28 sept. 2022

Chico César: "faire de l'art dans un pays comme le Brésil implique une certaine responsabilité"


(c) Ana Lefaux

Figure emblématique de la chanson populaire brésilienne, Chico César, originaire de Paraiba dans la région du Nordeste,  avait déjà célébré son attachement à l'Afrique avec le fameux "Mama Afica", en 1996. 

Pour "Vestido de Amor", son nouvel opus enregistré en France, sans doute le plus accompli de sa discographie, le chanteur, auteur et compositeur creuse le sillon du panafricanisme en nous offrant un superbe bouquet de chansons colorées et dansantes, sur des musiques mêlant forro, rumba zaïroise, reggae, calypso, cumbia... Un voyage du Congo, à la Colombie en passant par le Mali ou le Cap-Vert, effectué en belle compagnie puisqu'il s'est entouré d'artistes tels que Salif Keita, Ray Lema, Ze Luis Nascimento, Etienne Mbappé... sans oublier le français Albin de la Simone. 

Rencontre dans les locaux de son label Zamora Productions, avant son concert parisien au Café de la Danse, le 14 octobre prochain.

- Pouvez-vous traduire le titre de l'album ?

Il signifie "vêtu d'amour" car il y a un certain nombre de chansons d'amour dans cet album. Cela m'a semblé important, compte tenu des moments difficiles que nous vivons en ce moment.

- Il y a aussi des chansons plus sociales et politiques comme "Bolsominions"?

 Je pense que faire de l'art dans un pays comme le Brésil implique une certaine responsabilité. Dans mes chansons je puise toujours à deux sources: un regard intérieur où je parle d'amour et un regard extérieur qui me permet d'aborder des sujets plus sociaux.

- Mais toujours sur des musiques assez enlevées, voire joyeuses ?

Parce que je suis persuadé qu'on peut dire des choses graves tout en dansant !


(c) Ana Lefaux

- Le Brésil a d'ailleurs eu un artiste ministre de la culture, par le passé ?

Oui, il s'agissait de Gilberto Gil. Mais cela a été le cas également dans d'autres pays comme le Sénégal ou le Cap-Vert.

- Vous aviez vous-même accepté un poste de secrétaire d'état à la culture du Paraiba ?

De nombreux artistes ont la tentation d'entrer dans le système pour savoir comment changer les choses de l'intérieur. Mais on s'aperçoit très vite que c'est utopique. C'est la raison pour laquelle j'ai renoncé à exercer cette fonction. J'estime que j'ai apporté ma contribution et que, maintenant, je peux continuer à être un artiste libre.

- Avant d'être un artiste libre, vous avez exercé le métier de journaliste ?

 J'ai été reporter généraliste. J'ai notamment travaillé à la rubrique faits divers. J'étais très jeune à l'époque. Mais le journalisme a toujours été pour moi un moyen de survie et non une vocation. Cela permettait de payer mes frais et de remplir mon frigo mais je n'ai jamais songé à faire carrière.


(c) Ana Lefaux


- Dans "Vestido de Amor", vous abordez des musiques très différentes ?

C' est le premier album que j'ai enregistré en dehors du Brésil. Je suis fier qu'on entende du forro,  une musique originaire du Nordeste.  J'avais parfois le sentiment que lorsqu'on évoquait le Brésil, il n'y avait que la samba ! Je me sens très proche des artistes qui m'accompagnent car ils sont attachés à leur culture et ils l'expriment d'une manière particulière qui me touche. Je dois avouer que je ne connaissais pas Albin de la Simone. C'est mon producteur Jean Lamoot (Alain Bashung, Noir Désir...) qui m'a parlé de lui. Sa contribution a été importante sur l'album.

On a parfois écrit que vos coiffures étaient le reflet de vos engagements ?

C'est exact. C'est une manifestation de mon expression personnelle. Cela correspond également à une volonté d'assumer mon lien avec l'Afrique.


- Album "Vestido de Amor" (Label Zamora Productions), disponible depuis le 23 septembre 2022.

- En concert: le 13 octobre 2022 à Marseille (Espace Julien) et le 14 octobre 2022 au Café de la Danse, à 20h,  5, Passage Louis-Philippe, 75011 Paris. Loc. points de vente habituels et sur le site www.cafedeladanse.com

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