27 août 2015

Gaël Faye: "Legato est un projet qui me fait du bien !"

Gaël Faye, Jearian et Samuel Kamanzi
Il a été l'une des belle surprises du festival "Chansons & Mots d'Amou". Parmi d'autres bien sûr, comme l'énergique prestation de Chloé Lacan, les lectures musicales de Marie-Christine Barrault et Stanislas de la Tousche, le concert d'Arbon ou encore celui de Camille et Simon Dalmas, en hommage à leur père H. Bassam. Mais, à l'évidence, l'artiste franco-rwandais Gaël Faye et ses talentueux complices Jearian et Samuel Kamanzi, ont fait vivre un moment aussi intense que magique au public des Arènes d'Amou avec "Legato". Une création orchestrée avec le soutien de l'Académie Charles Cros, dans laquelle le trio a emmené les spectateurs à la croisée de l'Afrique et de la France.
Comment est né ce trio ?
J'ai rencontré Jearian lors de la remise des Prix de l'Académie Charles Cros en novembre dernier. Nous avons improvisé sur un titre. Avec Samuel Kamanzi que j'ai connu au Rwanda, l'idée de prolonger ce moment a fait son chemin. Nous sommes partis en résidence à la Biscuiterie de Château-Thierry où le projet a pris forme.
Le nom de Legato qui signifie lier des notes est venu naturellement ?
Nous avons grandi tous les trois en Afrique. Nous nous comprenons. Samuel est un guitariste qui a fait des études de musicologie à Poitiers. Jearian vient du Gabon. Il a appris la guitare et la calebasse tout seul. Ensemble, nous tissons un lien entre nos univers, nos influences, le français, les dialectes africains... Avec "Pili Pili sur un croissant au beurre" (son premier album solo, sorti chez Mercury/Universal)), j'étais seul au front. Je portais tout sur les épaules. Là, il y a un vrai partage. Legato est un projet qui me fait du bien.
Vous ne vous sentez plus comme un virevolteur de mots pleins d'amertumes ?
J'avais écrit cela dans le titre "A-France" mais, aujourd'hui,  je n'ai plus le même tiraillement identitaire. J'ai moins de colère en moi. Les gens me disent souvent ; je n'aime pas le slam ni le rap mais vous, je vous aime bien. Cela me chagrine un peu car c'est admettre une forme de méconnaissance. A partir du moment où on aime le verbe, cela peut prendre des formes différentes. Ma grande frustration, c'est de ne pas être chanteur.
Pourquoi ?
Parce qu'un chanteur peut transmettre de l'émotion avec sa voix. C'est plus compliqué avec l'écriture.
Il paraît que vous avez écrit votre premier texte à 13 ans ?
Oui. J'étais plutôt un contemplatif. L'écriture permet d'expliquer les choses. On se sent moins seul. C'était aussi un moyen de soigner ma peur.
Vous dites également: : quand ta vie est tracée, dévie. C'est un peu votre parcours, non ?
Gaël Faye à Amou, le 8 août dernier (c) Joël Mathieu
J'ai eu beaucoup de vies tracées ! J'ai quitté le Rwanda à 13 ans, travaillé dans la finance, fait partie d'un groupe de hip hop baptisé "Milk Coffee and Sugar"... Puis, avec mon premier album solo, j'ai signé dans une major. J'ai même eu un tourneur ! J'aime bien l'idée d'avoir plusieurs vies en une seule. C'est mon père qui m'a transmis ça. Là, je vais repartir au Rwanda car j'ai besoin de me retrouver. J'y terminerai l'écriture d'un roman qui parle d'un groupe d'enfants vivant au Burundi. Il n'a pas encore de titre mais devrait sortir l'an prochain. En fait, j'ai toujours envie de faire un pas de côté !
Ce pas vous ramènera bientôt sur scène ?
Avec Samuel et Jearian nous retournons à Château-Thierry en novembre et nous partirons en tournée. Pour l'instant, nous n'avons fait que des maquettes mais nous espérons enregistrer un album.

Festival "Chansons & Mots d'Amou" (4ème édition), les 7, 8 et 9 août derniers à Amou (40).



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