28 juin 2022

"Novecento: pianiste", l'histoire insolite et passionnante d'un virtuose au long cours

(c) Jean Henry

 Transposé en monologue théâtral, d'après l'ouvrage "Novecento : pianiste" de l'écrivain, musicologue, chroniqueur et animateur télé italien Alessandro  Baricco, ce "récit-jazz" (traduit par Françoise Brun) est joué et mis en scène par  Pascal Guin.  
Dès les premières minutes, on se laisse embarquer par cette évocation des traversées de l'Atlantique, des migrants en route pour l'Amérique à la recherche de l'Eldorado, de l'épopée du jazz... mais aussi et surtout par le destin extraordinaire du plus grand pianiste ayant jamais joué sur l'Océan.
Pour ceux qui n'ont pas lu le livre, il convient de remonter à la source. L'histoire débute en 1900, à bord du Virginian, avec l'abandon d'un bébé déposé dans un carton sur le piano de la salle de bal. Le marin Danny Boodmann décide alors de s'occuper de l'orphelin et le baptise Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento (en référence à l'année de sa naissance). Après le décès de son père adoptif, lors d'une tempête, le jeune garçon, alors âgé de 8 ans, trouve refuge en s'installant au clavier.  Les passagers se bousculent alors pour écouter ce virtuose dont le piano semble danser avec l'océan et qui joue du jazz, du ragtime "parce que c'est la musique sur laquelle Dieu danse quand on ne le regarde pas. Sur laquelle Dieu danserait s'il était noir". Quant à Novecento, il demeurera sur le paquebot sans chercher à découvrir la terre.
Dans le rôle du trompettiste Tim Tooney, témoin de cette insolite et passionnante histoire, Pascal Guin semble habité par son personnage de narrateur. Tour à tour théâtral, touchant, enchaînant les anecdotes et les questions autour de ce surprenant voyage intérieur, il installe une véritable complicité avec le public et le talentueux pianiste-compositeur Christofer Bjurtröm qui l'accompagne. Sur la scène baignant dans une lumière minimaliste,  pas de décor ou presque, hormis deux grandes caisses en bois. On imagine qu'elles symbolisent ce quai que Novecento ne foulera jamais...   

Jusqu'au 30 juillet 2022 et du 25 août au 8 octobre 2022, les jeudis, vendredis et samedis à 21h15, au Théâtre Essaïon, 6, rue Pierre au Lard, 75004 Paris. Loc. points de vente habituels et au 01.42.78.46.42. www.essaion-theatre.com.
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23 juin 2022

Calogero: toujours électrisant et généreux sur scène


Pochette de l'album "Centre ville"

"Vous ne pouvez pas imaginer le bonheur que c'est pour moi de vous retrouver et de vous dire bonsoir. Vous m'avez manqué !" C'est avec ces mots que Calogero, absent des scènes depuis plus de trois ans, a salué le public de l'Européen, il y a quelques jours. Une salle intimiste (350 places) où il avait choisi de "roder" son spectacle avant de prendre la route des festivals de l'été.
Dès les premières notes de "Je joue de la musique", le chanteur et bassiste donne le ton d'un show qui s'annonce très électrique. Car si l'homme semble plutôt réservé dans la vie, il se métamorphose en véritable bête de scène dès qu'il endosse son costume de chanteur. En combinaison, genre bleu de travail, ce subtil mélodiste fait la part belle aux titres de son dernier album studio "Centre ville", sorti en décembre 2020, en plein confinement et que l'on découvre pour la première fois en live:  "On fait comme si" (dont il a reversé les droits aux personnels soignants), "C'était mieux après", "La rumeur", "Vidéo" ou encore l'émouvant "Stylo vert", une chanson en hommage à son père où il est rejoint par sa fille Romy qui l'accompagne au piano.
Sur scène, pas de décors mais des musiciens hors pair comme Elsa Fourlon (guitare, claviers, violoncelle), le remuant saxophoniste Victor Raimondeau, le batteur Christophe Deschamps... Lui-même passant avec la même aisance de la basse au piano ou à la guitare.

(c) Laurent Humbert


Entre deux morceaux, détendu et souriant, il se laisse aller à quelques anecdotes et confidences. Notamment lorsqu'il évoque sa période d'échec scolaire. "Cela m'a rendu malheureux. Du coup, j'ai fait appel à des auteurs pour mes chansons. L'un de mes auteurs fétiches s'appelle Ecole. Ça ne s'invente pas !". Puis il cite les Beatles et Depeche Mode " mes dieux à moi" avant de reprendre "Shake The Disease" (clin d'oeil à la récente disparition d'Andrew Fletcher, membre fondateur et claviériste du groupe de rock britannique).  
Fidèle à la musique, aux souvenirs et aux secondes magiques... Calo interprète évidemment les tubes qui ont jalonné sa carrière  comme "Face à la mer", "On peut s'aimer", "Les feux d'artifice", "Yalla"...
Après deux heures d'un concert généreux, en totale communion avec son public, il revient seul ( et trempé !) à la guitare en confiant :  "Il y a vingt ans, j'ai vécu une deuxième naissance grâce à vous et à cette chanson" avant d'offrir une belle version acoustique de "En apesanteur"...

En tournée:  le 24 juin 2022 à "Montauban en Scènes", le 25 juin à "Essonne en Scène", le 28 juin aux Nuits de Fourvière de Lyon, le 8 juillet à Bertrix en Belgique, le 10 juillet au Festival Musilac d'Aix-les-Bains, le 13 juillet aux Francofolies de La Rochelle, le 17 juillet au Festival de Carcassonne, le 20 juillet aux Francofolies de SPA en Belgique, le 23 juillet à Martigues, le 24 juillet au Brive Festival, le 29 juillet à Ajaccio, le 10 août au Festival DARC de Châteauroux, le 12 août au Festival de Ramatuelle, le 20 août au Venoge Festival de Penthaz, le 26 août à Château-Gontier, le 28 août à Thuin en Belgique, le 8 septembre au Festival ODP de Talence, le 10 septembre à Chant du Gros, le 17 septembre au Théâtre Antique d'Orange, le 18 septembre à Fontainebleau, le 24 septembre à Meaux (ON&ON by Musik'Elles)...
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2 juin 2022

Virginie Choquart: "Le Festival Rio Loco étend son regard sur toutes les musiques actuelles du monde"


Après avoir célébré l'Afrique, le Festival Rio Loco nous emmène cette fois au Portugal pour découvrir notamment l'incroyable vitalité de la scène électro. Mais si l'affiche baptisée "Nova Onda"f ait la part belle aux artistes lusitaniens comme le quartet Paus, la DJ et productrice Rita Maïa, Vanessa Kokeshi (l'autre moitié du fameux duo DJ féminin Heartbreakerz), Mariana Bragada connue sous le nom de Meta_ ou encore Diana Oliveira, figure de proue du mouvement techno au Portugal,  cette grande fête des musiques du monde accueillera la performeuse, batteuse et percussionniste française Lucie Antunes, Emel Mathlouthi révélée grâce à l'hymne du printemps arabe tunisien "Kelmti Horra", Rodrigo Cuevas, surnommé "le Freddie Mercury du folklore des Asturies", la chanteuse et pianiste danoise Agnes Obel, le chantre de la musique populaire brésilienne Chico César, le chanteur, compositeur et guitariste nigérian Keziah Jones.... sans oublier les enfants du pays: le duo pop-rock Cats On Trees. 
Au programme également: des arts visuels, des séances de ciné-concert, des spectacles de rue, des ateliers pour enfants, la création d'une oeuvre collective sur le thème des oeillets...
Rencontre avec Virginie Choquart, anciennement à la communication de la Gaîté Lyrique à Paris, qui dirige aujourd'hui le Festival et la salle Metronum à Toulouse.

- Depuis quand avez-vous pris vos nouvelles fonctions ?
Je suis arrivée en 2019. C'était une situation un peu dingue que personne n'aurait pu imaginer. L'année dernière, nous étions heureux de relever le défi en organisant l'évènement, malgré la pandémie. Pour cette nouvelle édition qui durera 5 jours au lieu de 4, nous prévoyons un retour à la normale avec la joie de se retrouver, de faire la fête, de danser, d'être libres...

- Vous évoquez une présidence au sein d'un collectif ?
Oui parce que je ne suis pas seule. J'anime une équipe avec 4 programmateurs autour de moi. L'idée est d'ouvrir le plus de fenêtres possibles sur le monde.

- Un peu comme l'ambition de Rio Loco ?
J'aime dire que le festival étend son regard sur toutes les musiques actuelles du monde.




- Il y a une programmation consacrée au jeune public et même des activités pour les bambins de 0 à 3 ans ? 
L' installation s'appelle "Petits rêves". Une Compagnie catalane a travaillé sur des textures différentes pour proposer un véritable voyage sensoriel, en plein air. Les enfants, accompagnés de leurs parents pourront toucher, jouer, construire, déconstruire...

- Le public de Rio Loco va aussi découvrir qu'il n'y a pas que le fado au Portugal ?
Ce qui nous intéresse, c'est la dynamique. Nous avons cherché en quoi le Portugal d'aujourd'hui trace des lignes d'influences dans le monde et nous avons réalisé que la scène électro était très créative. Nous avons d'ailleurs créé une scène baptisée "Nova Onda".

- Ce n'est pas la seule création. Pouvez-vous parler du Forum "La voix des femmes" ?
Il s'agit d'un forum dont le thème est la visibilité des femmes dans les musiques actuelles. Il y a encore un gros travail à faire. Nous avons invité des musiciennes et chanteuses du festival qui viennent raconter leurs expériences. Flavia Coelho a accepté d'être notre marraine. Ce sera enregistré en public et en direct au Metronum. Nous ferons également un podcast et le replay sera accessible sur le site du festival.

  
- Ce rendez-vous sera 100% féminin ?
 Je suis pour le féminisme avec les hommes ! Mais les femmes ont plus d'obstacles à franchir. Le propos est de témoigner de cette difficulté en leur donnant la parole. Avec une approche positive pour essayer de trouver des solutions. 

- Les oeillets seront également à l'honneur sur la Prairie des Filtres ?
Chaque année, nous travaillons sur une oeuvre collective. Elle est orchestrée cette fois par le plasticien Telmo Leal, sur le thème des oeillets, clin d'oeil à la révolution du même nom au Portugal. Chaque participant doit mettre en place son oeillet et devient ainsi une partie d'une oeuvre d'art. Il y aura 74 fleurs pour marquer la date de la fin de la dictature. Cette fresque sera baptisée "Libertade".


- Rio Loco connaît un succès grandissant et une belle longévité puisqu'il fête sa 27ème édition. Comment l'expliquez-vous ?

Il se déroule dans un cadre unique, la Prairie des Filtres, au bord de la Garonne. Toulouse est une ville jeune avec une ouverture d'esprit sur les autres cultures. C'est un marqueur important de cette ville.  La programmation est exigeante, intergénérationnelle et nous tenons à conserver un côté populaire dans le bon sens du terme et des tarifs compétitifs. Le côté symbolique de Rio Loco, c'est qu'on s'y sent bien. Pour cela, nous travaillons avec un collectif dont c'est le métier pour mettre en place une interface entre la sécurité, le public et les organisateurs. Tous nos partenaires ont signé une charte qui s'appelle "Bien ensemble". 

Du 15 au 19 juin 2022, Prairie des Filtres à Toulouse (31300). Pass 1 jour à 15 Euros et pass 5 jours à 35 Euros (10 et 30 Euros en prévente), gratuit pour les moins de 12 ans. Infos complémentaires sur le site www.rio-loco.org