(c) Pascal Lafay |
Un laboratoire dans lequel, avec la complicité du talentueux Olivier Hussenet et de son équipe, ce drôle d'alchimiste analyse, réarrange et ressuscite des chansons du patrimoine. Soucieux de transmettre sa passion, il enseigne également au Conservatoire National d'Art Dramatique, organise des conférences chantées, des stages, des concerts, des animations...
Le Hall de la Chanson
est un lieu unique en France, non ?
C’est vrai. Nous sommes des fondateurs. Il y a des opéras,
des musées, la Comédie Française…mais il n’y avait pas encore de lieu pour la
chanson.
Comment
l’expliquez-vous ?
Comme c’est un objet populaire, étroitement lié au quotidien, on ne le
considère pas comme quelque chose de rare, qu’il faut protéger. On
a parfois noyé des trésors dans l’oubli. La chanson n’est pas considérée comme
un objet de valeur de la part de ceux qui ont la charge de la culture et de
l’éducation. Pour l’instant, les moyens que nous avons ne sont pas décents.
Contrairement à ce
que l’on demande aujourd’hui aux jeunes artistes, vous défendez le statut
d’interprète ?
Tout-à-fait car cela demande beaucoup d’humilité. Les
interprètes représentent un peu le public d’une époque. Le grand malheur de la
chanson, c’est qu’elle est souvent utilisée comme un outil commercial. Les médias fabriquent du culte, de la renommée. Nous, nous essayons de
faire de la culture. Grâce à une chanson, on peut parler des rapports entre les
hommes et les femmes, de la sexualité, de l’oppression, de l’inégalité…C’est un
matériau d’éducation. On y apprend notamment comment les hommes s’adressaient
aux femmes au XIIIème siècle. Nous avons d’ailleurs baptisé notre récent spectacle
autour du répertoire de Nougaro « Sous
ton balcon », pour rappeler qu’autrefois, les garçons chantaient en
bas des fenêtres des filles.
Justement, Nougaro
fait partie des artistes dont on ne revendique pas forcément l’héritage ?
C’est peut-être mieux pour lui. Cela redonne une certaine
virginité à son répertoire. Certains de nos élèves ne le connaissaient pas et
ils nous ont offert leur version, leur interprétation. Il ne suffit pas de se
fier à la partition, il faut imaginer le résultat sur scène.
D’où votre
attachement à l'idée de « laboratoire » ?
Nous nous
livrons à des expériences qui doivent donner des résultats très vite
pour en faire la démonstration en public. C’est aussi notre cuisine : on
cherche, on élabore, on sort le plat et on le partage avec le public !
Quel est donc le menu
des prochaines semaines ?
Nous préparons « Le dernier des idiots ». Une création (le 21 février) dans l’esprit des cafés-concerts où chaque rôle est distribué en
fonction des emplois : il y a le gommeux, la gommeuse, le chanteur et la chanteuse à voix
ou encore l’idiot qui venait souvent de la campagne et que l’on confondait parfois avec
le comique troupier. Nous reprendrons aussi « Parade
fauve » (le 30 janvier), « Fleur au fusil » (les 6, 7 et 8 mars), « On
chantait quand même »( la chanson sous l'occupation). Et le 28 mars « Ma vie à l’envers » sur Réda Caire qui fut notamment le prof d’Yves
Montand et dont la carrière a été occultée par celle de Tino Rossi. Ses
chansons sont d’une beauté folle…
Nous avons également « Du Coq à l’âne », un spectacle de chansons pour les enfants. Mais, avec les récentes mesures de sécurité, ils ne pourront sans doute pas venir à la
Villette. Nous prévoyons donc d’aller le jouer dans les écoles…
Propos recueillis par Annie Grandjanin
Propos recueillis par Annie Grandjanin
Hall de la Chanson,
Centre National du Patrimoine de la Chanson, des Variétés et des Musiques
Actuelles. Parc de la Villette, Pavillon du Charolais, 211 av. Jean-Jaurès,
75019 Paris. Infos et réservations : 01.53.72.43.01. www.lehall.com
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