitaire, l'auteur, compositeur et musicien a rapporté des chansons, comme autant d'instantanés, qui parlent d'Aventure, de Songes, de Refuge ou de la Porte du soleil (en duo avec Gaël Faye, co-auteur du texte), d'enfants trop jeunes et déjà cabossés, d'ellipses et d'atolls en exil... et nous ramènent du côté du quartier République, le temps d'une émouvante chanson intitulée "Place espoir". Treize titres, parfois slamés, parfois parlés qui font la part belle au piano, avec ici et là quelques sonorités électro.
Au fil de phrases que l'on imagine griffonnées sur une feuille au bord d'une route, face à l'océan ou sur la banquette d'un bus, on se laisse emporter par la veine poétique de ce magnifique bourlingueur qui, entre sombres présages et déclarations d'amour, nous laisse entrevoir le ciel "comme une fenêtre ouverte"...

- Album "Qu'en reste-t-il ?" (Columbia/Sony Music), disponible depuis le 10 janvier 2020.
En concert: le 7 mars 2020 à Sérignan (La Cigalière), le 12 mars à Oberhausbergen(Le PréO), le 13 mars au Festival "A Travers Chant" de Saint-Saulve, le 14 mars à Épinal (La Souris Verte), le 20 mars à Fontaine (La Source), le 21 mars à Genève, le 22 mars au Festival French Connexion de Lyon, le 27 mars à la Cigale...

13 janv. 2020

Clara Ysé: de l'ombre à la lumière

(c) Sylvain Gripoix
Sur sa courte biographie, on apprend qu'elle a débuté le violon à l'âge de 4 ans, le chant  à 8 ans et qu'elle a été bercée par les voix de Maria Callas, Janis Joplin, Barbara et Mercedes Sosa. Après avoir étudié la philosophie à la Sorbonne, le langage scénique à l'École du Jeu, elle aurait développé son goût pour l'image en observant son père (peintre) dans son atelier...
Mais pour tenter de percer l'univers singulier de Clara Ysé, il faut évidemment écouter les chansons de son EP "Le monde s'est dédoublé". Six titres écrits et composés après la perte de sa mère, la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle, disparue après avoir sauvé un enfant de la noyade, en juillet 2017.
"Regarde derrière les nuages, il y a toujours le ciel bleu azur qui, lui, vient toujours en ami te rappeler tout bas que la joie est toujours à deux pas..." chante-t-elle dans ce mini album à feuilleter comme un journal intime, avec ses codes, ses allégories, ses tourments, ses élans amoureux... Subtile alchimiste, la jeune artiste de 26 ans maîtrise l'art de transformer les ombres en éclaircies, de transcender l'absence. Que ce soit avec le vibrant "Libertad", l'émouvant "Mama", les hypnotiques "Fées magnétiques",  le timbre lyrique et puissant de Clara,  qui passe harmonieusement du grave à l'aigu,  nous embarque (en français, en anglais et en espagnol) pour un étrange "Voyage équinoxial".
L'osmose est si palpable qu'il serait bien réducteur de parler d'accompagnateurs pour évoquer les instrumentistes dont elle s'est entourée: Yulian Malaj, co-auteur et co-compositeur de 2 titres et seconde voix sur le CD, le batteur et percussionniste d'origine iranienne Naghib Shanbehzadeh, le pianiste Camille El Bacha et le bassiste Marc Karapétian. Des virtuoses qui habillent magnifiquement les mélodies de sonorités orientales et latino-américaines.
En concert, Clara Ysé nous offre également une belle et troublante version de la chanson de Dominique A "Immortels" qui fut également reprise par Aain Bashung. Comme un mantra...


Les 14 janvier (concert complet), 11 février et 17 mars 2020, à 19h30, à La Boule Noire, 
120, boulevard de Rochechouart, 75018 Paris. Loc. points de vente habituels. Prix: 17 €.
- EP "Le monde s'est dédoublé (Tomboy Lab/Believe)